L'Oiseau, la fleur et le papillon - 2

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Les Ælvn évitaient notre secteur l’essentiel du temps ; aussi Ëidhae s’est-elle fait remarquer à son arrivée.

Blonde aux yeux clairs comme ses congénères, elle n’avait rien de spécial. Pas en apparence, en tout cas. Niashæl était la plus pâle des deux, plus pâle que la plupart des Ælvn, mais je n’y avais pas porté d’attention avant de la voir côte à côte avec l’une d’eux.

Avec tous ces yeux dai braqués sur elle, la nervosité d’Ëidhae s’expliquait aisément.

Vlamum, nous a-t-elle dit.

Royan a penché la tête sur le côté et Niashæl a retenu un rire. Il était tout compte fait très étrange qu’une Ælv s’exprime comme nous. D’un autre côté, quel gain de temps !

Royan a émis un souffle court, qui ressemblait à un rire contenu. Niashæl l’a pris comme un signal et nous a présentés, quoiqu’il devenait évident qu’Ëidhae avait déjà entendu parler de nous. Elles échangeaient en ælv, mais nous les comprenions presque parfaitement.

Niashæl nous a proposé de rejoindre le lac. Là-bas, je me suis assis sur le large tronc d’un arbre penché à fleur d’eau, imité par Royan et Niashæl. Ëidhae a cherché le côté le moins humide et soulevé ses robes pour les protéger de la terre boueuse.

Royan a ri ; j’ai tiqué. Les Ælvn étaient toujours vêtus de longues tuniques brodées, fragiles et encombrantes, qui exigeaient ce genre de précautions. Pourquoi ne pas porter quelque chose de pratique dès le début ? Ëidhae ne paraissait pas si différente des autres.

Pour détendre l’atmosphère, elle avait emporté un jeu qui, au grand dam de Royan, n’était pas le sarejhi. Niashæl nous a assuré que les règles étaient très simples, puisqu’il suffirait de suivre les instructions d’Ëidhae, la narratrice.

— Ah, a fait Royan. On devrait gagner. On commence à gérer quand il s’agit d’obéir aux Ælvn.

J’ai levé les yeux vers Ëidhae, mais elle a conservé son sourire amical.

Niashæl a dénoué son kælm pour en sortir quelques cartes. Ëidhae a esquissé une moue malheureuse.

— Les Dai ne sont pas drôles.

— Quoi, qu’est-ce qu’il se passe ? a demandé Niashæl, inquiète.

— Tu étais censée sursauter, a dit Ëidhae en montrant un insecte en pierre dissimulé dans le kælm.

— Je me demandais ce que tu voulais faire de ça. Tu croyais que j’aurais peur d’un insecte ? Ils sont tout petits, tu sais.

Ëidhae a tristement hoché la tête.

— Utilise un creuse-cœur, la prochaine fois.

J’ai frémi en imaginant un creuse-cœur caché dans mon kælm.

— Mais ils n’existent pas, a objecté Ëidhae.

J’ai croisé le regard interrogateur de Royan.

— Vous devriez sortir davantage, les Ëlvessei, lui a dit Niashæl d’un ton enjoué.

Ëidhae a trié ses cartes avant de prendre la parole.

— Vous êtes piégés dans un passage souterrain, a-t-elle commencé. Votre seule issue se situe derrière un bloc de pierre, sur lequel il est gravé ceci : « Je suis le lien ». En dessous, trois fyëw peuvent être activés. Deux d’entre eux vous enfermeront ici à jamais, l’un d’eux vous ouvrira la voie. Le premier représente un oiseau, le second une fleur et le troisième un papillon.

— C’est lequel qui ouvre, du coup ? a demandé Royan.

— On active le papillon, a dit Niashæl.

— Le bloc de pierre s’enfonce dans le sol et la voie se libère.

— Ah, a fait Royan. Moi, si ça parle pas de chiffres-à-virgules, j’y connais rien.

Même Ëidhae a souri. Que savait-elle de nous ?

— Vous avancez en file dans le couloir étroit, Niashæl en tête, suivie de Royan et de Karezial, quand trois passages s’offrent à vous. Celui de gauche est sombre mais rectiligne, celui du milieu est glissant mais éclairé, celui de droite est très pentu. Lequel empruntez-vous ?

— N’importe, a dit Royan. Ils vont où ?

— Vous ne savez pas.

— Y’a des gens ou pas dedans ?

— Vous ne savez pas non plus, vous n’avez que les informations que j’ai données.

— Bah… s’est étonné Royan. On sent rien du tout, aucune odeur ?

— Euh… non, a décidé Ëidhae.

— Y’a personne alors, donc prenez le chemin que vous voulez. C’est tout pareil pour moi.

— Comme Royan, ai-je dit.

— À gauche, a tranché Niashæl.

Ëidhae a changé de carte.

— Niashël s’engouffre dans le passage de gauche, qui se ferme derrière elle. Il vous est impossible de la suivre.

Royan a pris celui du milieu, qui s’est également fermé. J’ai emprunté celui de droite.

— Vous progressez dans vos passages respectifs. Karezial rencontre un obstacle le premier : un sage te bloque la voie.

— C’est pas possible.

— Pourquoi ?

— Je l’aurais senti.

— Il est très propre, a justifié Ëidhae avec malice.

Confus, j’ai regardé Royan.

— Je l’aurais senti, ai-je insisté. J’ai pas l’odorat de Royan, mais là on est dans un espace réduit.

Ëidhae a réfléchi et opté pour la franchise.

— Je pense que le jeu suppose que vous êtes Ëlvessei.

J’ai haussé les épaules et lui ai fait signe de continuer.

— Il accepte de te laisser passer, à condition que tu résolves l’énigme suivante : « Qui se terre à la fois au sommet de la montagne et au fond de la rivière ? »

— Hein ?

Je n’avais pas la réponse. Ëidhae m’a dit de prendre mon temps puis s’est adressée à Royan.

— La voie est bloquée par un sage, qui te pose l’énigme suivante…

— Je le tue, a dit Royan.

— Pardon ? Non, il faut juste rép...

— Je le tue.

— Mais il te laissera passer si…

— Je le tue quand même.

— Ce n’est pas possible dans ce jeu, a répondu Ëidhae avec un soupir.

— Mais ce serait possible dans la réalité.

— Mais il n’y a pas besoin de le tuer.

— Mais je peux.

Ëidhae s’est tue un instant.

— Bien, a-t-elle dit, alors le sage est un ssajianü. Il te tue en se défendant.

— Quoi ?!

— C’est le jeu.

Royan était interloqué.

— … C’est quoi, son énigme...? a-t-il demandé.

Niashæl a ri. La rencontre ne se passait pas comme elle l’avait prévu, mais elle l’estimait néanmoins divertissante.

— Attends, les koxjin n’ont pas d’odeur, alors ?

— Non, m’a répondu Royan, on est des Ælvn, rappelle-toi.

J’avais une autre question, que je n’avais jamais trouvé l’opportunité de poser.

— Pourquoi les Ælvn bougent jamais les oreilles ? C’est interdit ou pas poli ?

— Euh, on ne peut juste pas.

J’ai cillé. Royan aussi.

— Mais c’est du gâchis, s’est-il attristé. Des grandes oreilles comme ça et vous pouvez rien en faire ? En plus c’est une prise facile. C’est dangereux et inutile !

Ëidhae s’est excusée.

— Pourquoi tu dis ça ? lui a demandé Royan. T’as rien fait.

— Désolée, a répété Ëidhae. C’est une habitude.

Finalement, nous n’avons plus joué mais posé toutes les questions auxquelles nous supposions ne jamais obtenir de réponses. La plupart du temps, les explications d’Ëidhae semblaient préparées et j’ai réalisé qu’elle avait dû essuyer des interrogatoires similaires dans le dôme de l’Apræncal.

Plus tard, Niashæl nous a demandé ce que nous pensions d’Ëidhae. Malgré ses excentricités, elle n’ignorait pas les Dai et essayait même d’apprendre à nous connaître. De plus, ai-je ajouté, elle avait une sincère affection pour Niashæl.

— Comment tu devines toujours ces choses-là, Kaz ?

— Je le sais, c’est tout.

— C’est pour ça qu’on t’appelle Karezial ! a réalisé Niashæl. Je pensais que t’étais fort en traque.

Royan a ri.

— Il voit la pisse en fluo, mais il aime pas chasser.

*

Comme il n’était pas juste que je me repose sur Royan, j’ai demandé à Garyan s’il avait eu vent d’une occupation. Les jeunes Ælvn auxquels il racontait des histoires embrassaient divers parcours et l’un d’eux pourrait m’intéresser, pensait-il.

Après des démêlés tumultueux avec l’administration, j’ai occupé le poste d’apprenti chroniqueur, au grand regret de mon maître Voelumthə, qui n’avait aucune affection pour les Dai. Il m’a quand même scrupuleusement formé, par rigorisme ou conscience professionnelle.

Je n’ai plus assisté qu’à très peu des leçons de Garyan, mais je perfectionnais ma technique littéraire auprès de Voelumthə. Son entreprise principale consistait à entraîner ma mémoire, car un chroniqueur doit être capable de se souvenir en détail de ce qu’il voit, pour le chroniquer, et de ce qu’il écrit, pour le communiquer.

Je me montrais studieux et ignorais les remarques assassines de mon tuteur. Il n’a pas caché sa surprise ni son mépris, lorsque, par exemple, je lui ai parlé de notre philosophie.

— De la « philosophie dai », a-t-il répété en se gaussant. Comme si votre espèce barbare et belliqueuse était capable d’idées nouvelles !

— Pꜵmu tsoakot skim1, ai-je chuchoté.

Comme tout Dai, je connais intimement les travers des miens, mais les entendre de la bouche d’un Ælv est une autre histoire. Pour un chroniqueur, les opinions de Voelumthə témoignaient d’une ignorance effarante. Je ne lui aurais donné raison que sur notre impétuosité. Sa conviction aveugle est seulement parvenue à confirmer mon avis : nous étions terriblement incompris.

Voelumthə percevait tous nos traits comme des défauts et se croyait en devoir de critiquer mon peuple en ma présence. Me traitait-il en subordonné à cause de mon espèce, de ma jeunesse ou de ma laideur ? Parce que j’avais été esclave ou parce que j’étais son élève ?

Je n’ai plus répondu à ses réprimandes et me suis contenté d’apprendre de lui tout ce qu’il savait, le plus rapidement possible, afin de m’en débarrasser au plus vite. Il m’arrivait d’étudier des sujets intéressants, comme la fois où Voelumthə m’a fait compiler des récits primitifs.

— Je ne suis pas sûr de comprendre ce mot, lui ai-je dit.

— Ah ! C’est un synonyme d’« explosion ». C’est un langage archaïque. Dans quelques générations, il nous faudra traduire à nouveau ce texte pour que les jeunes gens puissent le lire.

— Je comprends pas le rapport avec le contexte. Ça parle de vide, puis d’explosion et ensuite ils disent que c’est le début de l’histoire ? Je pensais pas que les récits ælv entraient dans l’action comme ça.

— C’est un compte-rendu de la création du monde que tu as entre les mains, petit Dhaemon !

— Un compte-rendu ? ai-je répété, méfiant. Genre « un Ælv a vu la naissance du monde » ?

— Nos ancêtres ne l’ont pas précisé, mais je ne crois pas nous existions depuis si longtemps. Ces descriptions doivent provenir d’un ssajianü.

Je me suis penché sur le texte antique. Les mythes dai qu’on raconte aux enfants reflètent le caractère de notre espèce : un condensé d’action dans lequel on retrouve des échos à la guerre, à la mort et au chaos. J’imaginais que les récits ælv évoqueraient la sérénité et le genre de choses qu’ils affectionnent. Mais je suppose qu’eux-mêmes ont dû réaliser que l’univers est tout sauf paisible.

— J’aime bien la partie sur l’explosion. C’est sympa.

Voelumthə a arqué un sourcil, puis déposé trois lourds rouleaux sur mon pupitre, à mémoriser et recopier pendant les prochains jours.

*

Niashæl paraissait troublée. Elle était venue chercher Royan à la forge et lui parlait de tout et de rien avec un empressement qui ne s’y prêtait pas. J’étais en train de copier de mémoire le dernier rouleau de Voelumthə quand ils m’ont rejoint dans le secteur dai.

À ce moment, Niashæl évoquait l’Apræncal qu’elle avait revue quelques jours plus tôt.

— Elle a donné des nouvelles de Caei ? a espéré Royan.

Niashæl a hoché la tête.

— Apparemment, elle n’a plus grand-chose à apprendre. Lyoonëi a dit… j’essaie de me rappeler exactement… elle a dit : « C’est comme si elle s’était entraînée des vies durant et qu’elle doit juste s’en souvenir ».

— Elle dit ça de beaucoup d’élèves ?

— T’es fou ? Il faut vraiment l’impressionner pour qu’elle fasse un compliment. Elle dit jamais ça, de personne.

— Alors c’est possible que Caei soit une koxji ? ai-je demandé.

Niashæl a haussé les épaules. Elle n’était pas experte en koxjin. Nous non plus, mais j’avais mes doutes.

— Elle devrait revenir dans pas longtemps, du coup ? a supposé Royan.

— Elle voudra finir l’entraînement officiellement, je pense. Ça implique de battre Lyoonëi. Elle est trop têtue pour s’arrêter avant.

— … Donc dans pas longtemps ?

— Difficile à dire. Lyoonëi est invaincue depuis qu’elle a ouvert l’arène. Mais elle croit en Caei.

— C’est fou, a soufflé Royan. La dernière fois que je l’ai vue, elle pouvait pas porter un ragan toute seule. Et la prochaine fois que je la verrai, elle aura mis une raclée à l’Apræncal.

— T’emballe pas, a tempéré Niashæl. Je l’ai pas vue de mes propres yeux et Lyoonëi a un faible pour les sang-mêlés. Elle exagère peut-être.

L’empressement avait quitté sa voix, mais elle n’avait pas recouvré son calme ordinaire. Nous sommes restés silencieux quelques instants, puis j’ai repris mon travail.

— Je suis désolée, a dit Niashæl par habitude.

Sa voix a brisé le silence.

— J’ai besoin de parler de quelque chose.

Royan a fait un geste qui voulait dire « vas-y ». Elle a cherché ses mots.

— Je vais rencontrer les parents d’Ëidhae.

Royan et moi avons attendu la suite, qui n’est pas venue.

— Tu connaissais pas ses parents ? a enfin dit Royan.

— C’est quelque chose d’assez formel, apparemment. Ils peuvent refuser de me donner leur approbation.

— Et ça fait quoi s’ils la donnent pas ?

— Je sais pas… C’est important pour Ëidhae, en tout cas.

C’était là une tranche du quotidien ælv à laquelle nous n’avions jamais songé. Bien trop nombreux pour tous se connaître, ils ont tout un rituel de rencontres et de présentations où les proches jouent un rôle non négligeable. Des parents dai seraient bien mal avisés de se mêler des amourettes de leur progéniture. Il était difficile d’imaginer cette posture surprotectrice.

— Tu penses que ça va pas bien se passer ?

Elle s’est assombrie.

— Ils n’aiment pas beaucoup les Dai. Au moins, cette fois-ci Ëidhae s’est souvenue que je suis à moitié Ælv, mais ça les a pas apaisés, d’après elle.

— Comment elle peut oublier que t’es demie ? Vous parlez tout le temps ælv.

— Et puis t’es pâlotte.

— Je suppose qu’on prête toujours plus d’attention aux différences, a dit Niashæl.

Au même moment, un messager ælv traversait notre secteur à la recherche d’Arkimal. Les narines pincées, l’Ælv s’est bientôt caché le nez avec sa manche.

— Aie au moins le courage de dire qu’on pue, lui a lancé Boraxa.

— Ah… je… où sont mes manières ? a-t-il balbutié.

— Probablement dans ton cul ! a crié Jarat en riant.

Royan a haussé puis baissé les lèvres sitôt qu’il a vu l’expression de Niashæl. Était-elle en colère ? Mais Niashæl, perdue dans ses pensées, n’avait prêté que peu d’attention à l’échange.

— Ça me rend plus nerveuse que les sélections au dôme, a-t-elle dit. C’est ridicule.

— T’as peur de quoi concrètement ? a demandé Royan qui avait retrouvé son sérieux.

— Je ne sais pas… Qu’ils me rejettent ?

— Bah, tu serais pas la première Dai à te faire refouler.

Niashæl s’est rembrunie.

— Quand je suis arrivée à la Cité… j’ai voulu trouver les parents de ma mère.

Elle a cherché ses mots.

— Ils n’ont pas cru que j’étais sa fille, au début. Quand j’ai fini par les convaincre, ça les a vraiment blessés. Ils ont dû accepter qu’il y ait une sang-mêlé dans leur famille, en même temps qu’ils ont eu la confirmation du meurtre d’Aya…

Elle a soupiré.

— J’ai eu l’impression de la perdre une deuxième fois.

Nous n’avons pas su quoi répondre, alors Royan a posé une main réconfortante sur l’épaule de Niashæl.

— Parfois, je comprends pas Caei, a-t-elle poursuivi. Elle a toujours l’air fâchée contre le monde entier. Mais dans ces cas-là, je repense aux parents d’Aya. Pour eux, je ne suis pas Ælv et Dai : je ne suis qu’une étrangère et la raison de la plupart de leurs maux. C’est ça être demie, pour Caei.

Niashæl s’est gratté le bras, essayant vainement d’occuper ses mains.

— « On choisit pas le meilleur des deux mondes, on se prend juste le pire dans la tronche », ai-je cité de mémoire. C’est ce que dit le Cendré dans D’Ombre et de Lumière.

— Je pense que t’as paraphrasé, a plaisanté Niashæl.

— C’est la version dai.

Niashæl a finalement rencontré les parents d’Ëidhae. Nous ne l’avons plus revue pendant plus d’un demi-cycle de Pirishæl.

1 « Tu t’assois sur le toit de tes pensées », expression qui assimile les idées de son interlocuteur à de l’urine. Vient de la pratique dai qui consistait à tester l’étanchéité des toits en y jetant de l’eau, mais il se trouvait toujours un drôle pour se servir de celle de sa vessie.

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