Comme je suis flattée de vous voir dans mon antre fuligineux. Veuillez pardonner le désordre. Je me complais à garder bien trop de souvenirs de mes soirées festives. Aimez-vous cette ambiance tamisée, propice à la rêverie ? Appréciez tout de même cette touche de lumière qui orne les tentures pourpres de mon lit à baldaquin. Caressez le tissu soyeux, cadeau de mon dernier amant. Une œuvre d'art, je vous l'assure. Tout son être ourle chacune des broderies.

Votre venue me comble. J'ai su piquer votre curiosité. Ne soyez pas timides, mettez-vous à l'aise. Accrochez vos vestes à mes patères sculptées dans les restes de mes chasses nocturnes. Ne minaudez pas. Tombez vos chemises que je puisse admirez vos torses si agréablement modelés. Aucun doute, vous êtes de charmants étalons. Vous chevaucher sera pure délectation. Je vois aux sourires dessinés sur vos bouches que vous ne serez pas farouches. Vous me décevez, aucune résistance. Le dressage s'annonce partie bien trop aisée. À quoi pourront servir mes belles cravaches que j'ai laissées traîner ?

Asseyez-vous près de ma cheminée. Je viens de jeter une poignée de bois pour qu'elle ne s'essouffle pas. L'odeur peut vous paraître surprenante. Vous vous habituerez. Les chairs se consument plus lentement. Vous frissonnez, vous aurais-je un tantinet contrariés ? Rassurez-vous, je ne vous ai pas encore croqués. Sachez faire preuve d'un peu de retenue, essuyez le filet de bave qui s'échappe du coin de vos lèvres. À moins que vous espériez que je le fasse. Pas maintenant, votre émoi n'est pas assez développé à mon goût. Comment ? Parlez plus fort, vous souhaitez émettre une objection. Une plainte. Vous m'adressez une réclamation. Balivernes, vous êtes nerveux. Serait-il possible que vous regrettiez cette invitation dans mon cabinet des curiosités ?

Installez-vous confortablement, la soirée ne fait que commencer. Vous comprendrez, je l'espère, que je ne pourrais vous permettre de repartir. Vous en savez trop. Serais-je possessive ? Sûrement. À moins que ce soit ma gourmandise qui guide mes plaisirs insatiables. La bosse qui s'esquisse entre vos jambes me plaît assurément. Vous satisfaire serait trop aisé. Seriez-vous trop facilement influençables ? Mince, j'espérais plus de consistance de votre part, je me sens trahie. J'aperçois votre désir poindre et éteindre le mien. Il va falloir vous montrer plus robustes, trois petits tours et puis oust vous vous en allez. Très peu pour moi. Je m'amuse à l'idée de vous laisser plantés ainsi.

Accordez-moi un instant, je vais chercher mon recueil. Il est rangé dans ma malle à jouets. Depuis la nuit des temps, je l'alimente de mes fantasmes. Je vous sens frétiller. Vos sexes oscillent, métronomes de vos esprits incontrôlables. Faibles êtres que vous êtes ! Tiendrez-vous votre promesse ? Votre présence ici, en cette soirée, n'est-elle pas simple roublardise ? Ne vous trompez pas, la maîtresse des lieux n'est autre que moi. Tisiphone. Il ne peut en être autrement. Les règles, je les ai établies, à vous de les respecter. Aucune marche arrière possible. Asseyez-vous sur le tapis de bête, et écoutez sagement.

Je vais vous conter des histoires. Pour certains d'entre vous, elles seront un rêve éveillé, pour d'autre leur pire cauchemar. Méfiez-vous tout de même, je les ai écrites à l'encre de mes conquêtes passées. Vous m'adressez des compliments ? Je n'ai encore pas lu la moindre ligne. Vous êtes mignons. Peut-être vous autoriserai-je à emprunter quelques-uns de mes trésors ? Tester c'est souvent les adopter. La chair de poule qui s'étale sur vos corps est purement jouissive. L'éclat qui scintille dans vos pupilles me confirme que nous allons bien nous amuser. Je vous sens fébriles tout à coup. Pourrez-vous encore résister, une fois que je vous aurai possédés. Je serai votre nouvelle obsession et vous me supplierez de recommencer. Vous en doutez. Vous avez osé pénétrer dans ma tanière, vous allez découvrir la tigresse qui l'habite.