La Nuit
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Ô nuit, fidèle nuit, baume au front du penseur
Allongé sur le sol, souffreteux et livide,
Accueille encor ce soir, de l'esprit qui se meurt,
L'angoisse vaporeuse en ton immense vide.
Laisse-la déposer autour de tes bijoux
Sa féconde noirceur et la joindre à ce voile
Recouvert lentement d'un nuage jaloux
Qui comme notre essence à ta robe s'entoile.
Regarde-nous voler dans tes reflets d'onyx
Où l'on croise parfois des âmes bienheureuses
Pleines de souvenirs, de noctis et de Nyx,
De monarques déchus et de blafardes gueuses.
De là-haut, l'on peut voir tous ceux de ton harem
Convaincus d'admirer le sein d'une vestale
Lorsque sur tes tympans glisse un carpe noctem,
Peut-être le dernier avant l'aube fatale.
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