La pause déjeuner de la mi-journée est l'occasion de rencontrer ses collègues revenant du Midi autour d'une bonne mie de pain. Divers services innovateurs, entre amateurs et novices, partagent délices et saveurs, prémisses à une discussion en profondeur. L'oasis jaseur est un artifice trompeur, car viennent soudain les malins railleurs. Notre tablée était divisée entre collaborateurs féminins et masculins, et ces derniers, éhonté chauvins, vilains dénué d'un once de bonté, évoquèrent à dessein le foot féminin, afin de tancer ces beautés effarouchées.

Ainsi, après avoir fini leurs bières, les affreux footeux, d'un air très fier, montrèrent à leur vénusiennes comparses, la vidéo d'entraînement de l'OL (féminin) , étouffant quelques ricanements : c'était une farce. Les attaquantes, si professionnelles qu'elles fussent, ne cadraient aucune de leur frappe. L'effet comique était effroyable, les meilleures joueuses au monde, cinq fois championnes d'Europe, incapables d'accrocher le cadre, si bien que nous, impitoyables moqueurs, se délectaient de leurs misérables erreurs. Mais, la pitié et l'humilité, la diplomatie et le tact de l'autre, mirent sous peu un terme ces effusions d'un humour aussi lourde qu'un pachyderme.

Néanmoins, une vérité se fit jour, à mon sens. Premièrement, nos collègues femmes ne nous tinrent pas rigueur de ces rires tapageurs (compensés il est vrai par quelques discours louangeurs), car elles admettaient qu'il était vain de comparer les performances des deux sexes. D'autre part, j'ai remarqué que la totalité des hommes suivaient le foot (masculin) avec une certaine régularité: l'un soutenait les Lyonnais, l'autre Montpellier, et moi le PSG.

Ce n'était le cas d'aucune des femmes avec le foot féminin. D'ailleurs, les hommes connaissaient ce dernier bien davantage, les dames ne s'y intéressant que durant le Mondial.

De là découlent, à mon sens, les différences de notoriété, de popularité, d'opulence et de prospérité entre les deux disciplines et non d'une prétendue inégalité . (Sans doute la relative nouveauté du foot féminin et donc son déficit d'histoire, de légendes et de mythes).