Sourire.
Un sourire.
Croisé au milieu de la route, alors que je traversais.
Il n'aurait pu être qu'un sourire de courtoisie, en réponse, uniquement, à celui que je lui adressais afin de la remercier de me laisser passer, mais... Je ne sais pas... Quelque chose dans la courbure de sa bouche me laissait perplexe.
Un peu trop large pour n'être qu'un "de rien", j'ai d'abord, pendant un très court instant mais, je crois, instinctivement, interprété cette douceur comme une espèce de compliment. Comme si, dans sa voiture, la jolie brune me trouvait elle-même à son goût. J'imagine bien que c'eut pu être possible, mais pourtant...
C'est très vite que j'ai changé d'interprétation. Posant le pied sur le trottoir d'en face, déjà, j'imaginais le pire. Que ce sourire en était un de "moquerie" impossible à dissimulé, peut-être même volontairement affiché.
Et finalement, ce ne serait absolument pas impossible. L'enfer passé a pu me prouver, à de multiples reprises, que certains n'hésitaient pas et que quelques choses en moi ont pu déclencher, au moins à ces moments, ces affreuses expériences.
Et même si je peux trouver des occurrences passées de la première interprétation, j'ai bien l'impression que les mauvaises sont en surnombre. Du moins, celles-ci ont laissé une trace bien plus profonde, que je redoute encore plus depuis et sont aussi plus récentes.
Et cela n'était qu'un sourire...
Un sourire, certainement que de courtoisie, partagé pendant une, peut-être deux, très rapides secondes. Autant dire absolument rien... Un rien dans lequel j'ai tout de même réussi à voir quelque chose. Un rien duquel j'ai pu imaginer à la suite le meilleur et le pire. Un rien que j'ai essayé de comprendre sur le chemin du retour, encore même cette nuit, en y repensant... Sans y parvenir bien sûr... Car je ne suis ni psychologue, ni mentaliste, ni même encore dans la tête de cette jolie femme aux lèvres délicieusement courbées. Rien qu'un imbécile aux pensées remplies de ces inepties rythmant sa vie...
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