Chapitre 8 : Traverser le mensonge
La plupart des habitants étaient partis, avaient été tués ou s'étaient entretués. La ville était recouverte d'un voile de brume et de sang et alors qu'elle avait été détruite à peine une journée avant, elle donnait déjà l'impression d'un champ de ruines, abandonné depuis des années. Dans une des ruelles, un Titan était encore entrain de dévorer sa proie, un jeune homme qui devait à peine avoir 20 ans. Vie volée, jeunesse piétinée. Lucie et Etienne les avaient déjà vu à l'oeuvre, et il était temps, aujourd'hui, ce ne serait pas le sang d'innocents qui coulerait. Le Titan se présentait sous les traits d'un grand homme-oiseau aux yeux révulsés qui devait mesurer 3 mètres de haut. Il entendit soudain du bruit et s'approcha silencieusement de la ruelle adjacente... Une jeune fille surgit alors de l'ombre de cette ruelle et vint planter un carreau en plein dans la tête de la créature. Lucie venait de faire un joli tir avec l'arbalète que lui avait donné Etienne. Soudainement, la créature s'enflamma, avant de tomber au sol, réduite en poussière. "Et d'un", se disait-elle, alors que son frère se trouvait dans un parc à proximité où de nombreux titans avaient élu domicile.
Etienne souhaitait de tout son coeur leur redonner forme humaine. Alors, fixant l'un d'entre eux, il s'approcha lentement, tentant d'utiliser ses pouvoirs pour annuler le maléfice qui leur avait été infligé. Mais rien à faire, l'immonde créature bondit sur le Wendigo qui disparut juste avant d'être attaqué. Il pouvait à présent passer entre les mondes à sa guise. Réapparaissant à côté, il asséna un violent coup de poing à la bête qui vint d'écraser sur le sol. Il enchaîna alors de nombreux coups l'animal qui tentait vainement de se défendre, avant d'arracher complètement sa tête et de la jeter au sol. Ceci fait, il devait maintenant y aller, et il savait précisement où.
-Lucie ! lança-t-il, suis-moi, on y va.
Ils avançaient alors dans les rues, croisant de temps en temps quelques petits titans que Lucie abattait d'une flèche.
-Economise tes munitions, j'en fais mon affaire, avait-il fini par dire.
Ils y étaient presque, seul un pont était à traverser. C'est là qu'ils entendirent un grondement sourd. La Terre tremblait, le pont menaçait presque de s'affaisser. De derrière un gratte-ciel sortit un immense Titan, il devait mesurer une vingtaine de mètres et ressemblait à une infâme chimère, croisement entre un lion, un aigle, un serpent, un bouc et un être humain. Cette fois-ci, Lucie devait rester en retrait, elle savait très bien que ses munitions ne servirait pas. Wendigo était quand à lui surpris qu'un Titan puisse atteindre cette taille, et pourtant, il devait l'éliminer. Il jetta un bref regard à Lucie avant de se tourner vers la bête gigantesque.
-Titan ! Je suis le Wendigo, ton maître à qui tu dois allégeance ! Soumets-toi à moi, où meurs.
Il s'approcha alors avec une grande vitesse en comparaison de sa taille énorme et tenta de dévorer Etienne en un coup de dents, visiblement, la tentative d'Etienne n'avait pas fonctionné. Ce dernier disparut avant de réapparaître quelques mètres plus loin et de lui asséner un coup qui ne l'étourdit qu'à peine. Ce dernier se retourna rapidement avant d'asséner un violent coup de queue au jeune homme qui atterit contre un immeuble. Il se releva difficilement avant de disparaître à nouveau, de réapparaître et de saisir sa queue afin de l'envoyer valser dans la Garonne. Ce dernier sortit alors de l'eau en détruisant le pont. Le combat faisait rage, et Wendigo subit de nombreux dommages. Il s'était cru invincible, mais voyait ses côtes se faire broyer par le puissant animal. Dans un dernier assaut, il se jeta alors dans la gueule du monstre avant de le transpercer de l'intérieur. Il ne voyait plus rien, n'entendais plus. Lucie... Où est Lucie...? Non, elle devait être en sécurité, à présent, il devait marcher vers son objectif final. Il devait lutter contre la douleur. Il devait se battre, mais surtout, il devait punir. Alors il marcha, longtemps, luttant contre le poids de ses blessures, avant de tomber au sol, devant la grande Tour Grise. Il y perdit connaissance, son corps le lâcha et sa tête vint heurter le sol. Des heures passèrent, des heures qui paraissaient des jours en ces temps sombres. C'est là que la bande des Coupe-Gargantes arrivèrent. Une simple petite bande de punks qui avait été corrompue par les titans et s'amusait à démembrer les cadavres ou les blessés. Ils s'appellaient Victor, Maëlle et Antoine, deux étaient munis de battes de baseball, et le dernier d'une tronçonneuse qu'il avait surnommé "Jolie Princesse".
-Regardez, les gars, il y en a un, juste là ! lança Victor
-On va faire une belle oeuvre d'art, vous allez voir, je fais tourner la princesse ! répondit Antoine. Les chaînes de la tronçonneuse commençaient à tourner, et le moteur avertit Etienne, qui commençait à ouvrir les yeux.
-Celui-là est encore vivant, regardez !
-Vas-y, saigne-le comme un porc !
La tronçonneuse s'approchait alors de la gorge d'Etienne qui saisit à pleines mains l'instrument, sa peau solide comme de l'acier ne manqua pas d'arrêter les chaînes.
-Quoi ?! S'écria Maëlle
Il se leva alors et brisa l'instrument en deux en le jettant au sol.
-Que comptiez-vous faire, me trancher en morceaux ?
-N...Non m'sieur, c'était pour rire, une simple blague... !
-Couard. dit-il, avant de saisir Victor par le cou.
-Arrêtez...! Aaargh...!
-Tu es un couard, un lâche et un assassin. Je vous briserais tous trois sur le champ si je n'avais pas mieux à faire, dit-il en jetant le jeune homme sur ses camarades. Il jetta alors un regard à la Tour qu'il s'apprêtait à franchir, en écoutant les jeunes punks s'enfuir à toutes jambes, portant leur camarade blessé.
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