_ Deborah... souffla-t'il d'une voix chancelante.

Sans hésiter, elle le prit par la taille et l'entraîna vers la sortie. Le coeur du jeune homme se mit à battre de plus en plus fort. Une sourde angoisse le gagnait au fil des pas, et lorsque le couple grimpa l'escalier menant à la surface, Thomas sentit sa respiration s'oppresser de plus en plus. A l'inverse, la jeune femme semblait détendue, ou à tout le moins cachait ses émotions.

A présent, le couple était sur la grande place de la Préfecture, marchant en direction du centre-ville. Un magnifique ciel bleu surplombait les amoureux ; inhabituel pour la saison, son éclat réconfortant illuminait âmes et coeurs des passants. Mais son effet fut vain pour Thomas.

Il se croyait dans un univers parallèle, comme un rêve étrange ; en se levant ce matin, il n'imaginait pas coucher avec le sexe opposé l'après-midi même, et c'est pourtant ce qui allait arriver. L'épreuve était de taille, son imminence certaine et la nervosité gagna de plus en plus Thomas. Sa partenaire s'en aperçut :

_ Qu'est-ce qu'il y a, Tom' ? T'es tout nerveux...

_ Rien, rien... Ca va...

Le jeune homme n'osait pas lui avouer la vérité, mais Deborah insista. Son instinct féminin la mettait sur une piste, qu'elle était bien décidée à creuser :

_ C'est parce que t'as déjà une copine ?

_ Non, répondit Thomas en rougissant.

_ Alors qu'est-ce qu'il y a ?!

_ Rien, c'est juste que... Bof, rien... bredouilla-t'il.

_ Ah bon... répondit-elle, dubitative.

Devant l'hésitation du garçon, elle insista :

_ T'as déjà eu des relations avec une femme ?

_ Non.

_ Alors tu es puceau, c'est ça ?

_ Oui, c'est ça... Désolé...

Thomas était gêné, aussi gêné qu'un garnement pris sur le fait. Il redoutait une réaction brusque de Deborah, ou des moqueries. Il fut agréablement surpris de sa réponse :

_ Mais non, faut pas t'excuser. C'est courageux de dire la vérité... C'est même mignon, je trouve.

Encouragé par cette parole bienveillante, le jeune homme s'enhardit :

_ Et toi, t'as déjà eu des relations ?

_ Oui.

_ Beaucoup ?

_ Quelques-unes.

_ Beaucoup d'hommes ?

_ C'est si important pour toi ?

_ Je ne sais pas...

_ Alors si tu ne sais pas, dis-toi que tu es le premier.

_ Le premier homme ?

_ Oui, le premier homme qui va me faire du bien... Et à qui je vais m'offrir sincèrement...

_ Tu veux dire que les autres...

_ Les autres ? Oublies-les.

_ Je ne comprends pas.

_ Ne cherche pas à comprendre, Thomas. Regarde autour de toi, la ville bouge, le monde vit... Et nous aussi nous vivons... Il faut vivre Thomas... Alors vit.