1. Enfance coupable
La vie semble parfois s’abattre, sans raison et avec acharnement, sur un être innocent. Certains appellent ça le karma, d’autres la destinée. Est-il si insurmontable de parler de responsabilité, pas tellement celle de notre innocent, encore que, mais celle de ses contemporains ?
Dans un pays dont le nom a été oublié au profit de la misère, une petite fille mal-aimée était élevée dans un couvent. L’enfant n’y était pas malmenée et ne souffrait d’aucune faim ni d’aucune violence, cependant il pesait sur ses épaules un crime qu’elle n’avait pas commis. Fruit du péché charnel d’une sœur et d’un moine. Il fut décidé par les supérieures des deux maisons que l’enfant à naître servirait l’exemple. Car dans la tête de ces simples d'esprit, fort instruits, mais guère intelligents, Dieu avait voulu l’enfant à raison : le péché s’incarnerait en un bébé offert aux Hommes, le mal revêt toujours des traits innocents. Ainsi résonnèrent les paroles entre couvent et monastère. Il fut décidé que si l’enfant était une fille, elle resterait au couvent, et s’il était un garçon, il serait envoyé au monastère.
Les mois passèrent et l’enfant naquit, envoyant sa mère dans la tombe et son père dans la folie. L’un comme l’autre n’avait pas résisté à la pression religieuse de leur maisonnée, mais c’est sur l’enfant que la faute fut portée. Il fut décidé que l’enfant pécheur porterait le nom de Lilith, qui lui allait si bien.
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