48. Héritage

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Lilith releva les yeux de la lettre, encore pas très sûre de ce qui lui arrivait et son regard s’agrippa au paquet posé au milieu de la table.

Il n’était pas bien grand, pas bien riche. Juste une petite boîte en bois brut, toute simple, sans ornementation, ni même peinture. Une petite boîte en bois foncée et terne, usée par le temps. Tout ce qu’il y a de plus simple. Elle était fermée par deux rabats, encore plus abîmés que le reste. On devinait l’usure du mécanisme, qui résistait encore malgré des ouvertures intempestives. En dépit de son âge avancé, le contenant ne semblait avoir subi que des dommages mineurs, celles des affres du temps. Aucun coup n’avait été porté au bois, aucune tache de graisse ne rompait la monochromie de la matière, qui n’était pas même recouverte d’une fine couche de poussière.

À cet instant, la notion du temps devint confuse. Son esprit démêlait avec timidité et non sans hésitation, ce que signifiait la présence de ce paquet ici. La lettre, toujours dans sa main, se faisait plus lourde. Ses yeux allaient et venaient, de la lettre au paquet. Du paquet à la lettre. Lilith l’avait lu bien sûr, mais à la troisième personne. Comme si ce qui y était écrit ne la concernait pas elle, Lilith, mais une autre. Comme si elle était le témoin extérieur à tout cela. La réalité physique de cette boîte sur la table, cette même boîte dont il était question dans la lettre, eut l’effet d’un électrochoc. Soudain, tout devint clair, tout devint réel. La compréhension se peignit sur son visage, mais aucun son ne sortit de sa bouche entre-ouverte devant l’inimaginable devenue réalité. Ses yeux écarquillés se posèrent fixement sur l’objet. Avec une lenteur démesurée ses doigts se tendirent dans sa direction et s’arrêtèrent au-dessus, sans le toucher. Elle ne put d’ailleurs s’y résoudre à cet instant et se hissa sur la table pour se rapprocher du paquet. Dans ses yeux, la surprise, la stupéfaction avaient laissé place aux doutes. La toucher ? Ne pas la toucher ? Plus terrifiant encore, l’ouvrir ? Ne pas l’ouvrir ? Elle se pencha prudemment afin de regarder de plus près les nœuds et les dessins qui s’épanouissaient sur toute la surface. De sa main libre, l’autre tenant toujours la lettre, elle effleura le paquet du bout du doigt. Il était lisse et froid. C’est à peine si quelques défauts du bois se faisaient ressentir. Pourtant, la sensation la secoua, son cœur battit une cadence plus forte et plus rapide. Son sang s’accélérait dans ses veines, l’assaillant par vague. Chaud. Froid. Enfin, un sentiment nouveau se fit pressant. Un besoin viscéral de savoir. Un besoin qui ne l’avait jamais quitté depuis sa plus tendre enfance et que Lilith s’était obligée à faire taire depuis toutes ces années, revenait en elle avec violence et empressement. Doutes, peur, inquiétude, tout disparu soudain. Lilith souleva un rabat après l’autre.

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