Prologue
N'avons-nous jamais pensé qu'il y aurait toujours mieux ? Que quel que soit l'état du monde, il se relèverait ? Que le passé était révolu et qu'il devait le rester, que le présent n'avait rien à lui envier, et que le futur n'en serait que la continuité, sortant des abîmes afin de grandir dans la lumière ?
Ce n'est que mirage, croyez-moi sur parole. Un espoir vain qui nous permet d'avancer.
Cependant ; c'est un mirage qui fait son effet. Quand le monde est au sommet de sa gloire, puissant et valeureux, que faire alors ? Le destin y a répondu. Le faire s'écrouler pour le laisser reconstruire le mirage : pour que le futur promette encore, et toujours, d'être meilleur...
Et ce destin-là nous a forcés à apprendre une seconde chose : exploiter la moindre de nos ressources. L'humanité a fait s'écrouler les humains ; les humains la feront reconstruire, quel qu'en soit le prix.
C'est ce qu'ils disent.
Bienvenue au HeadQuarter.
Bienvenue à la base du futur...
Mirage n'est pas seulement la base de la reconstruction du monde et de l'espoir, c'est aussi le nom de l'institution scientifique de l'HeadQuarter, le quartier général qui nous assure un futur.
"Vous êtes le futur" nous répètent-ils sans cesse.
Mais ils mentent. A présent, nous le savons tous. Si seulement nous l'avions compris plus tôt... Car nous ne serons pas le futur, nous le permettrons. Dans quelques jours, quelques heures peut-être, chacun notre tour, nous appartiendrons au passé.
Inéluctablement.
Nous mourrons pour leur permettre de vivre.
Si seulement nous pouvions revenir en arrière, il y aurait tout à reconstruire, tout à réécrire, tout à refaire. Jusque-là, ce n'est que désolation. Comment pouvons-nous encore descendre dans les entrailles de l'enfer quand nous y sommes déjà ?
C'est peut-être ma dernière lettre que j'écris ce soir. Je peux l'affirmer avec certitude en réalité. Ils vont m'enlever, m'extraire de l'HeadQuarter, mon tour est arrivé.
Quoi qu'il en soit, quoi qu'il m'arrive et quoi que tu deviennes, je t'en prie,
Ne m'oublie pas.
Je t'aime,
Eyllée
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