Chapitre 11
Eldria resta prostrée à terre, les yeux plus que jamais embués de larmes, le visage collé contre sol de pierres froides. Dans quelques secondes, elle le savait, l'homme qui l'avait amenée ici allait se jeter sur elle. Il commencerait probablement par lui enlever sa robe, puis il s'empresserait ensuite de lui arracher violemment sa culotte. Une fois totalement nue et à sa merci, il la jetterait certainement sur le lit dont Eldria devinait les pieds à sa gauche, puis elle entendrait l'homme défaire sa ceinture et baisser son pantalon. Finalement, il lui écarterait violemment les cuisses, et lui planterait son sexe impatient dans le vagin, impuissant, offert en pâture sans qu'elle ne puisse rien y faire. Un long pénis entrerait, une virginité jusque-là préservée sortirait, pour ne plus jamais revenir...
Les secondes passèrent. Eldria s'attendait à tout moment à être attrapée par les épaules.
Cinq secondes. Dix secondes.
Toujours rien.
Quinze secondes. Vingt secondes.
Elle tourna lentement la tête en direction du lit, puis du reste de ce nouvel environnement. Elle cligna rapidement des yeux pour tenter d'y voir un peu plus clair, son cœur continuant de battre à tout rompre dans sa poitrine. Elle détailla rapidement la pièce. C'était une toute petite chambre aux murs blancs, dont le mobilier consistait en un unique lit surmonté d'un matelas de plumes. Une torche solitaire accrochée au mur en face de la porte éclairait l'ensemble d'une vive lumière orangée.
Son regard se posa ensuite sur l'homme qui se tenait debout face à elle. Alors qu'elle continuait de cligner des yeux, elle distinguait avec de plus en plus de netteté les traits de celui qui l’avait emmenée dans cet endroit. C'était un jeune homme de taille moyenne, vingt-cinq ans environ, mal rasé, les cheveux bruns coupés courts. Il portait une tunique en cuir marron, et un simple pantalon. À sa ceinture était accrochée une courte épée. Quand elle aperçut celle-ci, Eldria eut un soudain mouvement de recul. Les fesses sur le sol, elle rampa précipitamment en arrière, apeurée, avant que son dos ne rencontre le mur.
Immédiatement, le jeune homme s'accroupit devant elle et tendit son bras dans sa direction. Elle émit un petit cri de détresse et se plaqua de plus belle contre la pierre froide. À tout instant, elle s'attendait à ce qu'il attrape le devant de sa robe et qu’il la lui arrache sans ménagement. Mais il n'en fit rien. Au contraire, l'homme semblait lui tendre la main comme pour l'aider à se relever.
– Tu n'as rien à craindre, dit-il d'une voix douce.
Il la fixait avec de grands yeux bleus flamboyants, un faible sourire aux lèvres. Dans d'autres circonstances, elle aurait pu trouver qu'il était beau garçon.
Ils se dévisagèrent ainsi pendant quelques instants, lui avec un sourire rassurant, elle avec une appréhension qui se lisait dans ses yeux, rendus rouges par ses larmes. Ne sentant aucun danger immédiat, elle parvint petit à petit à s'arrêter de sangloter. Elle ne baissa pas sa garde pour autant. C'était sûrement un piège pour l'amadouer.
– Comment tu t'appelles ? demanda finalement l'homme d'une voix posée, sans quitter Eldria des yeux.
Celle-ci ne répondit pas.
– Moi c'est Dan, enchanté.
Voyant qu'elle ne réagissait pas, il baissa le bras, l'air déçu.
– Je ne te ferai rien, c'est promis. Tu peux parler.
Eldria lui lança un nouveau regard dubitatif. Comment faire confiance à cet inconnu dans une telle situation ? Elle se rendit soudainement compte qu'étant assise à même le sol, ses jambes étaient légèrement écartées ce qui laissait entrevoir une bonne partie de ses cuisses sous sa robe. Elle s'empressa de ramener ses genoux contre elle. L'homme qui prétendait se prénommer Dan fit mine de n'avoir rien remarqué.
– Je suis désolé si je t'ai fait peur.
Un court silence s'installa. Elle ne le regardait plus, ses yeux s'étaient posés sur un coin de la pièce. Elle ne voulait pas lui faire la satisfaction d'entrer dans son jeu. Tout ceci n'était sûrement qu'une comédie.
– Cela a dû être difficile pour toi je suppose... Je suis désolé pour tout ce qui t'a été fait, vraiment... Tu es nouvelle, n'est-ce pas ? Je ne t'avais encore jamais vue.
Pas de réaction.
– Les filles ici subissent vraiment des épreuves horribles... reprit-t-il en se grattant l'arrière du crâne tout en se tournant vers la porte.
– Où sont mes amies ? parvint à demander Eldria d'une voix faible.
Dan haussa un sourcil.
– Tes amies ? Je suis désolé, quand je t'ai trouvée tu étais seule, je n'ai vu personne près de toi.
Eldria ferma les yeux, lassant échapper un autre sanglot. Salini et Karina étaient certainement en train d'être abusées en ce moment même derrière l’un de ces murs... Sans compter Dricielle...
Dan ne bougea pas, il observait Eldria avec attention.
– Tu sais, tu ne payeras pas plus cher en t'asseyant, ce sera plus confortable que sur le sol.
Elle le sonda quelques instants. Etait-il vraiment si bon comédien ? Quel intérêt avait-il à se jouer d'elle de la sorte ? S'il avait voulu la violer, il n'aurait eu aucun mal à la maîtriser et à obtenir par la force ce qu'il voulait. Elle était plus petite et bien moins musclée que lui...
Quoiqu'il en fût, elle commençait en effet à avoir mal au dos et aux fesses, et l'homme ne semblait pas représenter un danger dans l'immédiat. Péniblement, elle se leva sur ses jambes encore tremblotantes, avant de s'assoir sur le bord du lit à sa droite, les bras croisés sur ses genoux, le dos voûté. Ses cheveux châtains lui tombaient en bataille tout autour du visage. À son plus grand soulagement, Dan resta debout, éloigné d'elle de deux bons mètres. Une bonne minute passa sans que ni l'un ni l'autre ne bouge. Ce fut finalement Dan qui brisa une nouvelle fois le silence :
– Ecoute, tu es nouvelle, tu ne sais peut-être pas comment ça marche. Ni la raison de votre présence à toutes ici.
Elle tourna un œil vers lui, partagée entre l'appréhension et la curiosité.
– Hem... c'est très simple, mais c'est... un peu délicat à expliquer.
Il s'appuya contre le mur, en face d'elle.
– Ce que tu as déjà certainement dû comprendre, c'est que tu es une prisonnière de guerre. Tu as été amenée dans ce poste avancé sous contrôle de l'armée d'Eriarh, armée dans laquelle je sers, en guerre avec ton pays depuis un peu plus d’un an, mais là je ne t'apprends rien. Nous sommes ici dans un ancien complexe de vos forces, que nous avons capturé il y a environ dix mois, et qui nous sert maintenant de quartier général dans la région.
Contre toute attente, il avait réussi à capter l’attention de son interlocutrice. C'était enfin l'occasion d'en apprendre plus. Celle-ci ne baissa pour autant pas sa garde.
– Ce que nos chefs de guerre n'avaient pas prévu, c'est qu'il serait difficile de mener au combat plusieurs milliers d'hommes loin de chez eux pendant si longtemps, loin de leurs familles, loin de leurs vies... Vous envahir n'était pas si aisé qu'on aurait pu le croire. De nombreux problèmes ont commencé à se présenter. Celui de la nourriture notamment. Nous ne pouvions pas uniquement compter sur le pillage des ressources ennemies. C'est pourquoi nos dirigeants ont rapidement mis en place un système d'importation de nourriture pour tous nos avant-postes. Mais le même problème s’est posé bientôt pour l'eau. Nous avons perdu plusieurs centaines d'hommes au cours des premières semaines d'occupation à cause de puits ou de sources minérales empoisonnés par votre armée. Des charrettes citernes ont donc été dépêchées pour subvenir au manque d'eau de nos forces.
Eldria ne savait plus quoi penser. Pourquoi lui racontait-il tout cela ?
– Nous avions la nourriture, nous avions l'eau, nous avions des forgerons pour nous fournir en armes, des armuriers pour réparer nos armures, et des infirmiers pour soigner nos blessés. Tout était réuni pour gagner cette foutue guerre. Pourtant... il y avait une chose à laquelle nos chefs n'avaient pas pensée...
Il marqua une courte pause et se lava avant de se mettre à faire les cent pas dans la petite pièce.
– À part l'eau et la nourriture, que peut-il bien manquer à un homme qui part en campagne pendant plusieurs mois ?
Il regarda Eldria, s'attendant visiblement à ce qu'elle lui réponde. Mais elle demeura muette.
– Le sexe, reprit-il le plus simplement du monde. Privez un homme de sexe pendant une longue période, et ses actions deviennent moins prévisibles. Les viols dans les villes et villages occupés devinrent bientôt un réel problème pour nos dirigeants. Non seulement beaucoup de soldats se mettaient à quitter leurs postes pour aller trouver et abuser de pauvres femmes qui n'avaient rien demandé dans les villages alentours, accroissant ainsi considérablement les cas de manquement à la discipline, mais aussi, et surtout, cela dégradait énormément les relations avec les populations occupées. Comment leur demander de coopérer avec nous alors que dans le même temps leurs femmes et leurs filles étaient sauvagement battues et violées tous les jours dans les rues ? Cela finit bientôt par devenir aussi problématique que le manque de nourriture et d'eau potable.
Eldria commençait à voir petit à petit les pièces du puzzle s'assembler.
– L'idée émana de l'une de nos plus importantes têtes pensantes : le général Korm. Selon lui, c'était du gâchis de laisser ces malheureux déboires s'exprimer de manière désorganisée. Il fallait trouver un moyen de contrôler tout cela efficacement. Ce fut lorsqu'on lui reporta des cas de pratiques homosexuelle au sein de son armée – certains hommes en étaient arrivés là pour satisfaire leur manque – que le général mit en place la prison dans laquelle nous nous trouvons actuellement, ainsi que plusieurs autres prisons du même type dans nos avant-postes les plus importants. Son idée était simple : plutôt que de laisser les femmes être violées aux quatre coins du territoire ennemi, il était plus facile de toutes les rassembler en un seul lieu et d'organiser leur viol collectif de manière contrôlée...
Un long silence suivit ces paroles. Tout était maintenant plus clair pour Eldria. La présence de toutes ces femmes ici... Leur but premier n'était pas d'être vendues en tant qu'esclaves, mais bien de servir de divertissement sexuel à toute une armée. Pour servir l'effort de guerre ennemi en quelque sorte... Une fois encore, elle eut un haut-le-cœur, mais elle n'avait toujours rien à vomir. Elle toussa avec force et se contorsionna péniblement sur le lit. Dan se précipita alors dans sa direction, mais elle eut un mouvement de recul en le voyant s'approcher si vite. Il s'interrompit en chemin.
– Je... Je suis désolé, dit-il une nouvelle fois.
Après quelques instants, Eldria se ressaisit et parvint à se remettre en position assise, se prenant la tête entre les mains.
– Pour-pourquoi me laisser... moi ? parvint-elle à demander, les yeux fixés sur le sol de pierre.
Dan ne lui répondit pas immédiatement.
– Normalement, toutes les femmes avec qui tu es entrée doivent être choisies par l'un de nous, finit-il par expliquer. Ensuite, nous les emmenons dans une pièce comme celle-ci... Une par... disons... couple. Comme cela, chacune peut être abusée tranquillement.
– C'est horrible, sanglota péniblement Eldria, plus pour elle-même que pour Dan.
– Oui...
Nouveau silence, que Dan brisa après quelques instants de flottement :
– Il y a autre chose que je ne t'ai pas dit...
Elle se lâcha le visage, et se tourna vers lui.
– Et bien... Le Général Korm tient vraiment à ce que tous ses soldats obéissent à ces ordres... Ce n'est pas uniquement pour notre bien, mais bien pour s'assurer que le sexe nous obsédera moins sur le terrain. Une fois satisfaits, nous sommes censés être plus malléables...
Il se gratta l’arrière du crâne, visiblement gêné.
– Hem, c'est assez délicat... Après chacun de nos rapports avec vous, il a donné pour ordre de faire vérifier que nous avons bien... heu... consommé le moment... D'une minute à l'autre, quelqu'un va rentrer dans la pièce pour s'en assu-
Mais il s’interrompit soudainement. Déjà Eldria, s'était levée. Elle avait été idiote, au point de croire brièvement que cet homme ne lui ferait rien. La peur l'empoigna aussi vite qu'elle était partie.
– Non ! s'écria-t-elle. Non je ne veux pas !
Elle se plaqua contre le mur une nouvelle fois. Mais cette fois-ci, Dan se jeta sur elle et l'attrapa par épaule.
– Non ! Laissez-moi ! sanglota-t-elle.
– Chut ! Calme-toi ! Laisse-moi terminer !
– À l'aide ! Laissez-moi partir, par pit-hmmpfff-
Dan venait de lui plaquer la main contre sa bouche pour l'empêcher de crier. De l'autre bras, il la maintenait en place avec force de façon à ce qu'elle ne puisse pas se débattre.
– Calme-toi, je ne vais pas te violer !
Leurs visages étaient pratiquement collés. Eldria expirait et inspirait fortement par le nez, le fixant d'un air effrayé.
– Ecoute-moi. Je ne vais pas te toucher. Dans quelques instants, quelqu'un va débarquer dans cette pièce et va vérifier que j'ai bien... hem... disons... pris du plaisir. Et si ce n'est pas le cas, ils vont croire que c'est parce-que tu as résisté, et ils te feront du mal pour ça, tu as bien compris ? Ils te feront du mal. Crois-moi j'aimerais avoir une autre solution, mais il n'y en a pas... Fais-moi confiance.
Il relâcha légèrement son étreinte. Elle ne tenta pas de se débattre.
– Normalement ils nous laissent entre dix et vingt minutes, et nous sommes là depuis déjà huit ou neuf minutes au moins, nous n'avons plus beaucoup de temps, la porte peut s'ouvrir d'un instant à l'autre... Ecoute, je vais retirer ma main de ta bouche, promets-moi que tu ne crieras pas. Je te promets que je ne te ferai aucun mal. Si je l'avais voulu, j'aurais pu t'en faire depuis tout à l’heure...
Après quelques secondes, et sans le quitter des yeux, Eldria acquiesça d'un signe de la tête. Comme convenu, Dan retira doucement sa main, et recula d'un pas. Elle ne cria pas, mais fuit son regard, consciente de ce qu'il allait maintenant lui demander.
– Dernière chose. Ils s'attendront aussi à ce que l'on soit déshabillés, tous les deux...
Plus d'échappatoire possible. Elle allait bientôt savoir si tout ceci n'était qu'une vaste comédie destinée à la faire retirer ses vêtements d’elle-même, avant de la prendre de force... De toute façon, elle n'avait plus le choix. Si Dan disait vrai, il fallait qu'elle se déshabille. C'était soit ça, soit risquer les représailles de Madame Martone, et cela elle ne le souhaitait pour rien au monde... Et quoiqu'il en fût, si ce prétendu Dan lui mentait depuis le départ, s'il voyait qu'elle ne coopérait pas, rien ne l'empêcherait de faire tomber son masque de beau parleur et de venir lui arracher sa robe de lui-même. Dans tous les cas, elle était perdante. Autant choisir le scénario dans lequel elle pouvait au moins avoir la décence de se déshabiller de son plein gré.
À contrecœur, elle se mit dos à lui, et entreprit de décrocher le tissu de la robe de ses épaules. Elle attrapa ensuite le vêtement par les côtés et, tout en se tortillant pour le faire glisser, le laissa tomber jusqu'à ses pieds. Elle le repoussa ensuite d'un geste du pied. Puis, elle prit sa culotte et, tentant de ne pas trop réfléchir à ce qu'elle était en train de faire, la fit elle aussi glisser jusqu'au sol. Elle se sentit rougir. Derrière elle, Dan ne fit aucun commentaire sur son corps, maintenant affiché dans sa plus simple expression.
– Heu... commença-t-il simplement. Il faudrait que tu... Hem... que tu te penches un peu pour que... Tu sais bien...
Sans se retourner, Eldria se mit à genoux devant le lit et allongea le reste de son corps sur le matelas. Elle sentit le douillet rembourrage de plumes épouser avec douceur la forme de ses seins. Ses fesses et son sexe étaient maintenant levés en direction du jeune homme, comme proposés en offrande à qui voudrait les prendre. Elle plaqua le côté droit de sa tête contre le matelas. De là elle s'aperçut qu'elle pouvait voir sur le mur son ombre projetée par la lumière de la torche à sa droite. Elle se voyait, cambrée en avant, dans une posture des plus érotiques. Un peu trop érotique à son goût...
Mais ce fut l'ombre de Dan qui attira le plus son attention. Elle l'observa, comme attirée, en train de se déshabiller lui aussi. Elle vit l'ombre retirer sa tunique et la jeter dans un coin de la pièce, avant de trifouiller sa ceinture, et de baisser son pantalon. Aucun d'eux ne parlait. On entendait simplement le bruit des vêtements de Dan alors qu'il les enlevait un à un, ainsi que le faible crépitement des flammes de la torche.
Une fois que Dan eut fini de se déshabiller lui aussi. Il vint se placer derrière Eldria. Celle-ci ressentit contre l'arrière de ses cuisses la très légère sensation de chaleur que l'on ressent lorsque la peau de quelqu'un est très près de la nôtre. Pourtant, il ne la touchait pas.
« Et voilà », se dit-elle. Elle allait finalement avoir le fin mot de l'histoire. Maintenant qu'elle était nue et prête à s'offrir à lui sans résistance, elle allait savoir s'il allait tenir sa parole. À tout instant, elle s'attendait à sentir les lèvres de son vagin s'écarter, alors qu'un corps étranger rentrait à l'intérieur de sa cavité intime... Quelle sensation cela provoquerait-il ? Aurait-elle mal ? Dans une ultime tentative de protection, elle serra inutilement les fesses, consciente que cela ne servirait absolument à rien.
Elle se sentit bête. Bête et humiliée.
Finalement, les lèvres de son sexe ne s'écartèrent pas. Aucun corps étranger ne s'y inséra. En observant les ombres sur le mur à sa gauche, Eldria remarqua que Dan avait mis sa main au niveau de son bas-ventre et qu'il entamait un mouvement de va-et-vient sur ce qu’elle devina être son pénis, tout comme l'avait fait le soldat blond la veille. C'était la deuxième fois qu'un homme se masturbait sur elle en moins de vingt-quatre heures... Qu’avait-elle donc fait pour mériter cela ? Pourtant, cela signifiait une chose : il ne lui avait pas menti. Depuis le début il avait été honnête avec elle...
À mesure que Dan agitait sa main le long de sa verge, Eldria remarqua que l'ombre du jeune homme s'agrandissait en cet endroit. Bientôt, alors que l'on entendait plus dans la pièce que le bruit de frottement de peau que cela provoquait – bruit qu'elle ne pût s'empêcher de rapprocher à celui que cela faisait quand elle-même se masturbait – elle distingua l'ombre du sexe de Dan sur le mur, directement pointé sur ses reins dénudés.
Pendant au moins deux minutes, elle ne bougea pas, attendant que Dan termine sa besogne, tandis que celui-ci continuait de se stimuler avec force. Elle ne savait pas combien de temps il fallait à un homme pour jouir. Etait-ce long ? Derrière elle, la respiration du jeune homme augmentait petit à petit en rythme et en niveau sonore. Elle le voyait agiter son poignet avec une extrême rapidité, comme s'il souhaitait que cela se finisse rapidement. Elle se demanda comment il était possible qu'il ne se fasse pas mal à aller si vite.
Elle n'osait pas regardait derrière elle. Leurs ombres respectives lui suffisaient amplement. Elle ne voulait surtout pas découvrir à quoi ressemblait le corps nu d'un homme en train de se caresser le sexe à quelques centimètres à peine de ses fesses. Elle préférait ne pas avoir à garder cette image en tête jusqu'à la fin de ses jours. C'était déjà suffisamment déplaisant de se le représenter...
Soudain, elle remarqua qu’il s’agitait derrière elle. En observant le mur, elle vit qu’il avait modifié le rythme de ses va-et-vient. Il pencha la tête en arrière, comme s'il regardait le plafond. Au même moment, Eldria sentit le liquide chaud de son sperme se déverser par intermittence sur le bas de son dos, en au moins cinq ou six vagues espacées d'une demi-seconde à peine. Elle ferma les yeux en rougissant, attendant que cela passe. Dan n'émit aucun son, ce qui la rassura. Au moins, il n'affichait pas sans gêne le plaisir qu'il devait ressentir.
Elle ne bougea pas. Elle entendait toujours le jeune homme souffler derrière elle, comme pour se remettre de ses émotions. Elle vit alors son ombre s'éloigner légèrement de la sienne, alors qu'il s'épongeait le front avec son avant-bras. Il était vrai qu'il commençait à faire chaud dans cette étroite pièce, et ce n'était certainement pas seulement à cause de la torche...
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