Je suis. Vous n'êtes pas, feu des yeux, sang des veines,

Parfum des fleurs, granit des tours, ô fiertés vaines !

Tout d'avance est pleuré.

On m'extermine en vain, je renais sous ma voûte ;

Le pied qui m'écrasa peut poursuivre sa route,

Je le dévorerai.

Victor Hugo – L'épopée du ver

J'étais allongée depuis plusieurs heures quand j'ai entendu les grognements, les trainements lourds de pieds dans les cailloux de l'allée. Et le verre brisé d'une vitre de la serre. Il y avait des zombis dans le jardin..

J'ai bondi, de fort méchante humeur. Penchée à la fenêtre, brandissant une chandelle au dessus de la cour, je ne m'étais pas trompée. La cour était pleine de zombis.

"Qu'est ce que vous foutez chez moi, saloperies ? Et en pleine nuit encore."

"Greeeeuuuuh" Ceux là avaient le cerveau complètement cramé. Celà ne les empêchait pas de sentir la vie dans ma maison, et de chercher à y entrer. Mon invité du rez de chaussée allait encore finir complètement traumatisé. Je l'imaginais trop bien. Réveillé, paniqué, et tambourinant à la porte de sa chambre pour que je vienne lui ouvrir.

Pour l'instant aucun bruit ne venait de sa cellule. Les zombis n'étaient pas du bon côté de la maison, peut-être ne l'avaient ils pas encore réveillé. Par contre , ils n'étaient certainement pas venus seuls. Trop nombreux pour être sortis sans guides des cryptes de mes puissants voisins, ce ne pouvaient être des solitaires échappés. Plissant les yeux pour tenter de percer l'obscurité, je commençai à crier pour couvrir les borborygmes en dessous de moi.

"Sortez de là ! Montrez vous ! Je suis Elsa. On n'envahit pas mon domaine sans s'annoncer. On ne casse pas mes serres sans réparer !"

Les zombis continuèrent de gratter les renforts de portes. Rien à en tirer. Complètement foutus. Mais une autre silhouette s'avança. Jusque là il s'était abrité derrière un olivier. Un adolescent en uniforme. Avec un casque qui lui couvrait le haut du crâne.

"Pardon. Je perdu contrôle. Trop eux ! Perdu contrôle ! Pardon ! Perdu Contrôle nombreux eux !!!"

Mon Dieu. L'uniforme ne m'avait pas surpris plus que celà. Habiter à côté des plus puissants nécromants du royaume expose à des visites inopportunes. Mais depuis quand confiaient-ils leurs troupes à des abrutis dans ce genre. Celui là aurait aussi bien être parmi les autres, à faire "Greeuh" contre ma porte.

"Et bien alors, Qu'est ce que tu attends ? Si tu n'arrives pas à les retenir, va chercher ton chef !"

L'adolescent fait volte face. Lentement, posément, un pied après l'autre pour éviter les rangées de plantation sans se prendre les pieds dedans.. Et il se casse la figure en repassant la haie.

Pourquoi ? Pourquoi fallait til toujours que leurs expériences ratées finissent chez moi ? Constuire un mur ? Celà aurait privé mes plantes de toute lumière. Et puis franchement, c'était à eux de s'enfermer. Pas à moi.

"Au secoouuuuurs A l'aiiiiide !"

Allons bon, l'autre s'était réveillé. Je refermai la fenêtre. Descendis l'escalier, décrochant au passage mon épée du mur

"C'est bon, je m'en occupe. Ils sont dehors. "

Lorsque j'ouvre la porte du jardin, il n'y a aucune surprise dans les yeux du zombi qui voit disparaître l'obstacle contre lequel il s'écrasait. Pas de surprise non plus lorsque sa tête roule au sol.

Il y en a un autre derrière. Pas en bon état. Je pulvérise sa cage thoracique d'un coup de botte qui l'envoie bouler et j'avance d'un pas. A l'exterieur, je peux balancer mon épée avec un peu plus d’aisance, et cela dégage de la place. Trois zombis s'écroulent, dans une dizaine de morceaux mal assortis.

C'est très énervant. Ce n'est pas un combat. Juste un travail de bucheronnage lent et répétitif.

Je ne compte même plus les zombis que j'abats. Je me contente de les repousser à grands moulinets qui en font voler des morceaux en tout sens. Lorsque plus rien ne grogne dans le jardin, j'arrête le carnage.