19. Aléa Climatique

3 minutes de lecture

Voilà huit jours qu’ils avaient repris la route et leurs habitudes de voyage. Ils n’étaient plus très loin de leur destination, le camp militaire à la frontière nord. Encore quelques jours et ils pourraient poser bagages. Au loin, un orage menaçant obscurcissait le ciel. Le soleil était loin d’avoir terminé son parcours mais, par sécurité, le religieux préféra s’arrêter pour la journée dans un endroit abrité. Tandis que la pluie commençait à les rattraper, ils demandèrent l’hospitalité dans un monastère qui eut la bonne idée de se trouver sur leur route.

- Tenez, prenez ces serviettes, leur offrit un moine. Le Père supérieur a été averti de votre arrivée, il viendra vous voir dès ses obligations achevées sourit-il.

- Je vous remercie, mon frère, mais nous ne voulons pas déranger vos habitudes.

- Non, au contraire, nous avons rarement de la visite et celle-ci est toujours un plaisir.

Le Père Gabriel séchait vigoureusement Lilith dont les cheveux dégoulinaient dans son dos, l’ébouriffant au passage. La voir mouillée n’était pas pour lui plaire, surtout après sa convalescence. Messi, de son côté, s’ébrouait vivement.

- On m’a dit que nous avions de la visite, résonna une voix chaleureuse derrière eux. Bonjour, Père Gabriel, je présume. Qu’est-ce qui vous amène chez nous ?

- La pluie, je le crains, mon Père. Loin de moi l’idée de vous importuner, mais la petite était souffrante il y a peu. Et j’ai peur que cette pluie ne lui soit plus néfaste encore que le froid ne l’a déjà été.

- Ciel, je ne t’avais pas vu, mon enfant. Vous avez bien fait, mon ami, il serait fort dommage que notre Seigneur rappelle à lui une si jeune enfant. Venez avec moi, je vais vous accompagner dans votre chambre et je vais faire prévenir les sœurs, afin qu’elles préparent une chambre pour la petite, au couvent juste à côté.

Lilith leva des yeux terrifiés vers le père, accrochant son vêtement tout en se retirant de la vue du Père Supérieur, à moitié cachée derrière son bienfaiteur.

- Non, je vous remercie, mon Père, mais ce ne sera pas nécessaire de les déranger, Lilith est encore convalescente, mentit-il, je préfère pouvoir être auprès d’elle afin de rester au fait de son état.

- Je comprends, sourit le doyen. Le repas sera servi en fin de journée, après les vêpres, en attendant vous êtes ici chez vous, dit-il en ouvrant la porte de la chambre. Je vais maintenant être obligé de vous laisser, mon devoir m’appelle.

Le père Gabriel réitéra ses remerciements. Il était encore tôt et il décida d’aller à la bibliothèque, profitant de l’occasion pour faire son cours de lecture quotidien à Lilith, qu’il trouva peu à son aise.

- C’est de te retrouver dans un monastère qui te met dans cet état ?

- Non, pas vraiment, je n’aime pas les orages. Les sœurs disaient que la colère divine s’abattait sur le couvent par ma faute, comme au jour de ma naissance.

Mais de quoi cette pauvre enfant n’avait-elle pas était accusée dans ce couvent ? Se demanda le Père. Qu’est-ce qu’avaient pu lui raconter les nonnes durant toutes ses années à son sujet ?

- Lilith, que sais-tu au sujet de ta naissance ? Demanda-t-il plus sérieux que de coutume.

- Seulement que ma mère était une sœur et mon père un moine, répondit-elle tout bas, en baissant la tête.

C’était douloureux pour Lilith, car on lui avait toujours fait ressentir qu’elle devait avoir honte de ses origines.

- C’est tout ? S’étonna le religieux.

- Oui, c’est tout, répéta-t-elle tristement. Je n’ai jamais pu obtenir plus au couvent, ni même savoir leur nom. Les sœurs ne m’adressaient que rarement la parole, elles m’ont seulement dit que j’avais aspiré la vie de ma mère quand elle m’a mis au monde, quant à mon père…

- Qu’ont dit les sœurs à son sujet ? L’encourageât-il, intéressé.

- Qu’il avait sombré dans la folie, par ma faute et avait quitté le monastère.

Le père Gabriel resta pensif un moment, absorbé dans ses réflexions.

- Mon Père, se pourrait-il qu’il soit encore en vie ?

Ses yeux se plantèrent dans ceux de Lilith, incapable de répondre. Qu’aurait-il pu lui dire ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 6 versions.

Vous aimez lire Clarisse ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0