Dix-huit millions de livres volés pas les Allemands sur le seul territoire français pendant l'occupation. À la libération 20% de ces livres seront retrouvés et rendus à leurs propriétaires. Les nazis ont ainsi déporté et brûlé des livres par millions entassés dans des wagons en partance pour l'Allemagne. Le pillage des bibliothèques et des musées est consciencieusement organisé avec l'aide et la complicité de Vichy. En détruisant les bibliothèques juives, les nazis ont montré leur volonté d'accompagner l'élimination physique des personnes du meurtre de leur esprit. L'UNESCO estime à 2,5 millions de volumes détruits par les bombardements ou les incendies en France pendant l'occupation.

C'est ce que raconte Martine Poulain dans ce livre épais et très documenté avec de nombreuses notes permettant de préciser les sources de toutes les informations. Il comporte, en plus des 500 pages de textes, plus de 200 pages de notes, un index et une chronologie. Une somme unique sur un sujet qui n'avait pas fait l'objet d'une étude aussi poussée jusqu'à maintenant : "Les bibliothèques françaises sous l'Occupation". L'auteure donne de nombreux détails sur le parcours des hommes et le fonctionnement de nos institutions pendant cette période au cours de laquelle Bernard Faÿ, après avoir mis à l'écart Julien Cain qui refuse la collaboration, prend sa place à la tête de la bibliothèque nationale.

Ce livre illustre parfaitement cette pensée du poète allemand Heinrich Heine (1797 - 1856) qui avait écrit de manière prémonitoire au tout début du 19e siècle : "Là où l'on brûle les livres, on finit aussi par brûler des hommes».