Lac

2 minutes de lecture

Le 13 septembre 2020

 Saisi d’un besoin d’aventure et de renouveau, une fois n’est pas coutume, j’ai souhaité lire un auteur dont je ne connaissais quasiment rien, ni son œuvre ni son profil biographique. En faisant cela, j’ai le sentiment d’avoir pris le même risque que si j’avais absorbé un médicament sans lire la notice ou comme si j’avais commandé un plat au hasard dans un restaurant inconnu. Dans mes mains l’ouvrage semble inoffensif. Le titre sobre et anodin « Lac » ne présage rien de spécial, l’illustration de couverture, assez neutre, représente un homme seul et songeur appuyé au parapet d’une passerelle, bref rien d’original. La quatrième de couverture m’a un peu intrigué, mais elle ne dévoilait rien de précis, et puis quoi, Echenoz a obtenu beaucoup de récompenses littéraires dont le prix Goncourt en 1999 pour « Je m’en vais », alors je me suis lancé.

 Les premières pages m’ont un peu déboussolé, je m’attendais (je ne sais pas pourquoi) à un roman intimiste à message, écrit dans la langue soignée, plutôt classique d’un habitué des prix littéraires et je me retrouve plongé dans une ambiance mi-polar mi-espionnage un peu confuse, mais dont l’originalité du style retient mon attention. Il m’a fallu un certain temps pour comprendre qu’il s’agissait d’une parodie de roman d’espionnage, car toute mon attention était occupée à essayer de comprendre l’intrigue. Les traits d’humour se multipliant, je me suis détendu et amusé et j’ai pu commencer à apprécier l’originalité du propos au service d’une histoire volontairement décousue où les descriptions détaillées, décalées et parfaitement inutiles pour la compréhension perturbaient mes tentatives de plus en plus rares, de retrouver une certaine logique.

 Bref, un livre qui comporte des passages vraiment drôles, un peu déroutants pour un lecteur non averti, au final une découverte intéressante, mais qui n’aura peut-être pas de suite, j’ai eu l’impression de boire un cocktail composer de Buffet froid (le film de Bertrand Blier), d’un zest de San Antonio et d’une bonne pincée de Boris Vian. Un mélange revigorant, mais dont il ne faut pas abuser, ce qui ne remet pas en cause l’excellence de ces ingrédients lorsqu’ils sont pris séparément.

 Je ne ferais pas le résumé de ce livre, car l’histoire n’est qu’un prétexte pour permettre à l’auteur de s’amuser avec les mots, les situations, les décalages, les personnages. Et comme dit le poète « Peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ».

 Cette lecture m’a donné l’impression que l’auteur pourrait raconter n’importe quoi sur n’importe quel sujet avec le ton détaché et sérieux d’un pince-sans-rire et tout cela avec une précision d’horloger. Pour manier l’absurde sans finir par lasser l’attention il faut un certain talent dont l’auteur n’est pas dénué, il a eu aussi le bon goût de ne pas faire trop long.

Vocabulaire :

— Paumayer : Terme de marine, haler à la main (un cordage, une chaîne d’ancre…).

Bibliographie :

— « Lac », Jean Echenoz, les éditions de minuit (2008), 191 pages.

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