L'Oisillon
Les oiseaux savent bien ce que leur tout petit
Devra vivre, et les lois d'ici-bas sont sans cœur,
Aussi s'affairent-ils à nourrir l'apprenti
De bons vers, de savoir et de leur propre peur.
Ils le portent à dos, le cache sous une aile,
Pour qu'il n'écoute pas ce que le vide envie,
Ni ses longs rots puant la jeunesse sans zèle,
Il n'a de l'âge aucun souci, comme la vie.
Mais un jour, il est temps de faire aller ses plumes,
Seul, sans conseil, et sans protection, trop tard !
L'oisillon saute et choit parmi d'autres enclumes,
Lesté d'un legs trop lourd et d'un amour bâtard.
Tel est le sort de ceux qu'on prive de l'étude,
Une faute est commise à trop vouloir couver,
La vie est ainsi faite, est un voyage rude
Qu'il faut vite entreprendre en mordant le pavé.
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