Le ciel rouge foncé masqué de lourds nuages,

frémissant d'énergie d'hypothétiques orages.

Sur la sylve desséchée, le crépuscule descend.

La terre craquelée des sentiers, louvoyant

qui, dans l'obscurité s'égarent progressivement.

Perclus de solitude sont ces lieux oubliés,

Les dieux et les déesses les ont abandonnés.

Pourtant, une silhouette hésitante s'avance.

Incongrue sur ce monde, elle semble égarée,

Incapable de savoir où elle a pu chuter.

Son visage si pâle semble bien s'accorder,

Au silence sépulcral d'outre-tombe,

de cette ambiance de fin du monde.

Ses prunelles rubescentes scintillantes

dans la nuit descendante, percent l'obscurité.

Elles cherchent en vain une étoile, un astre,

une lumière lunaire, sous cette voute pesante.

Une question dans l'éther a résonné.

— Que fais-tu donc ici ?

L'intrus voit, de l'opacité,

une étrange créature émerger.

Une tête massive, effrayante et cornue,

Une gueule remplie de trois rangées de dents,

un corps long écailleux, jusqu'aux extrémités,

et surtout ses yeux rouges, que l'importun voit briller.

L'interrogation réitérée à l'adresse de l'égaré :

— Que fais-tu donc ici, Vampire ? Que viens-tu y chercher ?

— Et toi, Dragon ? rétorque l'immortel.

— Chez moi, je suis ici et ta présence accidentelle !

— Est-ce à toi que je le dois ?

— J'ai autres choses à faire !

Il hésite et reprend :

— Tu viens de quelle Terre ?

— D'une autre sûrement, celle-ci est mortifère !

Ils se toisent, s'examinent, se questionnent.

Les regards nitescents s'entrechoquent.

Le dragon se détourne, rétorque à l'éternel.

— Cet univers n'est pas le tien, trop d'ennemis déjà...

— J'en ai beaucoup aussi, là-bas.

— Mais, prédateur n'es-tu pas ? Ici, il y a plus qu'il n'en faut, crois-moi !"

Le visage du vampire empli d'amère nostalgie

s'assombrit, il demande :

— Il y en existe d'autres comme moi ici ?

Les yeux écarlates du dragon étincellent.

"C'est curieux, sourit-il ?" se demande l'immortel.

L'étrange énonciateur répond presque amusé :

— De bien pires, je t'assure, tu serais laminé.

Notre vampire se tait, car il croit l'écailleux.

Il frissonne, il a froid, puis soudain est fiévreux.

Il demande, tourmenté :

— Peux-tu me ramener ?

Le dragon s'est avancé.

Sa gueule hérissée de dents acérées

du bras de l'éternel s'est emparée.

L'égaré sent la morsure le traverser,

Un éclair le frappant, il sursaute,

En arrière, est projeté.

Son corps, violemment heurte le sol séché.

Puis plus rien...

Doucement, il revient.

Ses yeux rubescents se posent sur la nuit,

ravi, il voit les étoiles et la lune qui luisent.

Les feuilles des arbres bruissent autour de lui.

Il respire, se demande : "Me suis-je juste endormi ?"

Son bras le tiraille,

Il le lève et voit de petites entailles,

Ultimes témoignages,

de son voyage au-delà de la muraille...

Rencontre improbable du vampire de "Sombre" et du dragon des éléments de "L'épée d'Onyx"