• Ce n’est pas normal, pourquoi j’ai guéri si vite ?

Léon se gratta la tête, le sang avait coagulé et faisait des plaques assez inconfortables mais son crâne était intact en dessous. Il regarda sa main aux ongles rougis de sang puis regarda la renarde qui le fixait toujours d’un air inquiet.

• Comment un renard peut avoir l’air inquiet ?

Ruby ferma les yeux, poussa un soupir et bougea son museau de droite à gauche. Léon sursauta en repoussant l’animal, il se redressa de toute sa hauteur, il avait peur et allait fuir.

• Je suis en train de devenir fou ? Mais t’es quoi au juste ?

La renarde s’assit, entourant sa queue autour de ses pattes, elle recommença à dire non de la tête en le regardant droit dans les yeux.

• Tu ne peux pas répondre ?

Cette fois ci, elle fit oui du museau puis se retourna et s’élança en direction de la maison de Léon.

• Attends ! cria-t-il, on n’a pas fini !

Il s’élança alors à ses trousses en zigzaguant à travers les arbres, mué par une pulsion irrésistible qui s’empara de lui, il la prit en chasse. Sa queue touffue agissant comme un leurre, il accéléra sentant monter en lui une rage animale, elle ne pouvait pas lui échapper. Arrivés à la cabane, Ruby se faufila sous le bûcher espérant lui échapper, mais Léon se jeta sur elle et fit voler les bûches dans les airs. Quand il l’attrapa enfin par la peau du coup, un grognement sauvage s’échappait de sa gorge en réponse aux couinements de peur de l’animal. Ruby se débattait comme un diable mais la poigne de Léon était si forte qu’elle ne put que le griffer au visage.

  Il la lâcha pour porter les mains à ses yeux, la douleur le fit revenir à lui. Il regarda ses mains devenues des griffes. La pluie commença à tomber, levant son visage vers le ciel il laissa l’eau y ruisseler lavant le sang sur son passage.

• Qu’est ce qui m’arrive…

Il tomba à genoux, serrant ses bras autour de lui pour calmer les frissons qui le traversaient. La renarde, d’abord hésitante, vint le renifler et leur regard se croisèrent. Elle se frotta contre ses jambes et Léon compris alors que ce qui lui arrivait n’était pas une mauvaise chose, il était différent certes mais il restait toujours lui-même. Il caressa le pelage de la renarde alors qu’un éclair zébrait le ciel, la foudre éclata quelque seconde plus tard les faisant sursauter.

• Allons-nous mettre à l’abris à l’intérieur

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Léon attrapa une serviette et essuya consciencieusement le pelage de Ruby, retirant les feuilles et brindilles qui y étaient coincées, puis il alluma un feu dans le poêle pour qu’elle puisse se réchauffer. Quand tout cela fut fait, il ressortit pour se laver lui-même. Il se déshabilla entièrement et inspecta son corps sous la pluie battante. Toute trace de blessure avait disparu, même les griffures sur son visage. Sa peau indemne était lisse, ferme et en pleine santé, il ne s’était jamais sentit aussi bien. Il se savonna vigoureusement puis laissa l’eau de la pluie coulant de la gouttière le rincer des impuretés et de sa fatigue.

  Léon regarda ses mains, essayant d’en faire ressortir les griffes mais cela ne fonctionna pas. Sans aucune pudeur, il rentra chez lui pour se sécher puis se il glissa sous ses couvertures et s’endormit.