Révélation

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Son Mari venait dorénavent la voir plusieurs fois par semaines, il lui apportait des livres, de quoi écrire, des fruits ou des vêtements. Parfois il ne faisait que passer, à d'autres moments il s'installait et ils discutaient. Petit à petit leur relation redevint presque celle qu'ils avaient avant son départ, complices, gais, tendre, mais il était encore distant, parfois hagard. Le Monstre était de plus en plus méchant et mesquin avec elle, venant parfois avec le jeune homme, elle rabaissait la jeune fille et rusait pour rendre sa captivité plus cuelle. Elle parlait ouvertement des activités qu'elle entreprenait avec son mari, les ballades, les activités manuelles, les livres qu'ils lisaient, les animaux dont ils s'occupaient, les récoltes de miel. Elle feignait toujours la compassion et l'empathie, parfois promettant au Monstre-Jolie qu'un jour ils pourraient peut-être la laisser sortir, que le traumatisme était encore trop présent pour le moment, mais cela allait finir. La Jolie savait qu'elle mentait, et pourtant elle ne pouvait pas la confondre, à cause de l'illusion que le Monstre avait mit en place, l'image qu'elle rendait au monde. Elle était prisionnière aussi moralement. Et les récits la désespérait, la mettait au tourment. Car la Jolie était une personne qui avait besoin d'être dehors, près de la nature, en contact avec elle, les animaux, les humains, la chaleur des corps, et surtout, elle avait besoin de l'homme qu'elle aimait, de sentir autour d'elle ses bras forts. Elle écrivait beaucoup alors, s'échappant de sa cage en fantasmant des vies d'aventures et de paix, d'amour infini, loin de ce chateau maudit. Et puis le jeune homme ne vint plus. Le Monstre lui apportait ses repas et l'ignorait. Quelque chose s'était passé. Elle appela les Êtres Anges comme elle pu, de toute son âme, à voix basse, afin qu'il lui conte ce qu'ils avaient vu, savoir enfin ce qu'il se passe. Ces derniers furent longs, mais une fois arrivés, ils débarquèrent pleins de victuailles, de sourires affichés, de nouveaux livres et, la Jolie en eut les larmes aux yeux, de la peinture à l'eau, rouge, jaune et bleu.

" Où donc avez-vous trouvez tout ces beaux cadeaux?

- Nous nous sommes servit au chateau, notre cohabitante est souvent absente ces derniers temps. Lâcha un des lutins.

- Ah oui? Savez-vous pourquoi justement? Demanda la jeune femme.

- Il y a eut un incident, quelque part, et elle a du allé aider un ami. Elle a donc plongé dans un profond sommeil ton cher mari afin qu'il ne se doute de rien. Rassures-toi, il va bien. Révéla le chiot.

- Le Monstre de ce chateau a des contacts à l'exterieur? Elle ne s'y attendait pas.

- Et bien, disons que cette malédiction de malheur est plus répandu que nous l'avions cru... Répondit la chatte, énigmatique.

- Vous voulez dire... Un autre Monstre?

- Exact! S'exclama un lutin. Un homme, mieux encore, un qu'elle connaissait avant qu'ils ne furent tout deux maudits. Ca, ça nous donne de bonnes raisons de faire la fête aujourd'hui!

- Parce qu'ils pourraient se libérer l'un l'autre! Comprit la Jolie, qui fut alors remplit de joie. C'est fantastique!

- Oui... Enfin... Ils sont tous les deux aussi caractériel et aigris l'un que l'autre, ce n'est pas demain qu'on sera libéré de ces formes mortels, mais bon, il y a de l'espoir." Sur ces mots, un autre Lutin déboucha une bouteille d'hydromel et versa le contenu dans plusieurs verres pour trinquer. La Jolie imaginait déjà l'amour des deux monstres s'épanouïr, les guérir de leurs malédictions, et plus encore, et alors elle pourrait retrouver son mari et ils rentreraient chez eux. L'angoisse la tenaillait pourtant, plus sourde que ces derniers jours cependant, mais elle ne savait encore combien de temps elle pourrait tenir ici sans devenir folle. Ses pensées la menait parfois vers des idées qui ne lui ressemblait pas, une envie d'en finir avec cette situation qui la torturait, à telle point que la mort lui semblait presque une douce possibilité pour la clore. Puis elle se souvenait de tout ce que la Vie offrait, des yeux et des sourires de son mari, des rires avec ses amies, de la beauté des arbres et du soleil, de l'art et de ses merveilles. Elle respira profondément, plusieurs fois en fermant les yeux, puis les rouvrit et se joignit aux autres qui semblait si heureux. Lâcher prise sur les tourments, profiter de la vie un moment.

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