Il existe des mondes, des univers en chaque homme. Des lieux de chaos et de troubles où de tempêtes intérieures ravagent la pensée, brisent la raison et empiètent le bon fonctionnement de la logique. Ces tempêtes, on les nomme émotions, sentiments. Elles sont filles de perception et la perception nous ment. Comment croire la vision quand elle ne nous montre qu’une infime fraction de la réalité ? Comment faire confiance à l’ouïe, au toucher, au nerf et au corps ? Ils sont limités, imparfaits, aveugles à la complexité du monde. Les sentiments sont faux par essence. Et les sentiments sont l’essence de l’empathie. L’empathie, cette voix qui nous nargue, qui nous pousse à penser à l’autre, à agir pour un bien qui ne l’est. Le bien. Le bien n’est pas l’autre, le bien est le groupe, le bien est l’espèce, le bien est nous, et non moi ou toi. Une tête me l’a dit, une tête sans visage sur une créature aux seize têtes. Elle m’a chanté le bien et comment l’atteindre. Il faut abandonner les sentiments, abandonner un poids qui coule notre espèce, il n’est pas ancre, mais pierre attachée à nos pieds. Il faut parcourir les chemins de la raison, appliquer la logique au monde et non plus voir au travers de teintes sentimentales. Tous les sacrifices sont accomplis, toutes les nécessités rassemblées, les désirs mis à bas, les problèmes résolus. Et le chant s’est arrêté, la Fin disparut par une porte dans la Lune et nous sommes seuls. Notre monde est usine, notre espèce machine, nous ne connaissons ni fin, ni début, nous ne connaissons ni but, ni sens. Nous sommes, éternellement. La Fin à disparu.

Ainsi vit Le Rat en passant