Chapitre 31 Retrouvailles - Partie 2
Une fois chez lui, Hank indiqua à Roussel la direction de la chambre, pour qu'ils puissent mettre Sin fo directement au lit. Archibald poussa un fauteuil jusqu'à la tête du lit, Hank refusant de s'allonger tant que Sin fo ne serait pas soignée, puis il alla chercher son fils et le médecin, qui les attendaient dans le salon. L'hembra examina rapidement Sin fo, palpa différentes parties de son corps, puis posa ses mains sur le front et la poitrine de la jeune femme. Il se concentra, et quelques instants plus tard, le visage de Sin fo reprit des couleurs, et sa respiration se fit plus régulière.
Le médecin, au contraire, eut soudain un air maladif. L'hembra qui avait porté Sin fo lui parla dans leur langue, mais le médecin secoua la tête et s'approcha de Hank. Il posa ses mains sur ses épaules, lui palpa la nuque, et quand il posa sa paume sur le front de Hank, ce dernier sentit une vague de chaleur irradier son corps, comme un plus tôt dans la journée. Hank se leva de son fauteuil et fit quelques pas en étirant ses bras.
- C'est vraiment un don très pratique que vous avez. Vous pouvez soigner toutes les maladies et toutes les blessures.
En se retournant, Hank vit que le médecin était très mal. Il se cramponnait au dossier du fauteuil, et il tremblait de tout son corps.
- Quelque chose ne va pas, s'inquiéta Hank.
Le médecin tenta de lui répondre, mais il ne parvint pas à articuler une phrase complète tant il claquait des dents. Les deux hembras lui expliquèrent :
- Ce pouvoir n'est pas illimité, et surtout, il n'est pas sans risque. Il ne s'est pas contenté de vous soigner. Il a absorbé votre mal, et c'est maintenant à lui de l'endurer.
- Quoi ? Mais pourquoi ? Il fallait me laisser me débrouiller dans ce cas !
- J'ai essayé de le lui dire, mais il a refusé de m'écouter.
- Il nous a soignés, Sin fo et moi. Il ne pourra pas subir nos deux maux additionnés.
- S'il n'y avait que vous, ça ne serait pas trop inquiétant. Il affronte le contrecoup de son pouvoir, mais dans une moindre proportion. Seulement, il a aidé beaucoup de personnes aujourd'hui...
- C'est de la folie. Il n'y a rien qu'on puisse faire ?
- Il a simplement besoin de repos. Sa magie aide son corps à lutter plus efficacement contre le mal, mais cela lui demande beaucoup de forces.
- Emmenez-le dans la pièce d'à côté, il y a un lit et des couvertures dans l'armoire. Maxou, va en cuisine et prépare des boissons chaudes s’il te plaît. Ramène aussi une bouteille de liqueur, ça soulage autant les corps que les esprits.
Maxou acquiesça et sortit de la chambre derrière les hembras. En revenant quelques minutes plus tard, lorsque tout le monde eut un verre dans la main, il demanda à Hank, le regard plongé dans son verre :
- Qu'allons-nous faire pour Tabatha ? Nous ne savons toujours pas ce qu'elle est devenue.
Hank regarda une seconde le jeune homme en silence. Il ne put se résoudre à lui répéter ce que sa femme lui avait révélé.
- On va attendre que Sin fo se réveille, éluda-t-il. Elle en saura peut être plus.
Maxou vida son verre d'un trait et se leva.
- Je ne peux pas rester là sans rien faire. Je vais interroger des gens. Préviens-moi si tu apprends quelque chose.
Archibald garda le regard fixé sur la porte plusieurs minutes après que son fils l'ait franchie, avant de dire :
- Il tient vraiment à cette petite. Je ne sais pas ce qu'il fera s'il lui est arrivé malheur.
- Je crois que je sais où elle est, répondit Hank d’une voix mal assurée.
- Quoi ?
- Tabatha. Je sais où elle est.
- Tu es sérieux ? Pourquoi ne l'as-tu pas dit à Maxou ?
- Je n'en suis pas sûr. Et je n'ai pas su comment lui dire, avoua Hank.
- Lui dire quoi ? Où est-elle Hank ?
- Quand j'ai sorti Sin fo de l'eau, elle a murmuré quelques mots avant de s'évanouir. Ton fils ne l'a pas entendue.
- Qu'a-t-elle dit ?
- Elle m'a dit que les djaevels avaient emmené Tabatha.
- Tu parles sérieusement ? Par tous les dieux, j'espère que tu te trompes. Si c'est vrai, il n'y a plus rien à espérer pour cette pauvre petite.
- Je ne sais pas. J'ai clairement entendu Sin fo prononcer ces mots, mais peut être qu'elle délirait. C'est pour ça que je n'ai pas pu le dire à ton fils. Je ne tiens pas à briser ses espoirs s'il y a encore une chance que Tabatha soit sur l'île.
- Quand Sin fo sera réveillée, tu ne pourras plus reculer.
- Je sais. Si tu savais à quel point je suis fatigué, soupira Hank en se passant les mains sur le visage. J'ai l'impression que cette journée ne finira jamais.
- Je vois ce que tu veux dire. Nous nous en souviendrons probablement comme la pire que nous ayons vécue, répondit Archibald en serrant son bras mutilé.
Les deux hommes échangèrent un regard, puis ils se plongèrent dans leurs pensées.
Quand Sin fo ouvrit les yeux un peu plus de deux heures plus tard, la nuit était tombée, et la chambre n'était éclairée que par la faible lumière d'une bougie posée sur la table de nuit. Elle tourna la tête et vit Hank endormi dans son fauteuil. Archibald, qui faisait les cent pas dans la pièce, se posta au pied du lit et la salua avec un sourire, avant de lui chuchoter :
- Bienvenue parmi nous. Tu nous as fait une belle frayeur.
- Il ne fallait pas t'inquiéter, je m'en sors toujours. J'ai un chevalier servant qui veille sur moi, dit elle en désignant Hank du menton.
- Il s'est endormi il y a environ trois quarts d'heure. Tu veux que je le réveille ?
- Laisse, je vais m'en charger.
Tandis que Sin fo se redressait dans son lit, Archibald récupéra sa veste, et tout en l'enfilant, continua :
- Je vous laisse. Je vais rejoindre ma famille.
- Bien sûr. Merci d'être resté pour moi.
Avec un nouveau sourire, Archibald s'apprêta à partir. La main sur la poignée, il s'arrêta et posa une dernière question à Sin fo :
- Je ne veux pas t'accabler, mais je dois savoir. Pour Maxou... Tabatha. Que lui est-il arrivé ?
Les yeux de Sin fo s'embuèrent et elle ouvrit la bouche sans pouvoir répondre.
- Je vois.
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