CHAPITRE 2 - La vie des grands

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On ne se dit jamais qu'est-ce qu'il y a après la frontière du petit et du grand : réelle ou pas, on la passe.

Personnellement (globalement, c'est une normalité), j'avais hâte de la franchir dès mes débuts chaotiques en maternelle. Ma soeur Naomie née à l'avance de mes trois ans, ne faisait que me répéter que c'était une erreur de ma part, entre les colles, les croix, les blâmes, les punitions et tout y passe ! Le collège et tout et tout ! Tout passé au crible, peigne fin, c'a en donne, j'vous le dis.

Mais la personne globale en ma mère fut une intelligence surdouée de l'académie, ce qui me valut les encouragements parentaux pour entrer dans la cour des grands, quittant ainsi l'enfer du CE2, CM1 et CM2.

Je n'eus pas beaucoup d'amis.

Je n'eus pas beaucoup d'amis en primaire, faut se le dire franchement. Il n'y eut que Nils, fils d'une famille respectable d'un quartier éphémère de la ville, perché dans le décor champêtre des vignes. Et Théo, un petit malade avec ses Lego et voiturettes, ainsi qu'Alexandre qui ressemblait plus à un retapé d'Irak qu'à un mec de la cour. Tous trois, mes amis, mes acolytes. Et un jour, ils me trahirent. pLus que tout, ils m'harcelèrent à la façon dite du psychologue scolaire. Un soir, un Vendredi, après le coucher du soleil, garderie anuelle :

"Il faudrait vous faire un dessin mais le topo, c'est qu'ils ont voulu me tuer avec le Vendredi de la Nuit Rouge, un jeu d'après eux. Un jeu qui se termina dans les toilettes, à dix-huit heures, avec moi qui fut dans un lavabo, l'eau remplissant le caniveau sans que je puisse respirer de ma petite taille. C'est une gardienne qui me sauva, celle de la maternelle que je reconnus parfaitement. Mais étrangement, entre les trois demoiselles qui m'interpellèrent à la sortie des toilettes (la demoiselle du ménage, celle de la cantine, et ma sauveuse), j'ai abordée ma chouchoute, la demoiselle de la cantine, qui m'a vouée une grande affection au cours de ma scolarité. Tatouages, piercings, grossière...Le style abrupt des surveillantes même de l'établissement. Deux mois après j'ai fait une crise d'angoisse. Deux ans après, j'en sortais tout juste.

Deux ans à aller voir une putain de psy qui ne m'examinait rien du tout à part "Traumatisme".

Et le problème, avec un psy, c'est que c'a s'use autant qu'un jouet, c'a se perd et puis BOOM ! c'a se tue. Il s'est vite retiré, faute de mémoire. Et son sinistre rejet fit parti de son abrupt registre. Ma glorieuse appartition ne fut qu'un épatante humilit pour sa pensée, alors ? Ce fut donc le mauvais client pour lui ? "

Je songeais comme si Flaubert avait écris les Démons de Dostoïevski, malgré les indisponnibilités de ce dernier. Et quand je me mis à quitter le CM2 (dernière année de pure folie) je pus littéralement "changer ma vie", faire comme si Flaubert écrivait Pennac, Pennac Dostoïevski. Merde, une ligne rectiligne sur un fil bancal ! Un sens ! Enfin, pour moi, j'eus le sens de communication après avoir franchi la barrière du collège. Mais j'eus vite déchanté. La sixième fut pour moi le seul moment de ma vie que j'ai haïs du fond de mon coeur. Déjà, en première échevellement, j'ai eu quatre croix (oubli de carnet allant jusqu'à petites folies d'élève, crises maximum). Et mon sens de communication se caractérisa avec les filles : depuis ma humble naissance je trainais avec les filles, et les filles elles tranaient avec les filles, pour ainsi dire, ainsi de suite. Alors quand un mec se pointe un jour devant une fille, elle croit qu'il l'aime. Et cette première idée m'a enseignée non la littérature mais "l'écriture", chers amis, "l'écriture" entre guillemets, celle qu'utilisent Flaubert, Pennac, Dostoïevski, Louis Guilloux, Maurice Leblanc et même Joseph Kessel. Et Vargas dans tout cela ? Et Sempé/Goscinny ? Eh ! bien je me mis à écrire à la manière de ses auteurs : livre à la main, ordinateur de l'autre, je me mis à retaper le texte d'un vieux manuscrit à Hervé Le Tellier "L'Anomalie". Un Boieng qui s'écrase dans une grosse tempête et qui nous clone ! Eh ! bien je recopiai les lignes, mais avec mon moi, sans plagier ! L'excuse est inévitable : mon roman cita un taxi franco-américain qui faisait disparaitre des victimes françaises pour finalement relier tout c'a à un trafic de gens, un criminel nommé Jade Holsen, et une grosse enquête la plus grosse de l'histoire entière, celle qui intrigua le FBI et la CIA, pas la NSA. Quant aux passages de Raymond Queneau "La vie est un songe, dit-on", ce ne fut que superficiel, je les effacai, je n'étais pas encore prêt à écrire. Et un matin d'été, 2020, je finis le livre : j'en avais fini de ce calvaire, en cent-quinze pages, dix pages par jour. Mon grand-père m'acclama, mais les grandes personnes croient toujours au plagiat. Alors je dus renoncer à l'écrit, ma sixième fichue. Même mon second roman inspiré de Max Payne, "Bad COP", incarnant Walker Campbell, l'officier même du FBI abandonné dans les rues sombres de Miami, ne fut guère acceptée par mes parents.

Et ce fut ainsi que naissa en moins cette haine, cet orgueil, qui me rapprocha inévitablement de la punition. Et je fus appréhendé par l'amour.

Parlons-en de mon foutu amour : à force de plaindre les filles, de plaider leur cause au temps de la Révolution 1789, assiégé sous le règne de Louis XVI, je me mis à aimer mal ! Mal, étant donné que je tombais amoureux toutes les semaines. Ainsi, j'épousai Alix, Céleste, Agathe, Louna et d'autres filles au nombre de 7. Pas une ne me voulut et c'a m'inspira. Mais Alix resta celle que j'aimais le plus, celle que j'ai aidé à tricher aux examens (aurais-je dû ?) et celle que j'ai tant bousculé. Si j'avais été tant plus intelligent. Le Miracle à la Jekyll & Hyde, la digestion immédiate du râteau. Et quand on se prend cette rupture immédiate de liens, le râteau, on ne digère pas bien après les autres relations. Au point de s'auto-détruire, de mourir soi-même. Pour moi, l'amour était un stéréothype qui expliquait en soi ce que voulait dire tout ce bordel miraculeux. Et puis ma peur (Ma peur, c'a vous colle un bout !), ma peur de ne jamais guérir de la rupture, et aussi de baiser sur les lèvres ! Je n'aime pas embrasser, c'est ma plus grande peur ! A l'époque de Dior, c'était universel de ne pas savoir baiser ! Alix était mon universel à moi ! Ma grande peur.

Puis il y'eut le ski. Je sais, on pense Les Bronzés font du Ski, gamelles à gogo, meurtres en folie et petits coups de socialisation. Non. Déjà, on mangeait bien, on dormait bien. Mais le vertige m'étouffa des cris que vous ne pouvez imaginer, et déjà, les télésièges dans les hauteurs me donnaient une envie de suicide ! Mais il y a eu ma rencontre épatante. Léonie. Une petite toute belle, à la fois laide et belle. Je l'ai apprécié de suite. Elle m'a appréhendé au dernier tour de piste (BING ! je me suis piqué un vol plané en voulant la voir), et elle m'a apprécié aussi. A la boom, on s'est tenu par les épaules et on a dansé. Mais elle m'a refusé. Et autant subtil qu'il le fut, j'ai pleuré.

Dépression nerveuse.

On s'en remet mal. Léonie, ô ma douce beauté, Léonie ! SI tu savais comme je pense à toi.

J'ai tout simplement oublié ce que l'amour-passion avait à offrir. Et m'en voilà les coquines conséquences...Le rejet.

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