CHAPITRE 1 - Naissance d'une réflexion

6 minutes de lecture

Je suis né non pas à Paris comme les anges ni à Reims comme pour les iconiques. Je suis né à la clinique Saint-Roch, à Montpellier. Avec des charlatans qui tripotaient le vagin de ma mère pour me chercher. Moi, icône perdue, retrouvée par les gens en blouse blanche...

Le néant.

L'hécatombe des urgences médicales m'effraye d'abord, moi, petit bébé né de l'embryon impatient d'une mère. Ce n'est pas ma première vision, c'est mon avant-première, comme l'interlude dans les musiques ou les prologues dans les chapitres d'un livre soigneusement imprimé...

Ma première vision d'ange, celle de contourner la pièce avec l'idée que les infirmiers autour ne sont que les envoyés de Dieu Tout-Puissant (l'appelons-nous tous comme ceci dans le ventre de Maman ?). Je sentis les révulsions et les acclamations des gens, autour, je vis qu'ils furent tous interloqués de ne pas me voir pleurer comme un gosse de mon âge. Je vis le silence de réflexion.

Réflexion qui se termina en rapport au mèdecin-urgentiste qui avait opéré ma mère, un Nguyen, Benjamin Nguyen, pire charlatan à monnaie montpellirain :

- Je ne comprends pas, il devrait pleurer, c'est insensé !

Et j'ai pleuré, quand la pièce se vda en croyant à une bombe retardataire...Ma mère, fière, qui me brandit dans toute la salle tel un soleil avant de me reposer dans le berceau, évanouie par toutes les connaissances de l'alchimie de la chirurgie.

Pour commencer, je me nomme Gauthier (Oui parce que Gauthier, c'est le nom de son oncle qui gardait les Alpine et Gordini de l'arrière-grand oncle, hein !) et c'est avec plaisir que je vous énonce ma superbe vie. Mais d'abord, la naissance d'un alchimiste et d'une réflexion ne se fait pas d'un seul coup. D'abord, il y a cinq stades. La découverte :

"J'ai découvert ce matin que j'étais enceinte, test positif dans les W.C de notre H.L.M, Rue des Collines d'Estanove. Choc tropical dans ma tête, joie jubilante à mes yeux, et ma bouche béante est littéralement tombée, en croyant à un canular. Mon mari est venu, m'a embrassé, m'a regardé droit dans les yeux en me disant que tout allait bien et j'ai vomi : j'ai vomi des jeysers de bouillie verdâtre sur les éclairs de carrelage, les entrailles assourdies de mon bébé...

Six mois de pure innocence, six mois à vomir, manger comme quatre comme au McDo et s'empiffrer de séries TV avec Jennifer Lopez, Jenna Ortega, Madonna et Elvis Presley comme des amis proches, bagnoles de riches et baraques de luxe à l'innocence même ! Les bouc-émissaires de la télévision ! Et quand le sixième mois se termina (trente jours fois deux plus trente-et-un fois cinq = 215 jours atroces !), que mon ventre arrondi eût force d'adoucir ma rage, je fus plus docile, je me mis à regretter ma grossesse. Puis j'eus un sentiment de culpabilité comme toute femme enceinte. Alors je m'inscrivis au club de femmes enceintes le plus proche...Une joie jubilante..."

La déprime :

"Ce ne fut pas plus tard qu'il y a six mois, début estival des vacances. Le club Grossesse m'indiqua le chemin et on s'amusa en se serrant les coudes entre mères, sur des ballons de la tailles de notre estomac, comme si le monde allait exploser sous le règne de Poutine. Merde, voulais-je crier (et qu'est-ce qui m'en empêcha en fin de compte ?). Ce fut l'arrivée de ces mères, Thérèse, Lina, Paola, Camille, Jenna, Jennyfer, toutes étalées sur des tapis de yoga ou à demi à plat sur un ballon géant, pleurant leur grossesse "Je haïs mon enfant !" "Je ne veux plus être enceinte" "Ce n'est pas subtil d'attraper une grossesse impétueuse !". Et le regard d'ange de l'animatrice qui leur dis "En ce qui vous concerne, le bébé peut parfois lui-aussi se montrer en colère : faites lui comprendre que vous êtes sa mère et qu'il se doit de vous respecter avec quelques exercices" "La grossesse peut parfois être dure et longue, mais arrivée à terme, elle vous rajeunit, vous rend plus apte à devenir mère : elle vous rend joyeuse comme jamais" "Je vous l'accorde mais la grossesse peut vouloir être ce qu'elle veut être : dépression post-scortum, déprime totale, grossesse nerveuse, fausse couche tout c'a ! La fausse couche si l'on se dit tout c'a alors persévérez !". Et les mères qui continuèrent à se ballonner en tout sens, revenant avec des mots désobligeants de leur séance. On aurais dit la Russie et l'Ukraine d'aujourd'hui ! Une honte."

La joie :

"Je crois qu'après les derniers mois me concernant, après avoir quitté ce monument de guerre que fut l'atelier des mères, je crois que la meilleure période fut ma joviale expression en m'extasiant devant le caractère de mon mini-bébé grossissant dans mon ventre, qui tapota mon estomac à chaque reprise, me faisant vomir en éclatant de rire "Tu m'as eu". Aussi fusse la meilleure période quand mon mari essaya de lui trouver un nom à l'intérieur de Google, que ce fut à son travail ou sur la terrasse d'un café à l'effluve envoûtante "Théo ? Bastien ? Jules ? Adrien ? Gauthier ? Gabin ? Halin ?". Il se prenait tous les noms, même les hollandais indiscreptibles. Il faut le dire, c'est le dogme, voir une "pétition de principes et de responsabilité" de trouver le bon nom. Je dirais même que c'est le bébé qui l'a trouvé tout seul. J'ai mis un Walkman sur mon ventre en lui faisant découvrir le Deep Purple à l'ère du Michel Berger et je lui ai marmonné "GAUTHIER". Il a remué et a commencé à se dandiner sur lui-même, amusé. Je lui ai répété, risquant une crise de colère, mais il a accepté. Voilà comment il a failli naitre. Le service hospitalier a cru à des contractions mais on aurait dit qu'il s'étouffait en éclatant de rire tout seul.

Le néant...plus tard."

L'acceptation :

"On accepte toujours au plus tard, genre à la naissance. On accepte toujours notre grossesse après trois pires stades. Et quand on accepte enfin, un cri de douleur, et on sent qu'il veut sortir (Poussez Madame, m'enfin, POUSSEZ !!" mais que deux pieds restent bloqués, contrairement au tendon d'Achille. Ce fut le huitième mois. Fac de mèdecine à Paris, oui j'étais étudiante à 21 ans ! Un coup de fil et tu sens déjà qu'il veut sortir ! J'ai senti c'a, et pendant trois jours d'affilée. Même mon mari, le moteur de sa Giulietta ronronnant de plaisir sur les huit-cents kilomètres délimitant Montpellier-Paris pour mes études, n'accepta plus de me laisser filer à ma fac. Il me posa sur un canapé. Et trois jours plus tard : AAAAAAH !!!

Une flaque d'urine sur le tapis du salon, un cri de douleur, et il sortit ses deux pieds dans une flaque de sang. AAAAH ! Horrible. Mon mari démarra la Giulietta, il mit pieds au plancher, dans son dérapage on crût voir Daniel dans TAXI (Marseille = Montpellier = dealers = arabes. Montpellier devient arabe !), il grilla plusieurs feux, se laissa doubler quelques voitures, et faillit percuter plusieurs pylônes et camions. On arriva à Saint-Roch quinze minutes plus tard (embouteillages sur la première avenue, on se serait cru à Wall Street en temps de Bourse). Tout c'a sur un charriot qui termina sa route sur une table de chirurgie. J'ai écrasé avec autant de réalisme les phalanges de mon mari et j'ai attendu qu'on me sorte les deux pieds qui m'écrasaient le vagin. Mais un urgentiste, Nguyen, me dit "Navré mais va falloir procéder à la césarienne. - Quoi pourquoi ? - Parce que le bébé est bloqué dans votre vagin ! - NOOOOON, je n'y arriverais jamais, je n'en peux plus ! - Allez, ma chérie, encore cinq minutes de pur enfer pour une vie entière de bonheur...". Mon mari me sortit les phrases de Gina Rodriguez de 2014, mais il me laissa faire sortir le bébé. Et l'attente finale. Le réalisme bébétural."

Puis l'arrivée :

"Gauthier sortit. Tout beau, saucissonné dans son embryon, rouge saignant comme un rôti mal préparé. il sortit. Mon boeuf. Et la suite, vous connaissaez. Le beauf, les frères, les soeurs, les bêtes de parents, le beau-père avec le fusil, le chien qui pue, l'enfant et tout et tout. Et bla, bla, bla !"

Je suis né à peu près à vingt-trois heures du soir, mais mes deux pieds sortirent à minuit. Les urgentistes eurent besoin d'une césarienne alors que deux pieds coincés dans un vagin se sortent rapidement ! Mais non jamais sorti.

"Le vagin a bouffé ses deux pieds". ANDOUILLE, ILS SONT LA !

Bref, je suis né, un ange qui pleura non seulement jour et nuit, mais nuit et jour !

Ma brève vie...

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