Le Poupon
Chaque mort nous renvoie à notre finitude
Mais n'entendez-vous pas ce que dit le poupon ?
On le croirait savoir que l'existence est rude
Lorsqu'il hurle encor bleu, chassé de son cocon.
Les nuages diraient que naître est magnifique,
Mais l'enfant n'est pas dupe et doutera longtemps
Détenu sous la langue et l'index, froide pique,
D'un monde absurde où toi, son semblable, l'attends.
Qu'il est plein de bon sens ce tout petit esclave
Dont on coupe la chaîne avec de vieux ciseaux.
Pleure, ô pureté, pleure avant que ne t'enclave
Le Saigneur qui déjà dilate ses naseaux.
Tes jeunes yeux brillants appartiennent à l'ange
Mais bientôt les courants qu'enfantent les moussons
Noieront ce protecteur dans un épais mélange
D'eau, de vase et de sel, tant d'amères leçons.
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