Il est un ami cher qui ne dit jamais rien,

Préférant de notre âme écouter le long râle

Tout comme le ferait l'oreille d'un bon chien

Ou celle d'un martyr dans une cathédrâle.

C'est par la libellule et par le papillon

Qu'il apporte à nos jours de plus belles nuances,

Par le chant des oiseaux, l'averse ou le rayon

Qu'il étouffe sans fin de sombres influences.

Ô jardin ! vaste toile où pousse le portrait

Du plus riche seigneur et de la sauvageonne,

Ces peintres satisfaits de voir que tout secret

Dans leur regard fécond refleurit et drageonne.

Que seraient-ils alors privés de cet abri

Où se vident les fronts et fanent les douleurs,

Luxuriant éden par les affres nourri,

Mille fois abreuvé par le sel de leurs pleurs.