43. Jugements parallèles

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- Elle a raison. Tout est vrai. « La vérité sort de la bouche des enfants », comme on dit, cita-t-il en feignant de rire. Les traits tordus par la douleur et le chagrin.

- C’est la tristesse et la colère qui lui ont fait tenir de tels propos. Vous le savez très bien.

- Colère ou pas, ça ne change en rien leur véracité. Et vous le savez très bien vous aussi.

- Si vous étiez resté jusqu’au bout, vous…

- Je quoi ? J’ai quitté l’Église pour fuir mes erreurs. Je suis devenu médecin pour payer ses erreurs. Mais ça n’a pas marché, ma conscience m’a rattrapé. Alors qu’est-ce que j’ai fait? Je m’en suis retourné vers l’Église affronter ma conscience et…

- Et quoi ? S’emporta le général. Le monde se porterait beaucoup mieux si nous avions tous le courage d’admettre nos erreurs, de les regarder en face et d’essayer de les racheter. Vous vous en voulez de quoi ? D’avoir fui, avant de regretter ? Certains passent leur vie entière à fuir. C’est plus facile de fuir. Il garda le silence un moment et reprit plus apaisé. Et ce n’est pas ce que vous avez fait jusqu’ici. Alors, ne gâcher pas tous vos efforts.

- Comment voulez-vous que je rattrape quoi que ce soit désormais. Elle a compris l’homme que j’étais. Un homme loin de la sainteté et bien loin d’être sans reproche.

- Personne ne vous demande d’être un saint. Pas même Lilith. Tout ce qu’elle a dit vous a bouleversé, car ce n’est ni plus ni moins que les reproches que vous vous faites vous-même à longueur de temps. Je me trompe ? Vous avez en horreur cette part de vous-même, celle de l’homme qui a failli. Et vous pensez que vos pairs, que Lilith, en pensent autant.

Le père Gabriel ne put répondre à cette attaque. Il se prit la tête dans les mains. Le cœur au bord des lèvres.

- Si vous saviez comme vous vous trompez, soupira le général.

Après un silence, il reprit.

- Lilith n’a pas un jugement si intransigeant à votre encontre. Elle a peur. Peur de l’abandon. Elle croit que vous voulez l’éloigner de vous. Elle pense être la piqûre de rappel des erreurs commises. Elle pense être de nouveau Lilith, La Démone. Lilith qui incarne le péché à la face de tous ceux qui la regardent. Elle croit que lorsque vous la regardez, vous voyez vos fautes qui vous poursuivent. Elle est persuadée que vous voulez vous débarrasser d’elle, car désormais vous avez racheté vos erreurs et que vous utilisez notre départ comme prétexte.

- Mais c’est faux, voyons ! Sursauta l’intéressé.

- Moi je le sais. Tout le monde le sait. Mais elle l’ignore.

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