Le conseil de Jean
Elle se trouvait à présent seule sous le jet. Des larmes coulaient au coin de ses yeux c'était la seconde fois en moins de deux heures qu'elle s'était abandonnée à un inconnu, elle n'aimait pas cet homme et pourtant elle y avait trouvé un plaisir intense.
Elle sortit de la douche, enfila un peignoir et alla le rejoindre au salon.
Deux coupes de champagne étaient disposées sur la table.
- Viens boire quelque chose, je pense que tu as besoin de te remettre de toutes ces émotions. C'est la première fois que tu t'offres ainsi à un inconnu, n'est ce pas ?
Elle se sentait de nouveau rougir, comme au tout début de la soirée, lorsqu'il l'avait fixée avec insistance.
- Tu es encore un peu maladroite, tu ne prends aucune initiative ayant pu me satisfaire mais dans l'ensemble j'ai trouvé mon plaisir et à en croire tes plaintes, toi aussi !
Aurore avait l'impression d'entendre l'un de ces profs lui faisant une remarque sur un sujet de dissertation, elle était gênée.
- Je ne sais pas si de nouveau je ferai appel à tes services. Mais tu es tellement jeune que je veux te mettre en garde. Ce que tu as fait ce soir avec moi, tu le referas avec d'autres clients. Ils n'auront pas tous les mêmes exigences que les miennes ; Tu seras pénétrée, attachée, offensée et à leur merci. Un homme qui paie se croit tout permis. Alors ma douce, je te le dis, fais attention à toi. Tu joues à un jeu dangereux ! Tu ne seras jamais la plus forte. Une femme attachée devient très vulnérable et tout peut très vite déraper.
Puis, il lui remit une enveloppe.
- Voilà pour toi 2.000 euros tu les as bien mérités et avant d'accepter une nouvelle proposition, pense à ce que je viens de te dire.
Aurore leva les yeux vers Jean, elle pleurait. À la fin de cette soirée, il venait de lui parler en père. Elle avait tout à coup de l'affection pour cet homme.
Puis, l'enlaçant dans ses bras il lui déposa un baiser très doux sur la joue.
- Allez rhabillez-vous maintenant, je vous fais appeler un taxi par la réception, il est temps que vous rentriez chez-vous. Ne pensez plus à tout ça, dormez paisiblement cette nuit. Demain vous devez avoir cours je suppose ?
Aurore le regardait avec affection.
- Oui, demain matin, j'ai cours. Merci pour tout, lui dit-elle.
Jean se retira dans la chambre afin de laisser Aurore se rhabiller tranquillement. Au bout de dix minutes il réapparu, lui aussi s'était rhabillé, sauf la cravate qui dépassait négligemment de sa poche.
- Voilà je pense que votre taxi doit vous attendre au bas de l'hôtel. La course sera rajoutée sur ma note, ne vous préoccupez pas de cela.
Il aida Aurore à enfiler son manteau.
Elle se retourna et embrassa tendrement Jean sur les deux joues des larmes perlaient toujours au coin de ses yeux.
Puis, la devançant il alla lui ouvrir la porte.
- Allez-y maintenant !
- Vous reverrai-je ?
- Je n'en sais rien, c'est moi qui déciderai. Pour l'instant vous n'êtes pas assez expérimentée.
Ces mots blessèrent Aurore, mais, n'étaient-ils pas prononcés dans ce but ? afin qu'elle ne s'attache pas trop !
Elle s'en alla, prit le couloir et se dirigea vers les ascenseurs.
Jean était désormais seul dans cette suite, il s'assit dans un fauteuil, se resservit une coupe de champagne et pensa à sa petite fille, Lise, elle avait à peu près le même âge qu'Aurore elle aussi était étudiante dans une grande école new-yorkaise. Il regarda sa montre, avec le décalage horaire, il devait être aux alentours de 17 h 00. Il saisit son portable et composa le numéro de Lise. Au bout de trois sonneries, elle décrocha:
- Hello papy, comment vas-tu ?
- Bien ma Lise et toi ? je ne te dérange pas ?
Aurore avait rejoint la réception, elle traversait le hall pour retrouver son taxi. Le réceptionniste la regarda passer. Rien dans son allure n'avait changé si ce n'est le maquillage qui avait disparu.
Elle sortit de l'hôtel, s'engouffra dans la voiture et dit au chauffeur,
- Rue Bobillot dans le 13ème s'il vous plait.
Elle pensait à cette soirée, elle était tiraillée entre la sensation de plaisir qu'elle avait ressentie en s'offrant à cet homme et une certaine répugnance.
Recommencerait-elle une nouvelle expérience ? elle ne le savait pas, pour l'instant c'était trop tôt. Financièrement la somme de ce soir allait l'aider durant quelque temps. Pour le reste, il fallait attendre.
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