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C'était une plaine tout ce qu'il y avait d'ordinaire. Une vaste étendue herbeuse, agrémentée de quelques bosquets par ci par là, on apercevait même de la fumée s'échapper des cheminées qui composaient un petit village à l'est. Le vert était la couleur dominante à perte de vue. Des touches brunes formées par le feuillage fatigué des arbres se faisaient toutefois remarquer. Tout ce paysage bucolique n'était qu'un enchantement pour les amoureux de la nature. Le chant de quelques oiseaux se faisait entendre d'un bout à l'autre de la plaine. Ils étaient tous guillerets et le communiquaient au monde. On entendait également la chanson joyeuse de la petite rivière qui serpentait à l'intérieur de la plaine.

Mais cela ne dura pas.

Soudainement, le bleu si pur, si profond du ciel pâlit. Il devint d'un bleu délavé puis tira rapidement sur le blanc quand des nuages vinrent le coloniser. De fortes bourrasques manifestèrent leur arrivée aux paisibles habitants de la vallée. Animaux et humains frissonnèrent de concert à ce changement brutal de température. Enfants et vieillards, plus sensibles et fragiles au caprice du temps, firent éclater un concert d'éternuements. Tous les êtres vivants qu'ils marchent sur deux ou quatre pattes, qu'ils aient des plumes ou des écailles regagnèrent leurs chaumières, terriers ou nids pour tenter de se mettre au chaud. Était-ce déjà cette période de l'année ?

Au sud, les nuages d'un blanc à présent étincelant déversaient leurs larmes sur les bois. La forêt d'Arval se couvrit rapidement d'un épais manteau de neige qui fit trembloter les arbres. La mélodie de la petite rivière se brisa et se changea en une complainte alors que les eaux se figeaient. La chute de la neige progressait de manière régulière vers le nord. Mètre après mètre, elle gagnait du terrain de façon méthodique et préméditée. Cela était son œuvre. Exactement en dessous de la tempête se déplaçait une fine silhouette.

Il s'agissait d'une femme. Elle avait l'apparence d'une jeune fille d'une vingtaine d'années mais cela faisait à présent des millénaires qu'elle foulait cette terre. Ses cheveux étaient tellement blonds qu'ils se confondaient presque avec la couronne de givre qui ceignait son front. Elle portait un léger manteau blanc de fourrure et en dessous, on pouvait apercevoir une robe fluide de couleur bleue pâle. On ne pouvait apercevoir ses pieds mais au son de la neige qui crissait sous ses pas, on devinait qu'elle se déplaçait pieds nus.

À chaque emjambée qu'elle faisait, elle recouvrait les cieux et la terre d'une blancheur éclatante. La neige non foulée autour d'elle était magnifique, toute lisse et brillante. D'ailleurs, les empreintes de la jeune femme étaient vite recouverts par les flocons qui tombaient derrière elle. Aucune trace de pas n'était visible sur l'étendue blanche.

Elle allait vers le Nord. C'était le moment, elle était attendue. Des légers crissements vinrent troubler le silence de sa traversée. Les sons chantaient à son oreille, ils étaient mélodieux par la régularité et le soupir de la neige qu'il s'enfonçait. La jeune femme sourit toujours en regardant droit devant elle. Quelque chose d'une douceur incomparable frôla sa main en ronronnant. Elle caressa la tête soyeuse du léopard des neiges dont le pelage blanc tacheté de noir se mariait admirablement avec la neige. Ensemble, ils continuèrent leur cheminement vers le Nord ; laissant derrière eux un monde immaculé.

Elle était l'Impératrice de l'Hiver et avait une mission à mener à bien.

« Winter is coming »

A Song Of Ice and Fire