Chapitre 14
Amaya et Clyde attendaient en silence dans le bureau de la commissaire. Pour calmer son stress, Amaya laissa son regard errer sur chaque détail de la pièce. Tout était impeccablement rangé, froidement organisé et révélait le besoin de contrôle presque maniaque de la commissaire.
Sur le bureau, trois pots à crayons étaient alignés avec une précision millimétrée : l’un ne contenait que des stylos bleus, le second des noirs et le dernier des rouges. Une pile de dossiers parfaitement ordonnés trônait sur le côté droit du bureau.
Le long du mur, un meuble imposant accueillait plusieurs plantes grasses et quelques plantes tombantes dont les feuilles s’étiraient vers le sol, comme en quête de liberté. Amaya les observa longuement, cherchant un apaisement dans cette touche de verdure au cœur de cet environnement austère. Elle avait toujours apprécié les plantes et aimait s’occuper d’elles et les voir grandir… jusqu’à ce que tout bascule. Depuis sa dernière enquête, elle avait abandonné cette passion, la troquant contre les ténèbres qui l’avaient engloutie aux côtés de Jake.
Jake… Cet homme qu'elle avait toujours connu et qui l'avait protégée dans ses moments les plus sombres n'était plus. Amaya n'arrivait pas encore à réaliser qu'elle ne pourrait plus jamais le prendre dans ses bras, ni l’embrasser. Une boule lui noua la gorge. Elle voulut céder, laisser sa douleur éclater, mais ce n'était ni le moment, ni l'endroit.
Près d’elle, Clyde fixait son paquet de cigarettes comme si toute sa frustration y était enfermée. Son immobilité était trompeuse. En réalité, il bouillonnait à l’intérieur. Il ne savait plus comment se comporter avec Amaya. Il l’aimait, plus qu’il n’osait l’admettre, mais il voyait bien que chacune de ses marques d’attention creusait un peu plus le fossé entre eux.
— Putain… J’ai envie de m’en griller une… murmura-t-il, les yeux levés vers le plafond.
Amaya tourna la tête vers lui, un sourire discret mais sincère étirant légèrement ses lèvres.
— Tu le sens comment ? reprit-il en brisant de nouveau le silence.
— Et toi ?
Il haussa un sourcil et sourit à son tour.
— Pas terrible… Mais elle serait idiote de refuser. On forme une sacrée équipe, toi et moi. Tu trouves pas ?
— Probablement.
Avant que Clyde ne puisse répondre, la porte du bureau s’ouvrit brusquement. La commissaire entra, le visage sévère. Ses pas résonnaient dans la pièce et meurtrissaient le cœur d’Amaya qui commença à s’emballer. Le stress monta d’un cran et brouilla ses pensées.
— Inspectrice Griffin. Inspecteur Green, salua-t-elle en s’installant en face d’eux.
— Alors, le verdict ? Parce que je ne suis pas fan du suspense, déclara Clyde.
Elle le dévisagea, fatiguée par son insolence.
— Vous avez raison sur le fait qu’on manque cruellement de personnel pour ce genre d’enquête.
— Un point pour nous, dit Clyde avec un sourire en coin pour chercher à alléger l’ambiance.
— Pas tant que ça.
Son sourire s’effaça.
— Qu’est-ce que ça veut dire ?
— Ce qui veut dire que j’accepte de vous mettre sur cette enquête. J’en ai longuement parlé avec vos supérieurs et ils ont accepté de me prêter des hommes.
Un poids s’échappa des épaules d’Amaya, mais la commissaire planta son regard dans le sien, la ramenant brutalement à la réalité.
— Inspectrice Griffin je vous autorise à rester parce que vous connaissez peut-être le monstre qu’on traque, mais au moindre faux pas, vous êtes dehors.
Amaya serra la mâchoire. Elle refusa de cligner des yeux, de peur que le moindre battement de cils trahisse la rage qui bouillonnait en elle.
— Et vous, enquêteur Green… Vous avez aussi la charge de surveiller votre partenaire. Si elle dépasse la ligne, vous m’en informez immédiatement. Si cette enquête dérape, vous sautez tous les deux. Et croyez-moi, ce ne sera pas pour gérer des infractions mineures.
— Il n’y aura pas de débordement, soutint Amaya.
— Je ne crois que ce que je vois. Bon, vous êtes prêts pour rencontrer l’équipe. Ils doivent faire un point sur l’enquête dans moins de dix minutes. Ça sera le moment idéal pour vous présenter et pour nous montrer de quoi vous êtes capables.
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