Chapitre 10

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Je passe récupérer Lucy. Ça m’a fait plaisir de revoir Rita.

Je m’arrête devant la brasserie.

Elle rentre dans la voiture sans dire un mot.

Je brise le silence.

- J’ai eu du flair sur ce coup… On sait par où commencer...

Du moins je l’espère. Sinon je serai obligé de revenir interroger les filles.

Faut y mettre du sien si on veut arriver à ses fins.

On arrive à l’adresse indiquée par Rita. C’est un vieil immeuble.

Devant la porte, on échafaude un plan.

- Tu y vas toi, il sera plus coopératif devant une jolie fille que devant un lapin, je dis à Lucy d’un air amusé.

Elle me regarde sans piper mot et frappe à la porte.

Je me cache à côté.

La porte s’ouvre, un petit vieillard pointe le bout de son nez.

- Oui ? C’est pourquoi ? dit le vieux.

- Bonjour, vous êtes bien Barney ? demande Lucy avec une voix sexy.

- Euh, oui, on se connait ?

- Non, mais je suis une amie de Carol.

- Carol ? Barney écarquille ses yeux.

- Elle m’a beaucoup parlé de vous, je peux entrer ?

Barney tout gêné, regarde derrière lui.

- C'est-à-dire que je m’apprêtais à partir et…

- Et tu vas aller nulle part, je lui dis en poussant la porte et tirant le vieux dans son appart.

Lucy nous suit et referme derrière elle.

En effet il était vraiment prêt à partir, une valise à moitié remplie traine sur son lit. Je mate un peu la piaule, c’est propre.

Un détail m’interpelle.

Je vois sur le buffet une cassette vidéo. Je la prends.

Ouvre la jaquette. Un récépissé.

Elle a été louée au Eighties. Drôle de coïncidence, on tient notre homme.

- Je vois qu’on a ses habitudes.

Je lui balance la jaquette en pleine gueule.

- Tu fais partie de « L’équipe » Wash est mort, les rats quittent le navire ! je dis en pointant du doigt sa valise.

Barney me pousse et tente de prendre la fuite.

Lucy se met au milieu et le stoppe en lui chopant l’oreille.

- Nan nan nan, tu restes ici.

Barney se débat, je l’attrape par le col de sa chemise. Bizarre il fait plus jeune tout à coup.

Mais carrément, c’est plus un petit vieux que je tiens mais un jeune adulte, à peine la vingtaine, qui se dégage et me file un coup de coude dans le pif.

Ça fait mal, je suis sonné mais ça va il n’a pas l’air d’être cassé.

Je comprends maintenant ce que voulait dire Rita. Le gars a rajeuni de quarante ans en deux secondes.

Je suis un peu groggy, Lucy regarde le type se barrer sans réellement comprendre ce qui s’est passé.

- Attrape-le, merde ! je hurle.

Elle file un croche-patte à Barney qui se mange et s’écrase par terre sur le palier.

Je me relève et me jette dessus. Lucy couvre mes arrières. Je me venge du coup de coude et lui enchaine deux patates.

Une femme, alertée par le bruit sort de son appart et hurle.

- Mais ça va pas ! Je vais appeler les flics ! Comment vous pouvez vous en prendre à un enfant !

Un enfant ?

Barney a profité de la diversion pour partir …

À quatre pattes. Il a encore rajeuni. C’est impressionnant. C’est maintenant un Barney de deux ans maxi qui crapahute dans le couloir.

Lucy rassure la dame.

- Ne vous inquiétez pas, on s’amuse, ça paraît un peu brutal mais le petit adore ça.

La dame excédée, claque sa porte et s’enferme chez elle.

Viens, mon petit Barney.

Je marche derrière lui, l’attrape par le froc et le soulève, tout en lui plaquant ma batte devant le nez.

- Maintenant on va discuter...tranquillement.

Il reprend son apparence de vieil homme.

Se calme et accepte.

Il n’a pas l’air trop violent, ça devrait bien se passer à présent.

- Mais c’est quoi ton truc, tu peux changer d’âge à volonté ? lui dit Lucy, perplexe.

Barney s’assoit, se sert un verre d’eau.

- C’est ça, je peux modifier mon âge et donc mon apparence comme bon me semble.

- Mais tu peux rajeunir jusqu’où comme ça ? Tu peux te transformer en fœtus ? je lui demande.

- Ben je n’ai jamais essayé, en même temps, ça me servirait à quoi ?

Ouais il n’a pas tort.

- Tu vas où comme ça ?

Barney regarde sa valise.

- Je quitte la ville…et vous devriez en faire autant.

Lucy l’interrompt.

- C’est quoi ? Des menaces ?

- Non non pas du tout, juste un conseil.

- Vas-y, explique. Je prends mon air sérieux.

- Depuis que Franck Wash est mort, « L’équipe » est morte avec. Personne n’a pris la relève… du moins officiellement. C’était un projet top secret. Un projet qui a disparu dans les flammes avec Wash.

- C'est-à-dire ? Plus personne n’a de prise sur vous ?

- Exactement. Et c’est le problème. Je ne suis pas comme eux, je ne suis pas dangereux. Je n’ai jamais agressé qui que ce soit. Les autres, n’ont plus de compte à rendre au gouvernement, ils font leurs affaires. Et ce sont de sales affaires.

- Mais pourquoi quitter la ville ? Ils te connaissent. T’es avec eux, tu ne risques rien.

- Je me barre parce que ça va partir en sucette. Beaucoup de membres de « L’équipe » sont infiltrés dans divers gangs de malfrats dans le but de dénoncer leurs agissements. Aujourd’hui ils ne sont plus infiltrés, ils font partie du milieu. Ils agissent pour leurs propres intérêts, et non pour la protection du pays. En tuant le boss, vous avez libéré une meute sur la ville.

- Je ne l’ai pas tué…pas exactement... j’ai…disons que…

Barney me coupe.

- Ce ne sont plus des ex-agents mais de nouveaux criminels.

- Nouveaux, nouveaux, ils ont déjà bien entamé leur carrière quand même.

- Mais ils étaient malgré tout surveillés. Désormais, plus rien ne les arrête. Et ça, Kermit l’a bien compris.

- Kermit ? Comme la grenouille ? Lucy se marre.

Barney a le visage grave.

- Ce mec, c’est pas un rigolo.

Je le coupe à mon tour.

- C’est qui ? Un membre de « L’équipe » ?

- Oui, un élément assidu. Aujourd’hui il est déterminé, dangereux et extrêmement ambitieux.

Il a tout naturellement pris le commandement. Il est respecté par les siens et leur a ouvert les yeux sur leur avenir.

- Un avenir de super criminel. Manquait plus que ça.

Perplexe, je regarde Lucy. Je demande à Barney.

- Et, où on peut le trouver ce Kermit ?

Barney se racle la gorge. Pose son verre d’eau.

- Je dois prendre mon train ce soir. Je pars définitivement. Si vous m’escortez jusqu'à la gare, je vous dirai où trouver Kermit.

Cette fois-ci je regarde Lucy mais d’un air décidé.

Elle hoche de la tête. On s’est compris.

- Ça marche. On t’emmène à la gare. Tu nous files les infos et tu pourras prendre ton train sereinement.

Barney se lève, me serre la main.

- Marché conclu.

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