Le père noël
Valerian était là, il l'aida à se relever, elle avait enfin retrouvé le chemin de sa maison.
Sa mère l’accueilli avec un sourire et l'aida à ôter son manteau et ses bottes. L'âtre diffusait une douce chaleur qui la réchauffa rapidement, que c'était bon d'être de retour chez elle. Le père noël était là également, la hotte remplie de magnifiques cadeaux dont les papiers aux couleurs chatoyantes illuminaient la pièce.
Henri releva le col de son manteau et souffla sur ses doigts engourdis pour les réchauffer, il devait faire vite s'il voulait passer la nuit au chaud dans le centre d'hébergement d'urgence. Dans sa précipitation, il heurta une masse inerte qui gisait sur le trottoir. Sûrement un chien crevé qui n'avait pas supporté le froid. Le chien se mit à gémir doucement et Henri intrigué épousseta la neige qui le recouvrait. Il s'aperçut alors avec stupeur qu'il s'agissait en réalité d'un enfant, étendu sur le sol, il avait enlevé son manteau et ses chaussures avant de s'effondrer dans la neige.
Henri souleva le petit corps et l'enveloppa d'une vieille couverture qu'il trainait toujours avec lui. Il fallait faire vite, l'enfant devait être en hypothermie et risquait de mourir d'un instant à l'autre. Il frappa à plusieurs portes pour demander de l'aide, mais sans succès, par crainte du vieux clochard crasseux, personne n’ouvrit.
Mais que pouvait-il faire contre l'adversité ? Quand tout le monde lui tournait le dos ? Après tout, cet enfant, ce n'était pas son problème, il n'avait qu'à le reposer où il l'avait trouvé et s'en aller à la recherche d'un abris chaud et confortable. Il repoussa cette horrible pensée de son esprit. Malgré tout ce qu'il avait fait dans sa jeunesse, ce n'était pas un salaud, il avait une conscience, si le destin l'avait placé sur la route de cet enfant, c'était pour qu'il lui vienne en aide.
De l’autre côté de la rue, il aperçut une petite porte en bois peut-être que…
Il sortit des outils de son sac et en quelques secondes, crocheta la serrure pour pénétrer à l'intérieur du bâtiment. C'était très probablement l'arrière salle d'un magasin. En réalité, il s'aperçut rapidement qu'il se trouvait dans « La Caverne d'Ali Baba », un mégastore dans lequel les clients pouvaient acheter de la nourriture, des meubles, des jouets, des outils et même déjeuner dans le restaurant qui trônait à l'étage supérieur. Mais en cette veille de noël, il était entièrement vide et un calme angoissant y régnait, en total contraste avec la cohue habituelle des nombreux clients pressés.
Henri déposa l'enfant inconscient sur le sol et commença à frictionner le corps inerte afin d'en faire jaillir une étincelle de vie.
Le petit visage était pâle, c'était celui d'une fillette qui devait avoir six ou sept ans, la chaleur et les soins apportés par le vieil homme firent rapidement apparaitre de la couleur sur les joues enfantines.
Elle ouvrit les yeux et regarda Henri d'un air étonné.
- Tu es le père noël ? Demanda-elle avec espoir.
Que pouvait-il bien répondre à cela ? « Non, je ne suis qu'un vieux taulard qui a fini dans la rue. Pour survivre, je suis obligé de voler, je ne crois plus à rien et encore moins au père noël ! »
Maya attendait sa réponse à la fois inquiète et impatiente.
C'est qu'avec sa grande barbe blanche de plusieurs mois et son vieux bonnet de laine rouge, il pouvait facilement tromper l'enfant sur son identité.
Il choisit cependant de ne pas lui répondre et la regarda avec un sourire énigmatique qui semblait vouloir dire : « Bien sûr que c'est moi le père noël, mais surtout ne le dit à personne, ça ne doit pas se savoir. »
La fillette le gratifia d'un clin d'œil entendu, elle avait bien compris à qui elle avait à faire.
- Bonjour, moi c'est Maya, mais tu dois déjà le savoir !
- Enchanté Maya. Qu'est-ce que tu faisais dans la neige ?
- Valerian devait venir me chercher à l'école, mais comme il était encore en retard, j'ai voulu rentrer toute seule et je me suis perdue. Puis j'ai retrouvé ma maison et je ne sais pas comment je suis arrivée ici.
- Tu croyais être rentrée chez toi, mais c'était une hallucination !
- Hein, quoi ? Une lucination ?
- Non, une hallucination, c'est quand on croit être à un endroit mais qu'en réalité on se trouve ailleurs.
- Toi aussi tu es une hallucination ?
- Qui sait, peut-être que je ne suis pas réel après tout…
- Tu vas me ramener chez moi avec ton traineau alors ? Demanda la fillette en montrant le centre du magasin.
Henri regarda dans la direction indiquée par la fillette et aperçut un père noël au visage jovial, qui trônait à l'intérieur d'un énorme traîneau regorgeant de paquets cadeaux.
- Non, la magie qui lui permet de voler ne fonctionnera qu'à minuit ce soir.
Maya semblait déçue par la réponse, elle s'imaginait déjà se poser sur le toit de sa maison et faire une entrée triomphale par la cheminée.
- Mais, ce n'est pas grave, nous allons passer le réveillon ensemble et demain, tu rentreras chez toi. Tu crois que tu pourras survivre une nuit sans ta maman ? Tu es une grande fille on dirait !
Maya ravala les sanglots qui l'étranglaient. Après tout, le père noël avait raison, elle avait presque sept ans et pouvait bien se passer de sa famille pour une nuit, surtout pour une soirée avec le père noël !
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