Les Fauves - 2

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Tes pas t’ont conduite au dôme des voyageurs, où tu espérais croiser Royan. C’est Niashæl que tu as rencontrée à la place, accompagnée des petits Saæl et Jarat.

— Caei, t’a-t-elle saluée.

Tu l’as un instant crue fâchée, elle aussi. Mais elle semblait plutôt éteinte.

— Nash. Dure journée aussi ?

— Caei, regarde ! s’est écrié Jarat, un petit ours ou félin difforme dans les mains. J’ai fait une sculpture de meikæs ! C’est réussi, hein ? Garyan dit que c’est très beau, regarde ! Je vais le peindre en vert après parce que c’est ma couleur préférée, tu sais ?

— Il est moche, ton meikæs, lui a dit Saæl.

Niashæl l’a réprimandée.

— C’est vrai, c’est tout. Garyan dit juste ça pour être gentil.

— Il est pas mal du tout ce meikæs, as-tu commenté à l’intention de Jarat.

Saæl a croisé les bras et boudé. Niashæl lui a tapoté la tête.

— Sois gentille, un peu.

— Nash a dit qu’on allait faire la chasse ! Tu viens faire la chasse avec nous ? Dis oui !

— C’est votre première sortie ?

— Ils n’ont pas pu sortir avant, avec les quotas. Les Yudæln s’inquiètent qu’ils n’apprennent pas à traquer, mais ils ne peuvent pas se permettre de perdre une place pour eux.

— Tu viens avec nous ? J’ai jamais vu la chasse avant. C’est vrai qu’on pourra voir des meikæsn ?

— J’espère pour toi que non, as-tu répondu.

— J’aime bien les meikæsn, quand même. Sauf qu’ils veulent nous manger. Alors je sais pas si je les trouve gentils ou pas.

— T’en as jamais vu, a soupiré Saæl.

— Bah, toi non plus ! Alors arrête de faire la grande qui sait tout alors que tu sais rien !

— Tais-Toi, a interpellé Niashæl.

C’était le surnom de Jarat, pour des raisons évidentes.

— Les quotas s’appliquent pas à toi ? as-tu demandé à Niashæl.

— Si, mais j’espérais que les gardes feraient une exception.

— Ils sont sûrement pas d’humeur à aider qui que ce soit, aujourd’hui…

— Pourquoi ?

En reculant, Saæl s’est adossée à toi par mégarde. Elle croisait les bras en fixant un Ælv.

— Je l’aime pas, lui.

L’intéressé a écarquillé les yeux et pressé le pas.

— Il a dit du mal de Jarat, tout à l’heure, a-t-elle commenté.

— Toi aussi, tu dis du mal de Jarat.

— C’est vrai, tu dis tout le temps des trucs méchants alors que j’ai rien fait.

— Mais je le dis pas tout bas pour que t’entendes pas.

Niashæl et toi avez suivi l’Ælv des yeux.

— Qu’est-ce qu’il a dit ?

— Qu’il y a quelque chose de cassé chez Jarat.

— C’est un Ælv, il trouvera quelque chose de cassé chez tous les Dai.

Niashæl t’a lancé un regard mécontent. Tu t’es accroupie devant Saæl.

— D’ailleurs, t’as eu des soucis avec Maafaala, il paraît ?

Elle a tendu les oreilles.

— Qui ?

— Un Ælv. Ça te dit rien ?

— Aaah ! Haha !

Elle se tenait le ventre pour contenir son rire.

— Le nul ! Il s’est cogné tout seul, il était tout rouge de honte !

Mystère résolu, as-tu songé.

— Il t’a rien fait ensuite ?

L’enfant s’est réfugiée dans un silence contrarié. Jarat criait autour d’elle.

— On dirait on serait des mæikesn ? Moi je serais un mæikes et toi tu serais un apalu, hein ! Dis ?

Saæl, soudain épuisée, lui a collé une main sur la bouche.

— Caei… Tu diras pas que je suis une farrꜵc ?

Elle te tenait par la manche. Tu as promis.

— Il faisait peur, un peu. Juste un peu. Et il a appelé ses copains, donc… J’ai pas vraiment eu peur, mais quand même. ‘Fin, ils étaient beaucoup, je trouve…

Elle a esquissé une moue puis s’est de nouveau murée dans le silence. Niashæl l’a tenue par les épaules et t’a regardée.

— Tu nous accompagnes ou pas ?

— Vous partez sans Eliæt ?

— On l’a cherchée mais on l’a pas trouvée, a débité Jarat. Je pense qu’elle est au lac, mais des fois elle dit qu’elle va au lac et en fait elle va au bois. De toute façon Nash a dit que c’était tant pis et qu’Eliæt ce serait pour la prochaine fois.

— Hmm. On y va alors. Je sais où on peut récupérer une carcasse de daxmæd, mais faut pas mal marcher.

— Un daxmæd ? a répété Niashæl. Je peux pas les emmener trop loin de toute façon, ils savent rien encore. On doit rester à l’orée.

Aux portes de la Cité, les gardes, égratignés suite à votre aventure matinale, ont salué Niashæl mais t’ont réservé un accueil glacial.

— C’est marrant, ils ont peur de toi on dirait.

— Tais-Toi.

Niashæl a tâché de négocier une dérogation, mais la responsable des sorties a refusé.

— Ils sont avec moi, as-tu précisé.

Elle a réitéré son refus. Saæl lui a tiré la langue. Jarat, lui, gardait les yeux rivés sur une file de fourmis zébrées.

— Empêchez-moi alors, as-tu dit avant d’avancer en tendant la main aux enfants.

— Ëlla-Nëluuj, les quotas ont été atteints pour la journée, je vous en prie. Vous pouvez déjà circuler où bon vous semble, pourquoi toujours tout remettre en cause ?

Tu t’es arrêtée.

— Vous avez peur qu’il se passe quoi, concrètement, si on ignore les quotas pour deux mômes ?

— Eh bien, a dit l’Ælv en se tortillant les doigts, mes supérieurs me blâmeraient et…

— T’as qu’à leur dire que tout est de ma faute.

Sooyolane le pensait déjà.

— Ëlla-Nëluuj, ce n’est pas raisonnable… Vous comptez vraiment emmener de jeunes enfants dans la forêt après ce qu’il est advenu ?

Niashæl a plissé les yeux.

— Justement, as-tu répondu à la soldate, l’idée c’est de les y préparer pour qu’ils se pissent pas dessus comme vous.

— Pour qu’ils puissent nourrir un clan plus tard ! a corrigé Niashæl.

— Moi, je ferai la chasse, mais pas des meikæsn parce qu’ils sont trop forts ! est intervenu Jarat.

Un Ælv a chuchoté à l’oreille de la gardienne.

— T’as quel âge ? a demandé Jarat à l’Ælv. Moi je crois que j’ai fait…

Il a compté sur ses doigts tandis que les Ælvn l’ignoraient.

— … trois fois le tour de Mur !

— Je devrais en référer à un Llëmnoa… a conclu la garde.

— Nëluuj, ce n’est plus ce que c’était, a dit Niashæl.

— Ça a jamais été grand-chose.

Tu t’es calé un marmot sous chaque bras pour t’approcher des portes fermées.

— Sans moi vous seriez peut-être plus là pour me bloquer le passage.

Les soldats se sont regardés, pris d’un doute.

— Comment va la jambe de l’autre, d’ailleurs ?

— Il a fallu l’amputer. Ölai est morte des suites de ses blessures. Anyasa et Maewei ne se portent pas bien du tout.

Elle a porté la main à sa bouche, se rappelant la présence des enfants. Jarat et Saæl n’ont pas bronché, les récits dai les ayant habitués à bien pire.

Tu ne connaissais pas bien les autres, mais Ölai n’avait pas été désagréable, pour une Ælv.

— C’est dommage, as-tu dit sans mentir. Mais est-ce que vous avez pas plus important à régler que les quotas, du coup ?

Niashæl a serré les dents. Était-il moral de profiter d’une telle tragédie ? Mais les troupes semblaient habituées à ton tempérament ou trop brisées pour s’offusquer, si bien qu’elles t’ont enfin ouvert les portes.

— Ëlla-Nëluuj.

Tu as posé les enfants à terre pour te tourner vers le garde.

— Sans votre intervention, je doute que le reste d’entre nous s’en soit réchappé… Tout compte fait, merci pour vos actions d’aujourd’hui.

Quelques Ælvn ont acquiescé.

— Pas de problème.

Que voulait-il dire par « tout compte fait » ?

— Y’a pas de sol, y’a pas de sol ! a crié Jarat en quittant la Cité. Il faut marcher sur les pierres sinon on va tomber ! Saæl, qu’est-ce que tu fais ? Tu vas tomber dans le vide !

Saæl a poussé un soupir las et t’a lancé un regard qui semblait dire : « Tu vois ce que je dois supporter ? »

Pour une première chasse, les enfants s’en sont bien sortis. Ils ont rapidement compris les différentes formes de traque, quoiqu’ils s’appuyaient encore essentiellement sur les odeurs en ignorant les traces visuelles, mais c’était le défaut de beaucoup de jeunes. Ils n’avaient pas acquis de répertoire olfactif, aussi suivaient-ils des pistes sans savoir à quoi elles menaient.

Saæl a montré un entrain rafraîchissant. Jarat était plus pusillanime, mais volontaire. Il ne se facilitait pas la tâche en continuant de jouer au vide et faisait bêtement fuir des proies en sautant d’un rocher ou d’un tronc à l’autre.

Il a d’abord débusqué un walik, déçu d’apprendre qu’ils n’étaient pas comestibles.

— C’est pas pour rien qu’il essaie même pas de se cacher. C’est comme les pakican, tu peux en manger, mais ça t’apportera rien du tout.

— C’est quoi un pakica ?

— Une bestiole violette comme le walik, avec un kossex sur le dos.

— C’est quoi un kossex ?

Tu l’as regardé, incrédule.

— Il était vraiment temps que vous sortiez de la Cité.

Quand Saæl a attrapé sa première prise et contemplé ses grands yeux noirs, un remords familier l’a rongée.

— Euh… Je pense que celui-là sera pas très bon, a-t-elle dit en relâchant le klesho qui s’est enfui à toute vitesse en fouettant l’air de sa queue.

Tu as souri à Saæl. Toi aussi, tu étais revenue bredouille de ta première chasse. Tu avais même plaidé pour sauver un pꜵpiksi. Il était mort depuis longtemps, maintenant. Mais c’était au moins une mort dont tu n’étais pas responsable.

— Pour l’instant c’est pas grave, lui as-tu dit, mais un jour il faudra choisir. Si toutes les proies vivent, le clan meurt.

Saæl a acquiescé avec un grand sérieux.

Jarat, lui, a poussé un cri de victoire. Il est revenu vers vous, le corps d’une chauve-souris entre les mains.

— Elle est tombée de là-haut donc elle était déjà presque morte, mais ça compte, hein ?

— Ça compte, a assuré Niashæl.

Saæl a fait la moue, plus attristée du destin de la pauvre bête que de l’exploit de Jarat.

— Elle est trop petite pour manger.

— M’en fiche, c’est moi qui l’ai attrapée quand même ! De toute façon c’est moi qui vais la manger alors qu’est-ce que ça peut te faire ?

— Rien.

Sur le chemin du retour, Saæl fixait ses pieds.

— Oomera, as-tu dit à l’enfant.

— Je sais, a-t-elle répondu, tête baissée. C’est pas juste quand même.

— C’est vrai, est intervenue Niashæl. Mais c’est comme les meikæsn : il faut tuer pour vivre. Tu n’as pas le choix.

— C’est Jarat qu’aime les meikæsn. Moi, j’en ai jamais vu, alors j’en sais rien.

— J’ai raté ma première chasse aussi, lui as-tu avoué.

Les yeux de Saæl se sont arrondis.

— Mais t’en as tué d’autres après.

— Oui.

Elle a soupiré et tu as croisé le regard inquiet de Niashæl.

— T’en fais pas, beaucoup de Dai sont passés par là. Ça fait partie des choses qu’il faut accepter.

— Et si j’y arrive pas ?

Tu as haussé les épaules.

— Prends ton temps. Ça ira.

Un faible gémissement s’est fait entendre. Saæl s’est tournée vers la direction d’où il provenait.

— Tu vas pouvoir te rattraper, l’a pressée Niashæl.

Saæl a dû se reposer sur son odorat et sa mémoire, car le bruit s’était tu. Elle a inspecté les fourrés et cherché des entrées de terriers, comme Niashæl et toi le lui aviez appris. Piquée au jeu, elle en a momentanément oublié qu’il lui faudrait tuer l’animal.

Jarat n’avait pas suivi la conversation et pourchassait un papillon.

— Oooh ! a fait Saæl émerveillée.

Niashæl s’est pris la tête dans les mains.

— Des bébés auu ! Je peux les garder ?

Tu t’es esclaffée. Que feraient les Yudæln avec des louveteaux, sinon les manger ?

— Pour quoi faire ? a demandé Niashæl. Tu les manges ou tu les laisses dans la forêt.

— Mais… regarde ! Ils sont trop mignons !

— Ils ont une mère.

— Hm, on a trouvé le corps d’une femelle auu avec Taki, hier soir.

— Moi, j’ai vu un cadavre de belo une fois, a dit Jarat, revenu bredouille. Plus la chauve-souris aujourd’hui. Et puis des insectes aussi, évidemment. Beaucoup, beaucoup d’insectes. Ils meurent tout le temps, on dirait !

— Tu m’aides pas, Caei, a fait remarquer Niashæl.

— Je dis juste. De toute façon, si leur meute est pas venue empêcher Saæl de tripoter les petits auun, c’est qu’ils ont plus personne.

— Nash ! a imploré Saæl par-dessus les glapissements.

La sang-mêlé n’en revenait pas.

— Ça sort d’où, cette lubie de ramener des proies vivantes ?

— Mais… Ils peuvent servir…

— Ah oui ? Et à quoi ?

— Palash, il dit que les auun c’est pas très bon, est intervenu Jarat.

Saæl a réfléchi.

— Quand ils seront grands, ils pourront chasser avec nous.

— Ils voudront te chasser toi, plutôt.

— Mais…

Des larmes s’accumulaient au bord des yeux de Saæl. Jarat s’est mis à pleurer aussi, sans savoir pourquoi.

— Un auu, c’est quasiment un Rokian, as-tu dit à l’intention de Niashæl, un sourire en coin.

— Ils seront sages ! Je te promets !

— Non, mais je rêve. Tu comptes faire comment ?

— S’ils veulent nous chasser, je les tuerai moi-même, a-t-elle promis avec la conviction du désespoir.

— Et qui va les nourrir en attendant ?

— Je peux m’en occuper, as-tu dit.

L’échange t’amusait et Saæl montrait rarement une telle passion. Elle en tirerait au moins une leçon de vie.

Elle t’a enlacé la jambe.

— Je te jure qu’ils seront gentils !

— Saæl elle a trouvé plus de proies que moi alors ?

— Pas vraiment, Jarat, a dit Niashæl.

— Je préfère te prévenir, as-tu ajouté : il arrivera un jour où tu regretteras qu’on t’ait laissée les prendre.

Saæl a hoché la tête sans en croire un mot. À ton soulagement, elle t’a relâchée.

Tu as jeté un œil aux cinq petites choses maigres.

— Et ce sera sûrement très bientôt.

*

De retour au seuil de la Cité, l’une des gardes t’a interpellée.

— Je vous cherchais partout. Ëlla-Ödhaiya voudrait savoir ce qu’il en est du trépas de Maafaala. Avez-vous de nouvelles informations ?

— Non. Y’a rien à trouver puisque vous avez effacé toutes les traces.

— Ëlla-Ödhaiya sera déçu.

— Je suis pas à un mécontent près, aujourd’hui.

— Moi je suis content, regardez ce que j’ai attrapé ! a dit Jarat en exhibant le petit cadavre de chauve-souris.

Les gardes ont grimacé.

— Comprenez, ëlla-Nëluuj… Votre comportement…

— Justement, je comprends pas. Je me souviens avoir dit à Sooyolane que c’était une idée de merde, à raison, et vous avoir filé un coup de main. J’ai gaffé où ?

— Vous ne savez pas ?

— Je poserais la question si je savais ?

— C’est avec les bêtes…

— Les daxmædn.

— Vous leur étiez si semblable. Nous n’avions jamais vu même un Dhaemon agir de la sorte. Vous avez terrorisé tout le monde. Nous pensions que vous aviez perdu la raison.

— Quoi, juste parce que j’ai montré les dents ?

Les gardes ont hoché la tête avec lenteur, comme s’ils n’étaient plus si certains.

— Parce que vous auriez fait quoi ? C’est sûr que vous, vous alliez pas les impressionner avec vos micro-quenottes.

— L’usage des armes était déjà particulièrement agressif, il n’était nul besoin de se comporter comme les habitants de la forêt.

Tu t’es massé le front. Les Ælvn n’avaient décidément rien à faire hors de la Cité s’ils croyaient que le pacifisme y avait sa place.

— Et j’aurais dû faire quoi ? Leur expliquer que j’étais la Nëluuj pour les faire déguerpir ? Leur chanter des berceuses ælv ?

— Je préférerais que vous vous absteniez de recourir aux quolibets.

— Et moi j’aurais préféré qu’on laisse pas Sooyolane aller dans la forêt. J’aurais préféré qu’on tombe pas sur des daxmædn et que tout le monde rentre indemne. Mais quand on croise un daxmæd… c’est pas pour rien qu’on les appelle « mangeurs de Dai ». Faut sortir les griffes, c’est tout. Je sais que vous aimez la diplomatie, mais je vous jure qu’ils parlent pas votre langue.

Un garde a interpellé Niashæl.

— Comment faites-vous lorsque vous rencontrez des prédateurs en forêt ?

— Ah, a-t-elle fait, surprise. Eh bien, s’ils ont l’air dangereux, je vais d’abord essayer de m’enfuir ou de les impressionner pour qu’ils partent. Si ça ne marche pas, on se battra. Quoi qu’il en soit, je ne les ramène pas au clan, a-t-elle ajouté à l’égard de Saæl.

Le garde a cillé.

— Il semble que votre comportement corresponde au standard de l’espèce dhaemon, a-t-il admis. Nous l’ignorions.

— Évidemment, pour ça il faudrait fréquenter des Dai et la forêt.

Niashæl t’a touché l’épaule. Tu as réfréné un sursaut.

— Ne pousse pas, a-t-elle dit.

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