Égaré
Il dort. Étrangeté du monde miroitant qui veille sur son sommeil.
Ils s’invitent : poissons arc-en-ciel, majestueuses baleines, effrayants squales, scintillants coraux, aériennes méduses.
Tous l’observent depuis leurs eaux cristallines.
Curieux, ignorants, d’un monde révolu : terres, végétaux, minéraux : perdus…
Lui ? Bulle de souffle, alizé l'enlaçant, lit de sable l’accueillant.
Miracle échappé, emprisonné en une perle de temps, vogue au sein d’un camaïeu cérulescent.
L’inconscience le fige, voyageant plus avant, infime vestige, porté par le courant.
Ultime créature terrestre d’une planète submergée.
Tourbillonne encore, danse, file, descends, obscurité, pesanteur, enserrant le fragile refuge d’une brève persistance.
La sphère peu à peu se fissure, se brise. Silice diluée, souffle emporté, le corps délité, l’âme délivrée, l’être sauvé ?
Une autre éternité.
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