Lueur

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Elle ne savait plus depuis combien de temps elle était là. Le temps passait et ses élans envers le Monstre n'étaient que de plus en plus rabroués. Une fois elle était venue visiter la Jolie avec son Mari, consciente que ce dernier ne croirai pas la jeune fille qu'il voyait comme un monstre et le Monstre comme sa femme. La Jolie aussi en avait conscience, mais le pire se fut de voir le Monstre jouer la comédie de l'empathie et de la compassion, elle en avait vomit. Un être aussi froid, sournois et fourbe l'emprisonnait et se jouait de son époux qui restait aveugle. Elle en devenait folle, accablée par ces semaines, peut-être mois, d'enfermement et de harcèlement moral, émotionnel, elle se sentait à bout, prête à se jeter sur le Monstre pour le tuer à tout moment, une bonne fois pour toute. Pourtant il y avait encore cette petite voix qui lui disait que cela la briserait, qu'elle aurait ce meurtre sur la conscience pour toujours et ne serait plus jamais la même. Elle ne voulait pas y perdre son âme, aussi vulnérable qu'elle était à cette heure, elle gardait toujours foi en ses principes de bonté, de bienveillance, de tolérance, malgré la colère qui la rongeait souvent. Elle tentait de se concentrer sur la solution, sur une puissance superieure qui lui viendrait en aide une fois qu'elle aurait tiré leçon de se qui se jouait ici. Car la Jolie ne croyait pas au hazard, elle croyait aux rendez-vous, à l'experience dans l'épreuve, à l'élévation de l'âme par l'humilité, la sagesse, l'abnégation, et plus que tout, l'amour. Car si son mari ne pouvait la voir telle qu'elle était physiquement, il pouvait se douter que celle qui prétendait être sa femme ne l'aimait pas pour ce qu'il était mais pour ce qu'il pouvait lui donner: son salut. Mais les êtres anges avaient été clairs, cela ne serait en aucun cas, le Monstre trichait et même si le Mari de la Jolie pouvait lui donner de l'amour dans cet état de confusion, ce n'était pas ce coeur là qu'il chérissait, ni cette âme, c'était la sienne. La Jolie espérait de tout coeur qu'il se rende compte de la supercherie, qu'il ouvre les yeux, enfin. Après tant de choses vécut ensemble, elle était tout de même un peu amer que cela ne soit pas déjà fait. Elle priait sainte patience et se concentrait sur la méditation, visualisant de son mieux ce vers quoi elle voulait aller: rentrer chez eux, avoir des enfants et continuer d'évoluer dans sa communauté. Retrouver le jardin et les chiens, la rivières, les collines, les sapins. Une vie simple et heureuse, où tout le bonheur se faisait de petits riens. Un jour, l'espoir se raviva, son Mari vint la voir un soir. Il entra, prudent tout de même, ferma à clefs par sécurité et s'installa en tailleur en face d'elle. La Jolie devait contenir sa joie, elle avait tant envie de le prendre dans ses bras, de l'embrasser, de lui révéler toute la vérité, et tout deux s'en irait. Mais ce qu'il voyait était un monstre, elle le savait, elle devait se contenir et attendre, encore, qu'il soit prêt.

" Bonsoir.

- Bonsoir. Répondit-elle la voix tremblante.

- Tu dois être fatiguée d'être ici, ça doit être difficile d'être enfermé dans son propre chateau sans pouvoir en jouir. Elle eut un petit rire ironique.

- Pour tout avouer, je ne m'y suis jamais vraiment sentie chez moi...

- Peut-être que cela changera, nous faisons quelques travaux afin que ce lieu soit des plus agréables à vivre. Tu en seras ravie j'en suis sur, quand tu pourras sortir.

- Ton épouse émet des réserves? Cette question lui avait coûté.

- Tu m'as tout de même enlevé et enfermé, c'est normal qu'on se préserve.

- Vous vous projetez ici aussi?

- Je... Enfin.. j'aimerai que nous rentrions chez nous. Elle eut du mal à se retenir. Notre cabane dans les bois me manque, mon atelier et nos canidés... Je... Ma femme est... Comment dire...?

- Oui? L'encouragea-t-elle.

- Elle se projette ici, elle voit cela comme une opportunité d'avoir un statut plus élevé et de créer une communauté que l'on gouvernerait. La Jolie voulait lui hurler dessus, comment pouvait-il croire que ces rêves étaient les siens? Il lui donnait le sentiment d'avoir été une inconnue.

- Ce n'est pas ce que tu veux?

- Je désire une vie simple et heureuse, entouré d'enfants, d'animaux, avec mon amoureuse... Ce qui est étrange aussi, c'est sa nouvelle énergie, elle est devenue autoritaire et téméraire, elle veut toujours tout faire, donc nous travaillons beaucoup et ça me fait arrêter de penser, ce qui n'est pas si mauvais.

- Être coupé de son ressentis et de ses émotions, tu trouves cela correcte toi? Il y eut un silence alors qu'il la dévisageait. Elle avait été agressive, elle le savait, mais son ignorance l'insupportait.

- Vous aimez être ici, vous, passez votre vie à gamberger?

- Si j'avais plus de liberté, je ferai certes d'autres choses, mais oui, jamais je ne m'arrêterai. Il me semble essentiel de se poser des questions, de se tromper, d'y réfléchir, puis faire mieux à l'avenir. D'apprendre à se connaître en profondeur, d'agir alors en fonction de son coeur. Elle baissa les yeux alors qu'il la scrutait. Elle parlait comme elle l'avait toujours fait, avec honnêteté et franchise sur ce qu'elle pensait et ressentait.

- Je dois partir. Dit-il en se levant brusquement. Elle eut envie de mourir, si proche et loin de son amant. Je reviendrai." Lorsqu'il ferma la porte, il resta un moment immobile, devant. Elle laissa couler quelques larmes, de douleur, mais aussi de soulagement. Il était troublé, s'il revenait, il verrait peut-être enfin la vérité.

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