2. Le père Gabriel

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Le bébé grandit et fut promené de lieu en lieu pour être exhibé. Elle était crainte, elle était le péché. Grandir sans amour et accusée du crime dont elle était victime fit de Lilith une enfant renfermée et émotionnellement instable. Tout la renvoyait à son malheur, sa conception honteuse, sa naissance coupable et son prénom maudit. Son histoire, elle la connaissait par cœur, des années qu’on lui répétait, des années qu’elle servait d’animal de foire à la sortie de l’église afin qu’elle soit la dernière chose que puissent voir les fidèles, le péché. Tous s’écartaient sur son chemin tandis que les larmes dégoulinaient sur ses joues d’enfant. Il y a longtemps qu’elle était devenue silencieuse, longtemps que Lilith avait compris que ses cris faisaient fuir les passants, que son regard les faisait trembler. Voilà pourquoi désormais c’est les yeux fermés qu’elle acceptait sa sentence, mais la cécité n’empêche pas les larmes. De retour au couvent l’enfant se vit offrir son repas par les sœurs, comme à l’accoutumée, mais au lieu d’être reconduite à son lit la mère supérieure la porta devant un religieux, qui pour la première fois ne montra ni dégoût, ni méfiance à son approche. Quelque chose de différent habitait ses yeux. Il salua l’enfant qui ne sut quoi répondre devant ce comportement qui lui était étranger, alors il s’agenouilla devant elle.

- Bonjour, Lilith, je suis le père Gabriel et je suis médecin. J'ai longuement discuté avec la mère supérieure et elle est d’accord pour que tu viennes avec moi. Nous partirons dans quelques jours le temps que j’organise notre voyage. Cela te convient-il ?

N’ayant pas plus de réponse de l’enfant, il n’insista pas. Promettant de venir la voir les jours suivants. Le père Gabriel tint parole. Ensemble ils promenèrent dans le jardin des sœurs, il lui fit quelques lectures mais jamais Lilith ne réagit, se contentant de suivre docilement le religieux comme il lui demandait. Il était malheureux de voir cette petite si vide, il connaissait son histoire et espérait lui faire oublier, mais il est difficile de créer un lien affectif avec une enfant qui en a été privé toute sa vie. Cependant, abandonner n’était pas dans sa nature et tandis qu’il continuait à organiser leur départ prochain, une idée s’imposa au détour d’une rue.

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