Chapitre 2 : Traverser la ville

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En montant les marches pas à pas, Georges ouvrit alors enfin la bouche:

- Tu connais bien tout le monde, de toutes façons ? Tu diras bonjour.

Ce à quoi Etienne ne manqua pas de ne pas répondre. Ils arrivèrent alors devant le secrétariat, devant Céline. Céline était une femme typée asiatique d'un âge mur qu'elle refusait de réveler. Toujours souriante, elle dégageait en plus une sorte de sensualité naturelle dans chacun de ses gestes, ce qui ne manquait pas de réveiller Etienne qui, évidemment, était un peu plus bavard. Les femmes de son âge ne l'intéressaient plus depuis longtemps de toute façon, et Céline était pour lui un véritable idéal . Gracieuse, son regard pénétrant et aussi mystérieux qu'apaisant éveillait chez lui quelque chose de si puissant qu'il ne pouvait l'éprouver avec personne d'autre. Sûrement pas avec une jeune fille sans aucune expérience de la vie. Le temps que passait son père à demander à sa collègue si son patron était disponible était court, mais suffisant pour donner sens à la visite d'Etienne. Sa voix, d'une douceur angélique doublée d'une puissante gravité s'éleva alors.

- Mais oui, t'inquiète pas Georges, il vient de finir avec le client, vous pouvez y aller.

Son regard se posa alors sur le jeune homme.

- Il a poussé, Etienne ! C'est un homme, maintenant ! dit-elle, toujours en souriant.

- Ça oui ! Ça nous rajeunit pas! répondit Georges, alors que son fils dévorait toujours des yeux sa collègue.

- Bon allez fils, on y va.

C'est la tête toujours emplie de rêves qu'Etienne se dirigea en compagnie de son père vers le bureau de monsieur Gatignol, ce dernier semblait les attendre très impatiemment.

- Ah je vous en prie entrez, dit-il, c'est qu'il a grandi, le gaillard, ahahaha !

Louis Gatignol était un homme riche, très riche, et vous vous doutez que ce n'est pas tous les jours qu'on allait lui rendre visite. D'où l'importance qu'avait jugé Georges d'emmener son fils avec lui. Il avait bien grandi, certes, et c'était le cas de le dire. Il devait avoir 8 ans la dernière fois que ces derniers s'étaient rencontrés. Cet homme, qui avait fait fortune en partant du bas de l'échelle était un exemple de réussite, montant son entreprise à seulement 24 ans, il avait su redresser l'économie de la ville suite à la délocalisation de la maison-mère de Cdiscount, devenue plus grosse entreprise et source de revenus de Bordeaux. Il était un passionné d'art, de cultures du monde et de musique classique. Il passait d'ailleurs toujours ses morceaux favoris de Lully dans son bureau, tout en contemplant la ville du haut de sa sinistre tour dominant la Zone Industrielle. C'était un homme qu'on ne saurait déchiffrer, tant ses discours étaient mêlés de sincérité, d'audace et de mensonge.

- Installez-vous ! dit-il, avant de se rendre vers une machine à café pour en préparer.

Si Georges parlait peu, on voyait très bien dans ses yeux qu'il était heureux d'être ici et surtout d'y avoir emmené son fils. Si il avait su s'élever un peu dans la hiérarchie, il avait commencé tout en bas de l'échelle comme simple ouvrier, et c'était en quelque part sa récompense pour avoir travaillé si dur pour subvenir aux besoins de sa famille.

"Regarde ton papa, il a rendez-vous avec de grands hommes. Ca en fait un, de grand homme, pas vrai ?" devait-il penser.

- Alors Georges, ça va faire 20 ans de carrière chez nous, bientôt !

- J'y pensais plus, riait-il, c'est vrai.

- Ca tombe bien, parce que j'y ai pensé pour vous ! Un peu d'air frais, ça vous dirait ? Avec tout ce travail, on se ruine complètement la santé et on n'a plus une seconde pour soi. Ce que je vous propose, c'est une semaine de congés payés avec votre famille, séjour compris, qu'est-ce que vous en dites ?

- Ah et bien, c'est trop, monsieur ! répondit le concerné, non sans une once d'étonnement.

- 20 ans de bons et loyaux services, vous avez été parfaitement fidèle au poste et je ne dénombre aucun arrêt maladie... C'est excellent, Georges, vous l'avez bien mérité. J'ai appris que vous étiez grand sportif, j'espère que l'air de la montagne vous fera le plus grand bien!

- C'est super, merci beaucoup ! lui dit-il après une bonne poignée de main.

Tu l'as tué.

TU L'AS TUÉ.

ASSASSIN.

MEURTRIER.

MONSTRE.

MONSTRE.

MONSTRE.

MONSTRE.

MONSTRE.

MONSTRE.

MONSTRE.

MONSTRE.

ÉTIENNE.

ÉTIENNE.

ÉTIENNE ?

-Eh, oh, Etienne, on y va. Debout là-dedans.

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