Chapitre 11
Lucy rentre dans sa voiture.
Je suis un peu à la traine, je me frappe la valise du vieux. Putain, qu’est-ce qu’il a mis dedans, ça pèse une tonne.
Je veux pas savoir. Y’a déjà eu trop de trucs bizarres ces derniers temps.
Je ferme le coffre.
Barney en a profité pour s’asseoir côté passager.
- Ça va ? Tranquille ? Faut pas se gêner, je lui dis d’un ton sec.
- Je suis désolé mais j’ai mal au cœur à l’arrière.
Lucy me nargue.
- Allez, fais pas ton lourd, monte derrière et mets bien ta ceinture, me fait Lucy comme si elle parlait à un gosse.
Je fais la gueule …et monte derrière.
On démarre, direction la gare. Au bout d’un quart d’heure, je m’installe entre les deux fauteuils pour taper la discut’. Je suis trop curieux.
- Dis-moi Barney, y’a quoi dans ta valise ?
- Vous voulez vraiment savoir ?
Finalement non, j’ai pas envie. C’est déjà assez compliqué comme ça.
- Mais comment vous avez fait pour me trouver ? me demande Barney.
Un silence s’installe dans la voiture. Lucy me regarde de travers dans le rétro.
- J’ai mes sources… je réponds tout doucement puis je change de sujet.
- Parle-moi de ce Kermit. Il est si dangereux que ça ? Il fait quoi comme truc.
- Comme truc ?
- Oui, comme pouvoir, il fait quoi ? Il tire des lasers de ses yeux ? Il vole ? Je sais pas moi.
Lucy se marre et rentre dans la discussion.
- Il se transforme en grenouille ?
Elle a vraiment bloqué sur la grenouille du Muppets Show.
- C’est un psychopathe…
- Ouais on s’en doute, mais encore.
- Surtout, faite gaffe à sa main gauche, elle peut…
- Putain ! Lucy hurle et enfonce la pédale de frein.
Dans un crissement de pneus, la voiture pile et s’immobilise devant un trou du cul au téléphone.
Le gars traverse sans regarder ! Normal !
Le visage de Barney se décompose. Suivi de Lucy.
Le temps semble s’être arrêté.
Barney bredouille.
- C’est un Jean-Clone…
Pas de chance, avec tous les piétons qui circulent en ville, faut qu’on tombe sur un Jean-Clone.
Il baisse son téléphone. Il regarde Barney. Il regarde Lucy. Il me regarde. Il recule d’un pas, toujours en nous fixant. Ça y est, il a fait le rapprochement, il a dû analyser la situation et vient de la comprendre car il part en courant.
- Lapin, il nous a vus ensemble ! S’il le balance aux autres, je suis foutu ! Ils vont se demander ce que je manigance ! Barney est affolé, au bord de la crise de panique.
- Vas-y Lapin, rattrape-le, moi je file à la gare, je m’occupe de lui, m’ordonne Lucy.
Et merde.
- Ok j’y vais, mais t’oublies pas ! Arrivé à la gare tu nous donnes l’info.
- S'il-te-plaît dépêche-toi ! Barney est en larmes.
Je sors de la voiture et pars à toute vitesse.
Lucy me siffle.
-Ta batte !
Pff.
Je retourne à la voiture et récupère ma batte.
- Mais où est-ce que tu as la tête ? me dit Barney qui se fout de ma gueule.
Je ne réponds pas.
Pas le temps. Je pars à la poursuite de Jean-Clone.
Je le vois. Il ne court pas bien vite. Il a des petites jambes. Il me jette des petits regards. Il n’est pas tranquille, je me rapproche.
Il rentre dans une ruelle. Comme je les aime.
Sombre et tranquille.
Je l’aperçois au loin, il balance des poubelles sur son passage pour me ralentir.
Classique. Je les contourne, je le rattrape, il est dans une impasse. T’es cuit.
Au lieu de fuir, il préfère donner un dernier coup de fil.
Il doit sûrement appeler un proche pour lui dire tout le bien qu’il pense de lui, il sent la fin arriver, il veut un peu de réconfort avant de finir en bouillie comme les autres clones ou… merde… ou alors il prévient « L’équipe » de ce qu’il a vu.
Je suis trop con.
Je fonce sur lui, il jette son téléphone. Il est terrorisé et il a raison.
J’envoie un coup de batte dans sa mâchoire qui se décroche de son visage et … reste accrochée à ma carotte.
Le mec s’effondre.
C’est marrant. Je secoue ma batte pour faire tomber les restes.
Faudra que je remette un petit coup de peinture, ça m’a fait des marques.
Je cherche le téléphone, ouf ! Il n’est pas cassé. Je regarde le dernier appel qu’il a passé.
Kermit.
J’en étais sûr. Mais ça va, à l’heure qu’il est, Barney doit être dans son train.
Je garde le portable du clonard au cas où.
J’appelle Lucy pour savoir si tout s’est bien passé.
Elle décroche.
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