Au matin du troisième jour, Lilith donna des signes de rétablissement. Sa fièvre était tombée dans la nuit, lui permettant de recouvrer la lucidité. Elle était amaigrie, pâle et faible, mais vivante. On pouvait en dire autant du religieux.

- Pour la énième fois, Messi, j’ai dit non !

Derrière la porte de la chambre de Lilith, un nouveau gémissement se fit entendre en réponse. Voilà des jours que Messi pleurait, quémandait, veillait derrière cette porte, qui restait hermétique à toutes ses tentatives. Le Père Gabriel en avait mal au cœur de voir ce pauvre chien l’âme en peine, mais il ne pouvait définitivement pas lui autoriser les visites, de crainte de remettre en question le rétablissement de la petite. Son état s’améliorait, lentement.

- Je n’ai pas le droit de le voir ? Demanda Lilith la voix faible.

- Non, Lilith, c’est Messi qui n’a pas le droit de te voir. Il pourrait être un obstacle à ta guérison.

Lilith tourna la tête en direction des nouveaux pleurs qui se firent entendre en réaction à leur échange. Elle baissa la tête attristée. Pris au piège entre les deux suppliciés, le père soupira et rendit les armes.

- Bon, juste un instant alors. Mais pas plus !

Il ouvrit la porte, attrapa Messi au vol pour qu’il ne saute pas sur Lilith et l’emmena près d’elle, sur la chaise. Le chien donna de grands coups de langue aux bras qui le serraient. Faisant la fête à son amie, se pressant contre elle en levant la tête vers son visage. Cabriolant et virevoltant pour essayer de s’approcher plus encore. Lilith éclata de rire.

- Il semblerait que le remède soit efficace, mon Père. Lui glissa l’hôtesse en entrant dans la chambre, les mains chargées, comme à son habitude.

Sous l’insistance de ses hôtes, le Père autorisa Messi à rester avec la malade. La présence du chien apaisait ses nuits, occupait ses journées, lui libérait l’esprit de cet enfermement nécessaire et l’aida à retrouver l’appétit. Il dut bien admettre, les jours suivants, qu’à son contact le rétablissement de Lilith s’accélérait.