Quand tu étais ...

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Quand tu étais enfant, tu rêvais de voguer sur les océans. Tu t'imaginais les cheveux au vent sur un voilier blanc qui filait sur des vagues d'écume. À tue-tête, tu entonnais des chants. Tu te voyais pêcher des poissons arc-en-ciel, dans de précieux filets d'argent.

Puis tu devins adolescent. Tu imitas ta mère et ton père qui labouraient la terre. Ils te disaient :

"Vois comme elle est belle et généreuse. Quand on prend soin d'elle, elle nous donne du blé dansant sous le soleil qui, une fois moissonné, se transforme en ce pain croustillant que tu aimes tant."

Ils te regardaient droit dans les yeux et t'exhortaient avec passion :

" Cette Terre nourrit nos lendemains ; sois respectueux, sois bienveillant."

Une fois adulte, tu partis pour la guerre. La fleur au fusil, prêt à défendre ta patrie. Tu eus l'insigne honneur de piloter un biplan. Fier tu clamas bien haut avec tes camarades :

"Allons avec courage tuer nos ennemis !"

Mais tu appris rapidement, qu'à la guerre, il n'y a ni gentils, ni méchants. Juste des flots de souffrance couleur de sang, des éclairs de feu incendiant les cieux, des explosions de colère qui ouvrent et blessent la Terre.

La guerre se termina et tu revins chez toi. Tu retrouvas les champs ravagés, stériles, noyés de cendres. Lui, s'en était allé en laissant ta mère percluse de douleur et de chagrin.

Alors, malgré ta peine immense, tu t'armas de courage, reprit la charrue et tu pris soin de Gaïa, en lui demandant pardon mille et mille fois.

Car toi aussi tu la blessas.

Tu ne te menageas pas et au printemps suivant elle te remercia et te donna un champ brillant de blé nouveau-né, et tu compris que tes parents t'avaient offert l'amour pour la Terre.

Alors, tu oublias tout à fait tes rêves d'enfant. Tu t'en créas d'autres. Ils prirent l'éclat des yeux de Lola. Bientôt à tes côtés elle moissonna le blé doré, confectionna le pain croustillant et l'offrit à votre enfant.

À son tour il rêva de bateau, de vagues et de poissons d'argent...

Les saisons se succédèrent, et les années passèrent et à nouveau la Terre gronda ; éternel recommencement.

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