Chapitre 1

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La première apocalypse. Le début d'une longue lignée.

La terre commença à trembler alors que Jack rentrait du lycée. Le temps était doux, il y avait peu de vent et l'été commençait doucement à arriver. Jack rentrait à pied chez lui tous les vendredis, pour décompresser, oublier ses problèmes. Écouteurs dans les oreilles et lunettes de soleil, il se coupait alors du monde le temps d'un trajet. Parfois même, il se prenait à chercher des détours pour retarder le moment où il devrait pousser la porte de l'appartement et se replonger dans son quotidien morose. L'air chaud qui lui chatouillait le visage et agitait ses cheveux bruns le faisait se sentir bien. Il traversa le parc, où quelques enfants jouaient, et en profita pour sentir le parfum des magnifiques variétés de fleurs qui avaient été implantées en Arizona voilà quelques dizaines d'années, au moment du boom économique. C'était l'une des premières choses qu'on lui avait apprise quand il était rentré à l'école. Non pas l'implantation de fleurs, mais le boom économique, qui avait été un élément si important de la prospérité des États-Unis. On lui disait que le monde n'avait jamais connu un tel état de plénitude depuis le début de son histoire. Que Jack et les autres enfants de sa génération avaient une chance inconcevable de vivre à cette époque. Mais la seule chose que l'adolescent voyait, c'était qu'on lui avait interdit d'être heureux. Et il haïssait leur monde et sa soi-disant perfection pour cela.

Le destin avait fait de sa vie un enfer au moment même où ce bus avait percuté leur voiture. Sa famille et lui étaient en route pour des vacances, à ce qui avait été Las Vegas à l'époque de ses grands-parents. Tout le monde n'avaient pas les moyens de posséder une voiture. C'était un transport réservé aux personnes qui exerçaient un métier leur imposant une certaine mobilité, ou aux plus riches de leur société. Mais ils en avaient loué une, au pris de grands sacrifices de la part de ses parents, histoire de leur faire plaisir, sa sœur et lui. À chaque fois que Jack se rappelait ce jour funeste, ses yeux se mouillaient de larmes, et il était secoué de sanglots pendant plusieurs minutes, qu'il passait recroquevillé dans un coin, la tête entre ses mains. Il était resté deux ans en fauteuil roulant à la suite de l'accident - dont il se rappelait chaque détail - et aurait souhaité de tout cœur que c'en fut la seule conséquence. Mais l'espace d'une seconde, toute sa vie s'était effondrée. Ses parents, assis au-devant, avaient été percutés de plein fouet et étaient morts sur le coup. Il s'était alors retrouvé orphelin avec sa sœur, Eyllée, quatre ans, dont il devait assurer la survie. Car c'était bien de cela dont il était question. Alors que lui n'avait que dix ans, la nourrir et la loger étaient simplement impossibles. Seuls les revenus de leur tante, alcoolique et dépressive, leur assuraient un repas quotidien. Depuis la mort de son frère, elle était venue s'installer dans leur petit appartement pour essayer de remplacer leurs parents, disait-elle. Mais Jack avait seul endossé à la fois le rôle du père et de la mère d'Eyllée, pour qu'elle puisse, il l'espérait, vivre une vie normale, et ne jamais suivre sa propre destinée, qu'il qualifiait simplement de tragique. Cette épreuve l'avait poussé à grandir subitement, et cela n'avait pas été facile. Enchaînant les histoires d'amour futiles et les relations tumultueuses, sa tante était devenue un fardeau plus qu'une aide. Et ces derniers temps, cela ne faisait qu'empirer, ajoutant un poids supplémentaire sur les épaules du garçon.

Jack se demandait parfois ce qui pourrait lui arriver de pire. La mort ? Il ne voyait que cela. Sa vie était un condensé de tristesse et de désolation. À seulement quinze ans, il avait la certitude que le futur ne pourrait jamais rien lui offrir qui puisse le rendre heureux. Si seulement il pouvait lui rendre ses parents... Au milieu de ce néant lugubre dans lequel il était tombé, sa sœur était le seul être qui le maintenait à la vie. Elle était son rayon de soleil inespéré grâce à qui il tenait bon. C'était pour elle qu'il vivait, elle était sa seule raison d'exister. Il savait qu'elle avait besoin de lui, alors qu'Eyllée ne savait pas à quel point il avait besoin d'elle, de son sourire, pour lui donner le courage d'avancer.

Mais cet après-midi là, tout bascula. Sa triste vie devint d'un seul coup une stabilité passée qu'il regretta de toute son âme quand il entendit ce bruit sourd. Comme si la Terre agonisait. Jack se figea, tendit l'oreille. Il n'avait jamais rien entendu de pareil. Soudain, sous ses pieds, le sol s'ouvrit, craquela, trembla. La secousse qu'elle produisit le fit s'écrouler face contre sol en un instant, avant même qu'il ne puisse réaliser ce qui se produisait. Le ciel se couvrit soudain de nuages noirs qui cachaient une partie du soleil. Des cris épouvantés commencèrent à fuser de toutes parts. Mais ils ne parvenaient pas à couvrir le hurlement d'horreur que poussait la planète. Jack refusait de comprendre la scène qui, en quelques secondes, s'était insinuée sous ses yeux. Cela dépassait les limites de la réalité. Pourquoi tous ces gens hurlaient-ils ? Il se releva sur ses coudes en retenant un gémissement de douleur. Ce fut alors que, à quelques kilomètres de lui, quelque chose reteint son attention. C'était loin, mais il avait une assez bonne vue pour savoir que ce qu'il voyait était réel. Un gratte-ciel, l'un des plus hauts de la ville, semblait pencher. Non, ce n'était pas une impression, il était de travers. Les éléments du puzzle refusaient de s'imbriquer, jusqu'à ce qu'il vit un pan de l'immeuble s'effondrer.

Jack se traîna au coin d'une ruelle, où il pensait qu'il serait à l'abri. Il se frotta les yeux plusieurs fois, réalisant à peine ce qui était en train de se produire. Un séisme. Il n'y en avait pas eu en Amérique depuis sa naissance, mais il savait de quoi il s'agissait. Son cerveau bouillonnait. Ce qui l'interpellait le plus, c'était qu'un tel séisme puisse naître sans que les sismologues ne l'aient détecté par avance.

Il ferma les yeux, essaya de faire abstraction de ce qui l'entourait. Réveille-toi, Jack, réveille-toi... Ce ne peut être qu'un cauchemar, tout ça est faux, tout ça est faux... Il aurait tellement souhaité en être convaincu. Mais les cris, la peur qu'il ressentait, tout cela était bien réel, c'était inéluctable.

Il lui sembla entendre l'épouvante et les appels au secours des habitants du gratte-ciel, portés par le vent. Cette fois, son cerveau ne répondit plus, il lui dicta seulement la seule consigne à laquelle il s'était fié toute sa vie : survivre et protéger sa sœur. Il se leva d'un bond. A quoi bon survivre s'il lui arrivait quelque chose ? Elle portait en elle sa propre vie, elle était la seule personne qu'il devait protéger. Oubliant sa peur, la fragilité osseuse qu'il avait encore à la jambe depuis l'accident, et le danger qui l'entourait, il s'élança à travers les rues qui le séparaient encore de son immeuble. La mettre en sécurité, coûte que coûte, de cette catastrophe qui s'abattait sur la ville, voilà tout ce qui importait. C'était ce qu'il avait toujours fait, finalement. Mais cette fois-ci, c'était différent. Leur vie ne serait plus jamais pareille. Il le savait.

*

Anna dévala quatre à quatre les marches de l'hôpital. Plus elle avançait, plus sa vision se floutait. Elle n'y était pas préparée, aucun d'entre eux ne l'était. Pourtant c'était inévitable, et à présent, il fallait agir en conséquence.

Un an qu'ils savaient. Et c'était imminent. Elle arrivait, elle était à leur porte, aux portes de la planète. Anna avait envie de crier, de fuir, le plus loin qu'elle le pourrait. Mais cela ne servirait à rien, elle le savait pertinemment. Si elle avait intégré l'élite au service de l'état, c'était pour permettre un avenir à l'humanité. Sa propre vie passait après. Elle se l'était juré, comme chacun d'entre eux. Mais il y avait une autre raison qui animait son cœur, et qui avait été sa principale motivation. Le patient dont elle s'occupait depuis sa naissance, Wilhem, à peine dix ans. Atteint d'une grave maladie qui l'obligeait à rester cloîtrer à l'hôpital, ses poumons ne pouvaient filtrer l'air, si bien qu'il ne pouvait pas respirer sans assistance médicale. Sa vie était donc rythmée par son étrange pathologie. Seulement, voilà, le centre qu'ils avaient créé pourrait bien être une aubaine pour lui, une chance inespérée de vivre normalement, comme tous les autres enfants.

- Docteur Drake ?

Anna se retourna pour faire face à l'infirmier qui l'avait apostrophé.

- Oui ?

Sa voix était faible, la peur montait en elle, elle savait que l'instant fatidique se rapprochait, celui où elle devrait quitter ses habits de simple médecin pour mettre sa vie au service de l'humanité. Elle tenta de se maîtriser et soutint le regard indifférent de l'homme.

- Monsieur et madame Steel viennent de partir.

Elle baissa la tête et acquiesça avant de se diriger vers sa chambre. Les Steel, parents de Wilhem, passaient souvent voir leur fils. Il était né ici, y avait passé ses tout premiers jours, sa maladie particulière l'obligeant par la suite à y revenir régulièrement. Depuis quelques mois, son état s'était grandement dégradé, et Anna ainsi que les autres médecins qui s'en occupaient avaient dû, à contre cœur, le réintégrer de manière permanente. La jeune femme craignait que cette réunion de famille soit la dernière avant très longtemps. Elle aurait aimé en informer le couple, qu'ils puissent lui faire leurs adieux, mais ça lui était interdit. L'état avait trop bien protégé le secret pour qu'ils ne laissent passer ce genre d'entrave au règlement, et elle ne voulait prendre aucun risque. Pour elle comme pour lui.

Elle frappa contre la porte de sa chambre, quatre fois, comme elle avait l'habitude de le faire, pour signaler à son jeune patient qu'elle était là. Puis elle poussa la porte doucement. Le garçon lui sourit. Anna n'avait pas d'enfants, mais elle considérait Wilhem comme le sien. Elle tenait à lui plus qu'à n'importe qui au monde, si bien que la peur de la catastrophe qui arrivait avait fini par se changer en espoir dans son esprit.

Anna vérifia ses constantes vitales, et contrôla la quantité d'oxygène, comme elle le faisait après chaque visite du couple Steel à leur fils. Puis elle s'assit sur son lit et lui prit la main. Des larmes chaudes commençaient à couler sur son visage. Elle se pencha pour déposer un baiser sur le front du garçon, et lui caressa la tête doucement.

- Ça va aller, maintenant, lui murmura-t-elle en se forçant à lui sourire. Tiens bon, Wilhem.

Le garçon la dévisageait sans comprendre. Il n'avait jamais vu une telle détresse dans les yeux de son ange gardien.

Dans sa blouse, le téléphone d'Anna vibra. Son cœur se serra. Elle détourna le regard pour cacher ses larmes à l'enfant, et le sortit en retenant son souffle de sa poche. Elle faillit le laisser tomber au sol tant elle tremblait, et dû attendre quelques secondes que les larmes s'écoulent de ses yeux pour voir nettement l'écran de l'appareil. Tant pis pour le courage. Elle essaya néanmoins de se reprendre, prit une grande inspiration, jusqu'à ce qu'elle se sente le courage de le lire. Un seul message, noté comme important, affiché sur son écran d'accueil. "L'attaque se rapproche. Repliez-vous à vos bases en urgence.". Il s'agissait du second émit par le conseil secret de l'état depuis ce matin, et il se faisait encore plus pressant que le premier, angoissant la jeune femme. Oubliant la présence de son jeune patient, elle ouvrit d'une main tremblante la discussion de l'élite, puis regarda avec attention tous les messages postés ce jour, encore une fois, histoire de se convaincre que tout cela était bien réel.

6h12 - Conseil secret d'État : Communication urgente : perturbation détectée à quelques années lumières seulement de la Terre par Astronomes. À Armée : commencez le recrutement. À tous les scientifiques : étudiez de près les phénomènes actuels. Ce n'est plus qu'une question d'heures. Bonne chance à tous.

Voilà comment cette journée folle avait débutée. Par une bonne nouvelle. Ah ! Cela faisait longtemps d'Anna n'en avait pas reçues, des vraies bonnes nouvelles.

9h57 - Armée : quelques enfants ont déjà été intégrés aux différents centres, nous avons placé les familles concernées sous le secret.

10h29 - Sismologues : détection d'une faille profonde, pas de danger imminent.

11h06 - Secouristes : Hélicoptères de sauvetage prêts. Nous attendons votre signal.

Un rire nerveux s'échappa de la gorge de la jeune femme. Qu'ils ne s'inquiètent pas, ils le verront, le signal.

11h20 - Sismologues : La faille s'est anormalement déplacée. Les phénomènes nous échappent. Envoyez-nous vos ordres.

11h26 - Astronomes : perturbation importante se rapproche de la Terre. Cela risque d'être très brusque. Alerte maximale.

11h29 - Océanographes : Océans anormalement affectés. Nous ne pouvons plus rien prévoir à l'avance. Alerte maximale.

12h02 - Conseil secret d'État : Alerte. L'attaque se rapproche. Repliez-vous à vos bases en urgence.

Anna se jeta au sol et attrapa une mallette argent, qu'elle déposa sur le lit, aux pieds de Wilhem. Elle l'ouvrit et en sortit l'appareil portatif qui avait permis au garçon d'être sous faible quantité d'oxygène - avant que son état ne se dégrade, voilà quelques mois - et ainsi de lui permettre une certaine mobilité. Or il fallait faire vite. S'il restait trop longtemps sans une plus grande quantité, étant donné son état actuel, cela risquait d'avoir de graves conséquences sur lui. Et cela, la jeune femme le savait bien.

Elle retira avec précaution le masque à oxygène de Wilhem et le remplaça par celui portatif. Le garçon la regardait avec inquiétude. Il ne comprenait pas. Mais il savait que quelque chose de grave se passait. Il la connaissait, depuis le temps, avait appris à la comprendre plus que n'importe qui. Et il n'était pas dans ses habitudes de montrer ses inquiétudes.

- Anna ? bégaya-t-il, n'osant poser aucune question.

Elle le fixa de ses grands yeux noirs, voulu tenter de lui expliquer, mais la seule chose qu'elle parvint à articuler, d'un ton qui se voulait rassurant, fut :

- On s'en va, Wilhem.

Voilà qui devrait beaucoup l'aider. Pas possible d'être aussi faible en un moment pareil ! Mais ce n'était pas le moment de s'en vouloir.

Elle l'aida à se relever et ils se dirigèrent vers la porte. Une infirmière qu'elle connaissait bien et qui passait par là s'arrêta et les dévisagea.

- Docteur Drake ? Qu'est-ce que vous faites ?

Anna regarda la main de la vieille femme. Elle n'avait pas de poinçon, donc ne faisait pas partie de l'élite. Comme aux parents du garçon, il lui était interdit de lui dire quoi que ce soit sur ce qui s'apprêtait à arriver. C'était la loi. Avec un petit pincement au cœur, elle improvisa un mensonge indiscutable.

- Ordre du professeur John, affirma-t-elle seulement.

Puis elle continua sa route en tâchant d'éviter le regard de l'infirmière. Elle serra plus fort la main du garçon. Le professeur John était le chef du service hospitalier qui accueillait Wilhem, et en l'occurrence son ami, ainsi qu'un membre de l'élite. Il la couvrirait, elle en était sûre.

Voilà maintenant un an, le gouvernement américain, assez bien aidé de ses meilleurs scientifiques, avaient diagnostiqué une prochaine fin du monde, à laquelle ils avaient refusé de se résoudre. Les humains ne pouvaient pas disparaître. Encore moins les américains – la pire des catastrophes, selon eux – bien que beaucoup des citoyens soient des étrangers ayant migré aux États-Unis durant le boom économique. Ils avaient fait le choix délicat de ne pas informer les populations, qui se seraient ruées sur les pâtes et le papier toilette, ou sous terre, ou dans l'eau, ou dans leur chambre à se laisser crever de faim pendant un an. Qui sait comment elles auraient réagi. Il avait semblait préférable de mettre au courant les autres gouvernements, puis de décider d'une stratégie de repli. Et, comme les humains restent des humains, ils avaient choisi sous-terre. En pensant aux pâtes - enfin aux provisions. La première étape consistait à recruter une élite au service de l'état, constituée des plus doués de toutes les professions (utiles à la survie, tout de même). Puis ils avaient entrepris la construction de bases souterraines dans chaque état, destinées à recueillir quelques enfants pour les former à survivre.

Pendant qu'elle progressait dans l'hôpital, Anna essaya de joindre sa sœur, Jil, membre de l'élite Architecte qui assurait la construction des bases dans le plus grand secret. Elle espérait ainsi avoir un soutien quant à l'intégration de Wilhem, et quelques précisions quant à l'objet ultime de tous ses espoirs. Mais elle était injoignable.

La jeune femme essaya de chasser son angoisse qui la consumait de l'intérieur. Elle avait peur. Extrêmement peur. Elle avait souvent entendu dire par les scientifiques que le cerveau réagissait étonnement quand il s'agissait de survivre : que n'importe quelle poule mouillée devenait forte et téméraire quand il s'agissait de protéger sa vie. Mais elle se demandait comment l'humanité pourrait bien réagir aux cataclysmes qui se préparaient. Et surtout, surtout, elle se demandait comment elle, réagirait. Et pourquoi le courage ne l'avait pas encore gagnée. C'est le moment d'être forte, se répétait-elle en avançant. Pourtant, seul le contact de la main de Wilhem sur sa peau lui permettait d'avancer. Le garçon la suivait, sans se poser de questions. Car il possédait une aveugle et sincère confiance envers celle qui lui permettait de vivre. Que ferait-il sans elle ? Et qu'aurait-il fait ? Le petit Steel n'avait que dix ans, mais il savait ce qu'il lui devait : la vie.

- Docteur Drake ?

Une voix grave qu'il connaissait bien les interpella. Ils l'appelaient toujours comme cela, docteur Drake. Tous. Qu'ils la connaissent ou non. Même Mike. Mais Wilhem savait la relation qu'ils avaient, et il trouvait ridicule qu'il fasse comme s'ils n'étaient que deux étrangers. Les yeux de l'homme convergèrent vers le garçon, et se promenèrent d'elle à lui, de lui à elle.

- Pro... Professeur John ? bégaya la jeune femme.

L'homme se rapprocha d'eux.

- Je ne peux pas cautionner ça, murmura-t-il d'un ton ferme. Tu vas le tuer.

Anna secoua la tête fermement. Il n'était pas au courant de ce qu'elle comptait faire. Elle n'en avait parlé à personne. Seule Jil connaissait ses intentions ; c'était elle-même qui lui avait communiqué l'information.

- Mike, écoute-moi.

Il fit les gros yeux. Il ne voulait pas qu'on l'appelle comme cela durant ses journées de travail. Wilhem ne comprenait pas. Et c'était loin d'être la seule chose qui lui échappait dans le comportement des adultes, et en particulier de ces adultes-là.
Mais Anna n'avait que faire des conformités.

- Le centre, chuchota-t-elle. C'est incroyable, Mike, ils l'alimentent en oxygène filtré. C'est Jil qui me l'a dit. Est-ce que tu te rends compte de ce que ça signifie pour lui ? (Devant l'inexpressivité de son visage, elle haussa le ton) Eh ! Mike ? Tu te rends compte ou non ?

Le professeur John plaqua sa main sur son front et détourna le regard. Il réfléchissait. D'une lenteur éprouvante pour Anna, qui n'avait nullement besoin de son accord. Simplement de son soutien. Une infirmière passa et les fixa avec méfiance. Mike lui adressa un regard hostile et attendit qu'elle parte pour reprendre la parole.

- On y va. Tous les trois, dit-il alors. Et on prend ma voiture, pas question d'utiliser les transports.

Un sourire s'afficha sur le visage d'Anna. La peur commençait à disparaître lentement. Sauver Wilhem lui donnait le courage d'affronter les évènements, et grâce à Mike, elle se sentait désormais invincible. Les deux médecins sentirent alors leur téléphone vibrer, simultanément. Mike grimaça. Sa peur à lui ne s'était pas envolée. Et ce n'était pas prêt d'arriver.

12h26 - Conseil secret d'État : Apocalypse attendue dans quatre heures. Urgence maximale.

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