Chapitre 14

9 minutes de lecture

Lorsqu’elle referma la porte de sa chambre, Eldria poussa un long soupir. Au dehors, les ténèbres de la nuit finissaient tranquillement de reprendre leurs droits. Elle posa sa lampe à huile sur la table de chevet, avant de se laisser tomber sur son lit. La petite pièce était baignée d’une douce lumière, chaude et tamisée. La journée passée avait été plus qu’éprouvante. Plusieurs heures durant, elle avait dépensé toute son énergie à dresser les tables et à cuisiner pour les invités, à servir, à faire la vaisselle, à arranger les chambres d’amis avec sa tante... En milieu et début d’après-midi, elle était allée donner un coup de main aux champs, ne se ménageant pas. Le midi et la fin de matinée, elles les avaient passés à récolter et à couper les légumes pour le soir. Elle n’avait pas chômé ! Le matin même...

Le matin... Toute la journée, Eldria avait tenté d’écarter de son esprit les évènements du matin. Elle avait dû rester concentrée, ne rien laisser transparaître. Lorsqu’elle avait croisé Troj et Aran, puis un peu plus tard Salini aux alentours de midi, elle avait fait mine de ne pas les voir et s’était arrangée pour ne pas avoir à leur adresser la parole. À chaque fois que des images lui étaient revenues en tête, elle avait fait son possible pour se reconcentrer sur son activité du moment, redoublant d’effort pour penser à autre chose.

Pourtant, maintenant, elle était seule. Seule dans sa chambre, alors que tout le monde était parti se coucher. Tout était calme. Elle n’avait plus d’excuse... Il FALLAIT qu’elle réfléchisse. Elle ne sut pas si c’était le calme de la nuit contrastant avec le tumulte de la journée, ou bien si ses barrières mentales avaient fini par céder à cause de la fatigue, mais, soudain, le flot des images se déversa dans son esprit, comme on libèrerait une eau sauvage trop longtemps retenue derrière un barrage qui se serait effondré.

Elle revit nettement les sexes en érection de ses anciens amis, maintenant devenus des hommes à part entière, grands et musclés. Elle revit Salini qui, sans pudeur, leur avait caressé les parties intimes, avant de se mettre – littéralement – à nue face à eux. L’étrange sensation qu’elle avait alors ressentie face à cette scène surréaliste se manifesta de nouveau, quelque part entre ses cuisses et son nombril. Etait-ce donc cela l’excitation sexuelle ? Sans plus attendre, elle se leva de son lit et se plaça devant le grand miroir au pied de celui-ci. Elle observa son reflet avec attention. Etait-elle jolie ? Autant que Salini ?

Il ne lui fallut que quelques secondes pour se dévêtir entièrement pour mieux continuer son auto-inspection. Elle empoigna ses seins et les jaugea en les malaxant sans ménagement. Chose étrange, ses tétons paraissaient plus proéminents qu’à l’ordinaire. Elle n’avait pas eu l’occasion de voir la poitrine de Salini, mais la jeune femme semblait tout de même être dotée de plus gros seins qu’elle. Quelle en était la taille idéale ? Les siens n’étaient-ils pas trop petits pour une fille de son âge ? Elle n'en avait aucune idée.

Toujours debout face au miroir, elle se contorsionna dans plusieurs positions jusqu’à obtenir le meilleur angle afin d’observer au mieux le reflet de la forme arrondie que formaient ses hanches. Elle se maintint ainsi sur la pointe des pieds de longues secondes, à juger si oui ou non ses fesses étaient aussi parfaites que celles de Salini. Pour la première fois, elle se mit à éprouver de la jalousie à l’égard de la jeune femme, qui semblait attirer les hommes si facilement ces dernières années... Jarim serait-il ainsi jamais aussi sensible à ses charmes ?

Pendant un bref instant, son esprit se laissa une nouvelle fois aller à s’imaginer en train de se déshabiller entièrement devant Jarim... La sensation d’excitation dans son bas ventre reprit de plus belle. Et ce n'était pas pour lui déplaire. Rapidement, elle tourna le miroir de façon à ce qu’il fasse désormais face au lit, puis s’assit sur ce dernier. Elle écarta les jambes afin d’expertiser plus avant la zone d’où emmenait cette sensation nouvelle. Pourtant, sa peau – blanche en cet endroit en comparaison du reste de son corps légèrement plus bronzé du fait de la saison – ne laissait rien apparaître d'inhabituel.

Une nouvelle série d’images voluptueuses déferla dans ses pensées, sans qu’elle puisse les contrôler. Elle revécut l’espace d’un instant le moment où Salini avait pris Aran dans sa bouche. Jamais elle n’aurait cru que la chose puisse se dérouler de cette manière...

En continuant d'examiner son propre reflet, elle remarqua qu’une petite goûte de liquide était en train de s’écouler de la fente de son sexe. Etrangement, cela ne ressemblait aucunement à de l’urine. De plus, elle n’était pas en période de menstruation, aussi fit-elle délicatement glisser son doigt contre l’orifice humide. Les lèvres de son entrecuisse étaient douces et chaudes au toucher. Une décharge incontrôlable d’excitation lui parcourut l’échine au moment où sa phalange entra en contact avec sa peau. Que lui arrivait-il ? Le liquide était légèrement gluant. Cela ne lui était jamais arrivée, il fallait qu’elle comprenne.

Elle se pencha en avant, puis écarta délicatement les parois de son vagin afin de mieux en apprécier les détails. L’endroit était littéralement en feu. Au moindre contact de ses doigts, elle ressentait un plaisir à la fois nouveau et excitant. Elle eut à ce moment la sensation très étrange de faire la découverte d’une nouvelle partie de son propre corps. Une partie qui aurait été juste sous ses yeux pendant tout ce temps, mais à laquelle elle n’aurait jamais vraiment porté attention. Pourtant, physiquement, tout était tel qu’elle l’avait toujours connu. C’était comme si son sexe, avec lequel elle interagissait jusque-là uniquement pour ses besoins naturels et pour ses dérangements d’ordre féminin, venait d’accéder à une nouvelle fonction primaire qui lui était jusqu’alors restée dissimulée. Il lui fallut quelques instants pour encaisser cette découverte, qui allait probablement changer sa façon de voir la vie en générale. Maintenant c’était évident : le sexe ne servait pas qu’à la reproduction, c’était aussi une source de plaisir, dont elle venait à peine d’effleurer l’immensité. Une source de plaisir à portée de main, dont elle aurait la jouissance quand elle le désirait... A ce moment précis, elle repensa à Salini, assise dans le foin, en train de se caresser...

Voulant en avoir le cœur net, elle reprit position plus confortablement contre ses coussins, qu’elle plaça l’un sur l’autre contre son dos afin de se retrouver dans une position mi-assise mi-allongée. Elle écarta largement les cuisses, et contempla une nouvelle fois son reflet en face d’elle.

Dans cette position, elle pouvait observer tout son corps dans son plus simple appareil. La lampe à huile à sa gauche dessinait de subtiles ombres, qui dansaient sur sa peau d’un lisse immaculé. Elle tremblait très légèrement, mais ce n’était pas à cause du froid. Pour la première fois de sa vie, elle fut excitée par le simple fait de se voir nue. Doucement, elle commençait à prendre conscience du pouvoir de séduction que le corps d’une femme, son corps, pouvait avoir.

Son attention se porta sur ses seins, dressés tels deux petites collines à l’orée de son champ de vision. Seuls ses tétons venaient contraster une forme arrondie, presque parfaite. Elle les prit entre ses mains et entreprit de les agiter tout en observant son reflet dans le miroir, s’amusant de simplement les voir rebondir comme deux petits ballons. Puis, à l’aide de ses deux index, elle commença à effleurer délicatement ses tétons, rendus presque aussi durs que du cuir. Cela se révéla bien plus agréable qu’elle n’aurait pu l’imaginer.

Au bout de quelques instants, elle se rendit compte qu’elle souriait béatement. De quoi devait-elle avoir l’air en cet instant précis, allongée, nue, sur son lit ? Que dirait une personne extérieure en train d’observer la scène ? À cette pensée, elle ressentit une très légère gêne. Peut-être que ce qu’elle était en train de faire était ridicule... Etait-ce considéré comme quelque chose de commun pour les gens normaux de s’amuser avec son propre corps, seul dans sa chambre ?

Puis finalement, après quelques instants de réflexion, elle décida qu’elle s’en fichait. Elle était seule avec elle-même, personne ne la regardait ni ne la jugeait, elle pouvait faire tout ce qu'il lui plaisait... Et après tout, son corps lui appartenait, à elle et à elle seule !

Libérée de toute notion de contrainte sociale, pendant plusieurs minutes elle continua de caresser ses seins, parfois l’un, parfois l’autre, parfois les deux en même temps, se satisfaisant simplement des douces sensations que cela lui procurait. Puis, ses yeux finirent par se poser sur son pubis, sur lequel elle jouissait d’une vue imprenable grâce au miroir lui faisant face. À ce moment précis, elle fut assaillie par une pensée grivoise : et si ce reflet d’elle-même en train de se procurer du plaisir n’était autre que ce que pourrait voir Jarim s’il se trouvait lui-même au pied du lit, en ce moment-même ? Son cœur s’accéléra à cette idée un brin saugrenue, tandis qu’elle esquissait un sourire espiègle. Que ressentirait-elle si cela était le cas ?

Elle se laissa aller à imaginer son ami en face d’elle, en train de la dévisager. De cette position, il pourrait la contempler dans sa plus pure intimité. Loin de se sentir gênée, elle fut au contraire submergée par une nouvelle vague d’excitation. Jarim aimerait-il ce qui s’offrirait alors à ses yeux ? Voir son amie entièrement nue, en train de se caresser face à lui, l’exciterait-il en retour ? Elle se plut à l’espérer.

Tandis que son esprit vagabondait de plus en plus, sa main droite, elle, vint doucement se perdre au niveau de son entrejambe. L’endroit était humide et chaud à la fois. Le bout de son majeur explora timidement sa peau rendue extrêmement sensible. Dans le calme plat de la nuit, elle put percevoir les fins poils duveteux de son pubis bruisser au toucher. Puis, à mesure qu’elle descendait, elle redécouvrit petit à petit les douces aspérités de son vagin. Jarim aimerait-il la toucher en cet endroit plus qu’intime ? Et, plus important encore, Eldria aimerait-elle que Jarim l’y touche ?

Comme animés d’une volonté propre, ses doigts commencèrent à se frotter avec plus d’intensité contre la zone la plus sensible de son sexe, juste au-dessus de son orifice. Rapidement, le rythme de sa respiration s’accéléra. Sans s’arrêter, elle ferma les yeux et visualisa son ami, entièrement nu lui aussi, au pied du lit, à la place du miroir. Elle se remémora ses pectoraux musculeux, qu’elle avait déjà pu admirer à de nombreuses reprises, et qui à chaque fois ne l’avaient pas laissée indifférente. Elle imagina également, et ce fut une première pour elle, ce qui se cachait en dessous de sa ceinture. Son pénis, tout comme sa peau, était de couleur ébène, long et dur, peut-être encore plus que ceux de Troj et Aran. Jarim le tenait bien en main et se masturbait vigoureusement tout en la dévorant d’un regard de braise.

Cette image la submergea. Pour la première fois, elle jouit :

– Oh oui !... laissa-t-elle faiblement échapper, tout en se cambrant d’un mouvement incontrôlé.

À cet instant précis, et alors qu'elle n'était pas remise de ses émotions, elle perçut des bruits des pas derrière sa porte. « Mince ! » s’écria-t-elle intérieurement. La lumière de sa chambre devait filtrer au travers de l’entrebâillement. Et si son oncle et sa tante se demandaient ce qu’elle faisait encore debout à cette heure ? Et s’ils l’avaient entendue ? Pire encore : et s’ils entraient ?

Ni une ni deux, elle tira la couverture de sous ses fesses et la rabattit sur elle. Puis l’instant d’après elle souffla précipitamment sur sa lampe à huile pour l’éteindre, se plongeant soudainement dans la pénombre. Elle tendit l’oreille. Les bruits de pas étaient en train de s’éloigner en direction de la cuisine. Elle poussa un soupir de soulagement. Surement un petit creux nocturne de son oncle, se dit-elle. Rassurée, elle s’affala contre les coussins et fixa le plafond, qu’elle distinguait à peine. Il ne fallait pas qu’elle oublie qu’elle n’était pas seule dans cette maison. La chambre de sa tante et de son oncle était mitoyenne à la sienne. Il lui arrivait d’ailleurs parfois d’entendre bien malgré elle leurs ébats, l’inverse était donc tout à fait imaginable...

Elle n’avait pas pu retenir son gémissement quelques instants plus tôt. C’était littéralement sorti tout seul ! Elle se jura de faire plus attention les prochaines fois qu’elle se masturberait... Car elle avait maintenant hâte de recommencer !

Elle jeta un coup d’œil au miroir toujours en face d’elle, qu’elle apercevait à la faveur des rayons de la lune. Jarim n’était plus là.

Annotations

Vous aimez lire ImagiNatis ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0