Trou noir.
Ça fait toujours aussi mal...
Comme un effondrement interne, créant un trou noir massif qui aspirerait tout mon être.
C'est là, en moi, dans mon ventre, palpable bien que peu descriptible...
Et c'est là tellement souvent... Si souvent et pourtant, durant tout ce temps, je n'ai su m'y faire. Même, des fois, j'ai l'impression de le ressentir plus fort encore...
En fait, ce doit être exactement comme l'inverse de ce que l'on appelle "avoir des papillons dans le ventre".
Si ceux-ci apparaissent lors de moments de joie intense, ou d'amour, il me semble du moins, ne les ayant pas senti depuis bien longtemps, si tant est que ce fusse le cas, l'autre sensation me vient quand l'illusion d'un bonheur prochain est bafouée ou encore en apprenant des choses horribles sur le monde et l'humanité.
Si elles sont opposées, celle-ci est quand même infiniment plus présente.
Si, quand les papillons déploient leurs ailes, nous n'avons qu'à nous laisser porter au gré de leur butinage dans un champ coloré, nous laissant béat, inonder de bonnes humeurs dont nous sortirons après un instant, sans savoir vraiment comment ils sont apparus ni partis. Le "trou noir", lui, s'adonne à aspirer toute émotion, créant un chaos de sentiments en notre for intérieur et ne laissant rien d'autre survenir. Alors, ce sont mille horribles pensées, mille remises en question qui nous enfoncent un peu plus là où il veut nous attirer.
C'est presque insurmontable, on n'en dort des fois plus, on perd facilement le goût de tout, et, que ce soit contre nous ou contre tout autre chose, il en résulte une profonde haine, un dégoût bien qu'aucune réelle réponse.
Il laisse finalement sa trace quand il disparait, quand bien même il disparaitrait complètement. Et alors, les papillons ont bien du mal à venir à nouveau, quand lui, le maudit, nous harasse de plus belle à chaque occasion.
Si bien qu'un jour, il a fait faner les jolies fleurs ornant vos souvenirs, les belles nuances ont terni. Nous errons alors sur un chemin étriqué et sombre où l'air frais caressant autrefois notre doux visage s'est changé en un murmure rauque qui glace le sang de ses paroles d'immondices.
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