Niashæl

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Qu’y a-t-il ?

Jᴇ sᴏɴɢᴇᴀɪs ᴀᴜ Bᴏꜵʀ ᴅᴇ ʟ’ʜɪsᴛᴏɪʀᴇ ᴅᴇ Nɪᴀsʜᴁʟ. Tᴜ ᴛ’ᴇs ʟᴏɴɢᴛᴇᴍᴘs ᴘᴇɴᴄʜᴇ́ sᴜʀ ᴄᴇ sᴏᴜᴠᴇɴɪʀ ᴘᴏᴜʀ ᴀᴘᴘʀᴏᴄʜᴇʀ sᴇs ᴠᴇ́ʀɪᴛᴀʙʟᴇs ᴘᴇɴsᴇ́ᴇs ᴇᴛ ᴇ́ᴍᴏᴛɪᴏɴs. Tᴜ ɴᴇ ᴠᴏᴜʟᴀɪs ᴘᴀs ᴍᴇɴᴛɪʀ.

Les chroniqueurs ne mentent pas.

Iʟs ᴍᴇɴᴛᴇɴᴛ. Mᴀɪs ɪʟs ɴᴇ sᴀᴠᴇɴᴛ ᴘᴀs ᴄᴇ ᴏ̨ᴜᴇ ᴛᴜ sᴀɪs.

Jᴇ ɴ’ᴀʀʀɪᴠᴇ ᴘᴀs ᴀ̀ ᴄʀᴏɪʀᴇ ᴏ̨ᴜᴇ ᴛᴜ ᴛᴇ sᴀᴛɪsғᴀssᴇs ᴅᴇ ᴛᴇ́ᴍᴏɪɢɴᴇʀ.

Tᴜ ᴘᴏᴜʀʀᴀɪs ᴀᴄᴄᴏᴍᴘʟɪʀ ᴅᴇ sɪ ɢʀᴀɴᴅᴇs ᴄʜᴏsᴇs. Jᴇ ᴠᴏᴜʟᴀɪs ᴀᴄᴄᴏᴍᴘʟɪʀ ᴅᴇ sɪ ɢʀᴀɴᴅᴇs ᴄʜᴏsᴇs.

Tu l’as fait.

Nᴏɴ. Mᴀɪs ᴛᴜ ᴀs ʀᴀɪsᴏɴ ᴏ̨ᴜᴇʟᴏ̨ᴜᴇ ᴘᴀʀᴛ : ɴᴏᴜs ᴅᴇᴠʀɪᴏɴs ɴᴏᴜs ᴄᴏɴᴛᴇɴᴛᴇʀ ᴅ’ᴏʙsᴇʀᴠᴇʀ. Nᴏᴜs ɴᴇ ᴘᴏᴜᴠᴏɴs ʀɪᴇɴ ᴅᴇ ᴘʟᴜs.

Niashæl n’a jamais revu Adramæk. Peut-être s’évitaient-ils. Peut-être était-il mort.

Elle repensait parfois au Boꜵr, mais son souvenir était inextricablement lié à celui des monstres. Il n’était pas responsable, mais il aurait pu l’être. Et Niashæl ne pouvait pas se permettre d’accorder sa confiance.

Ce jour-là, elle avait appris la leçon la plus importante de toutes : on voulait tuer les êtres comme elle et ceux qui les avaient mis au monde. Elle était une proie et les proies ne sauraient se fier à leurs prédateurs.

D’une certaine façon, Adramæk avait rendu Niashæl plus farouche encore. Suspectant tous les Dai de la forêt d’être des meurtriers, elle évitait tout contact.

Indésirable dans les clans comme dans la Cité, l’enfant ne pouvait vivre qu’avec elle-même.

Des cycles d’Essea durant, le vent, les arbres, les proies et ses peluches ont été sa seule compagnie. Incapable de se satisfaire à nouveau du silence, elle s’était fabriqué ces poupées peu après sa séparation avec Adramæk. Les deux premières, bien entendu, ont été Aya et Ama.

L’effigie de sa mère avait un visage de cuir blanchi. De longues herbes séchées et jaunies tombaient sur ses oreilles effilées. Son rembourrage de fleurs et de feuilles approximait le parfum de la vraie mère de Niashæl. Des pierres bleutées lui donnaient un regard ébahi.

Ama, lui, portait une étoffe de kælm par-dessus sa fourrure de kupya. Les taches du kupya étaient trop grandes pour la peluche, mais elles avaient la forme exacte de celles de son père, même si l’odeur ne correspondait pas. Pour compenser, Niashæl avait fourré la poupée de ses propres cheveux ainsi que de quelques racines d’akkmayi. Plus important, la tête d’Ama était solidement cousue à son corps.

Comme Niashæl parlait à Aya en ælv et à Ama en dai, elle s’est confectionné un troisième compagnon pour pratiquer son kwashil. N’ayant jamais vu de Kwashil, elle a supposé, à raison, qu’ils ressemblaient aux kashln. Kwa n’était qu’une petite boule de cuir, remplie de mousse et couverte de plumes brunes. Contrairement à Aya et Ama, Kwa ne lui répondait jamais, mais il écoutait tout aussi attentivement. Aya et Ama connaissaient déjà les noms des koxjin du ciel, des plantes qui se mangent et des animaux de la forêt, alors c’est à Kwa que Niashæl les enseignait. Et dans le kwashil balbutiant de Niashæl, Kwa apprenait les noms tantôt ælv, tantôt dai de son univers.

Niashæl ne se fiait plus qu’à ces chimères. Ces peluches qui, comme elle, avaient pour père et mère des choses qui ne se mêlent pas naturellement.

Des cheveux.

De la mousse.

Des pierres.

Des plumes.

Des Dai et des Ëlvessei.

De la sève et du sang.

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