Le chant d'Ullstaé
L'imparfait rode, il passe en mes terres, empoisonnant mon air, buvant à mes sources. Il vit sous les peaux inadéquates, il respire en des cités trop grandes pour moi, il est en des milliers d'yeux et ils me regardent. Je vois des jugements d'insectes observant la divinité, observant le parfait, observant ma personne. Ah, il me teinte et me porte atteinte, l'imparfait m'attaque par son existence. Sans ses idoles mouvantes, ses bipèdes portant les étendards du laid et du répugnant, la perfection régnerait car seul je serais. On me l'a promis, si je les extirpe de ce monde, on me donnera des semblables, des êtres idéals, je n'aurais à vivre entouré de monstrueuses créatures parodiant ma forme. C'est une tête, c'est un chant qui me l'a promis. Je l'ai vue descendre des cieux par une porte dans la Lune. Elle était entourée de quinze têtes braillardes et ignobles. Je vis mon visage en ses traits, je vis ma solitude en ses yeux et j'entendis mes désirs en son chant et je vis ma liberté en ses mots. Et je pris armes et pierres et je me mis en chasse de l'imparfait et je mis les flammes aux dégoutants, aux malformés, aux abjects, aux humains. Et les villes sont vides et les rues sont silencieuses et les forêts sont solitaires et je suis seul et j’attends ma récompense et le chant s'arrête. Je regarde la créature et je vois la tête d'Ullstaé et je vois un miroir. Et je parle et j'implore et j’entends en ma voix son chant. La Fin est arrivée.
Ainsi vit Le Rat en passant.
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