Chapitre 49 Confrontations - Partie 4

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 Hank traversa la place en toute hâte et pénétra dans le hall de l'hôtel de ville qui était bondé. Il lui sembla que presque tout le groupe de Ts'ing tao était réuni ici. La plupart d'entre eux installaient leurs affaires, comme s'ils allaient passer la nuit ici. Hank ne savait pas s'ils avaient fait le choix de rester tous ensemble, ou si les encapuchonnés ne les avaient pas laissés monter. Il se demanda furtivement si le groupe de Jacob était vraiment suffisamment important pour occuper toutes les pièces de cette immense bâtisse.

 Mais il ne s'arrêta pas pour se renseigner. Il n'avait envie de parler à personne. Il se fichait de savoir comment les pièces avaient été réparties entre les deux groupes. La seule pièce qui l'intéressait était celle où se trouvait sa femme. Il grimpa quatre à quatre les marches menant au premier étage, mais là il fut incapable de trouver un escalier menant aux étages supérieurs. Après avoir tourné en rond pendant plusieurs minutes, il dut se résoudra à demander son chemin.

 Le hasard l'avait mené devant la pièce où il avait retrouvé Sin fo plus tôt dans la journée. Il toqua à la porte et rentra sans attendre de réponse. Halbarad et Bruggar étaient toujours assis dans leurs fauteuils au coin du feu. Hank leva les yeux au ciel et murmura un juron. Ce n'était vraiment pas sa journée. Il hésita un instant à faire demi-tour et à se renseigner ailleurs, mais Halbarad l'avait vu et lui faisait signe de s'approcher. Hank referma la porte dans son dos et s'avança vers le fond de la pièce. Il salua rapidement les deux amis. Bruggar, qui avait la rancune tenace, lui répondit du bout des lèvres, mais Halbarad se leva et lui serra chaleureusement la main.

- Je suis heureux de vous revoir, dit-il avec un grand sourire, même si j'ai cru comprendre tout à l'heure que ce n'était pas réciproque.

- Ce n'était pas contre vous Halbarad, s'excusa Hank.

- Ça alors vous vous souvenez même de mon nom ! C'est ce que je croyais aussi, mais apparemment je me trompais.

 Hank eut un petit rire nerveux et se frotta les joues.

- J'ai gardé mon secret pendant près de dix ans, et maintenant j'ai l'impression que je vais passer ma vie à le raconter. Écoutez, la vérité c'est que je m'appelle Hank. Je vous raconterais le reste un autre jour si ça vous intéresse, mais ce soir je n'ai vraiment pas le temps. Tout ce que je veux, c'est trouver Sin fo.

 Bruggar lâcha un petit rire.

- Après toutes ces années tu n'as pas changé d'un pouce. Tu cours toujours après la gamine.

- Moque-toi si ça t'amuse, soupira Hank, mais je n'ai pas le temps pour ça. Je vais partir bientôt, et je voudrais dire au revoir à ma femme, mais je n'arrive pas à trouver d'escalier menant au deuxième.

- Vous ne risquiez pas de trouver, le seul escalier se trouve dans cette pièce, derrière cette petite porte, lui dit Halbarad en désignant le coin de la pièce. Apparemment le deuxième étage était interdit au public. À Castelroi aussi il y avait…

- C'est le seul accès, vous en êtes bien sûr, le coupa Hank.

- Ça fait près de trois jours que nous sommes dans cette ville, nous avons eu largement le temps d'explorer ce bâtiment.

- Donc Sin fo est forcément passée par ici.

- C'est exact. La petite princesse était avec elle. C'est Jacob qui leur a montré cet escalier, et il n'est redescendu qu'avec la jeune fille.

 Hank ne perdit pas plus de temps et se rua vers le coin de la pièce. Il ouvrit la porte à la volée et gravit en vitesse le sombre escalier en colimaçon. En haut, il déboucha sur un couloir entièrement plongé dans le noir. Ce fut une chance, car il repéra immédiatement la pièce dans laquelle se trouvait Sin fo grâce au rai de lumière sous la porte.

 Hank s'avança à pas feutrés jusqu'à la porte. Maintenant qu'il était là, il n'était plus si sûr que ce fût une bonne idée. Après tout, Sin fo avait essayé de le tuer à peine quelques heures plus tôt. À ce souvenir, Hank fut parcouru d'un frisson. Puis il repensa au regard qu'elle avait eu en apprenant la vérité, et il se dit qu'il lui devait des explications.

 Il prit une longue inspiration et toqua à la porte. Il entendit du bruit dans la pièce et vit une ombre passer devant le rai de lumière. Il vit la poignée tourner, mais la porte ne s'ouvrit pas.

- Que fais-tu là, lui demanda Sin fo d'une voix sèche.

- Sin fo c'est Hank.

- Je sais que c'est toi. Qu'est-ce que tu veux ?

- Ouvre la porte s'il te plaît, je veux te parler.

- Je n'ai pas été assez claire tout à l'heure ? Je ne veux plus te voir. Je ne veux plus rien avoir à faire avec toi. C'est fini Hank.

- Très bien, si tu ne veux pas me parler, au moins écoute-moi. Je veux que tu connaisses la vérité. Je veux que tu saches pourquoi je ne t'ai rien dit pendant toutes ces années. Quand je vous ai rencontrés, il y a huit ans, cela faisait des semaines que je dormais très mal. Je faisais sans arrêt le même cauchemar. Je rêvais qu'un homme me tuait. Après quelques jours passés avec vous, j'ai refait ce rêve, et je me suis rendu compte que l'homme de mon rêve était Reg'liss. En me réveillant j'étais terrorisé. J'ai cru que c'était un présage. J'ai donc décidé de faire ce qu'il fallait pour me protéger. Je me suis arrangé pour qu'il tombe de son lopvent. Mais c'est toi qui as pris son lopvent. C'est toi qui es tombée. Après ça, Reg'liss a compris que tout était de ma faute. Il voulait venir te chercher, mais j'ai perdu la tête et je l'ai attaqué. J'avais déjà combattu bien des hommes avant, mais jamais en étant dans un tel état de colère. Reg'liss s'est bien défendu, mais j'ai fini par lui porter un coup fatal.

 Hank marqua une pause et posa sa main et son front contre la porte. Il entendit la respiration rapide de Sin fo juste derrière et sut qu'elle l'écoutait toujours. Il continua en cherchant ses mots :

- Il a… Ses derniers mots ont été pour toi. Juste avant de mourir, il a réussi à me projeter par delà la falaise. J'ai cru que j'allais mourir moi aussi, mais je m'en suis sorti. Quand je t'ai retrouvée, tu étais tellement heureuse de me revoir que je n'ai pas eu le courage de te dire la vérité. Tu n'avais aucune idée de ce que j'avais fait, et tant que nous étions piégés dans cet autre monde, tu n'avais aucune raison de l'apprendre. Je m'en voulais de te mentir et j'ai souvent pensé tout te révéler. Mais plus le temps passait et plus nous étions proches. Avec chaque jour qui passait, la vérité aurait été plus douloureuse. Je ne voulais pas gâcher le bonheur que nous avions trouvé tous les deux. Car nous étions heureux n'est-ce pas ? Quoi que j’aie pu faire, ça ne change rien à ces souvenirs.

 Hank laissa des larmes couler sur ses joues.

- S'il te plaît Sin fo, j'ai besoin de savoir que tu te souviendras de l'homme que j'ai été pendant toutes ces années.

 Il se tut dans l'attente d'une réponse, mais il n'entendit que les pleurs de Sin fo. Il voulut la rejoindre, mais dès qu'il tourna la poignée, Sin fo usa de son pouvoir pour fondre les pierres les plus proches et ainsi sceller la porte dans le mur. Hank lâcha la poignée et recula d'un pas. Il s'essuya le visage et prit une longue inspiration avant de conclure :

- Je suis désolé pour tout le mal que je t'ai fait. Je pars ce soir. J'imagine que nous ne reverrons pas. Je t'aimerais toujours Sin fo. Adieu.

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