Chapitre III
Le soleil se couchait lentement sur la ville humaine frontalière de Midgard, Mornecroc s’endormait peu à peu. Sauf deux jeunes gens qui rigolaient en sortant de la ville sous les regards fatigués des gardes. L’un d’eux salua la jeune fille que forma ce couple, en reconnaissant la fille du meunier.
Le jeune homme qui accompagnait la jeune fille eut un sourire goguenard en voyant le garde louché sur les formes généreuses de son amie.
- Cyndas, cesse ce sourire ridicule ! Grogna-t-elle à son ami, qui cacha un léger rire derrière sa main. Cyndas !
- Pardon … mais c’est tellement désopilant de voir les gens te regarder ainsi alors que cela fait depuis que tu es née qu’il refuse que tu t’approches de la ville. Dit-il, d’un ton loin de l’enjouement. Moi je t’adore comme tu es, Lysa.
La dite Lysa se mit à rougir aux compliments de son ami chasseur, et commença à jouer avec son collier où le pendentif d’un oiseau fait de bois offert par Cyndas, depuis la saison passée.
- Cesse de dire des sottises. Marmonna-t-elle, en continuant sur le chemin de terre menant aux champs de blés qui s’arrêtait non loin de la forêt elfique de Lightalfheim.
- Elle est belle, n’est-ce pas ?
Lysa se tourna vers Cyndas, qui avait un regard presque amoureux en fixant les arbres aux feuilles cramoisies. La meunière se sentit un court instant jalouse face à ce regard amouraché, et ce ne fut pas la seule. La louve totem de Cyndas, Eve chercha de l’attention de son maître de sa truffe, et machinalement les doigts du chasseur glissa dans sa fourrure. La queue du canidé remua de joie.
- On dirait que tu fixes une amante. Lança Lysa d’un ton railleur, faisant sortir Cyndas de sa rêverie.
Le chasseur eut un sourire en coin et offrit un clin d’œil à Lysa, qui soupira face aux gamineries de son ami.
- Je l’aime comme une grande amie. Cette forêt est …
- … dangereuse.
- … enchanteresse.
Cyndas perdit son sourire pour froncer les sourcils face à l’attitude défensif de Lysa.
- C’est qu’une forêt, tu le sais ? Dit-il, un peu désemparé.
- Une forêt rempli de monstres, d’animaux … et surtout d’elfes. Cracha Lysa, en défiant du regard Cyndas de dire le contraire.
Le chasseur soupira en connaissant les griefs de son amie à l’encontre des habitants elfiques.
La malédiction touchant toutes femmes humaines et Lysa était avant tout une lycanthrope ou femme-louve. Elle avait besoin d’une pierre de lune pour pouvoir sortir de sa maison, c’était la loi à Midgard, pour toutes jeunes filles.
Sinon elle devait quitter ses parents à l’âge adulte, et partir pour le royaume des ténèbres.
Mais Lysa refusa de quitter son père qui avait besoin d’aide pour le moulin, et qu’il se faisait bien trop vieux pour travailler vite et efficacement.
Alors le seigneur de la ville lui laissa une lune entière pour trouver cette pierre de lune, mais bien vite la facilité de la tâche disparu à ses yeux.
Les elfes refusèrent le passage de la jeune fille vers les marchés de Svartalfheim, et Lysa pensa qu’elle était en train de passer sa dernière année aux côtés de son père et de son ami.
Mais elle fit la connaissance d’un elfe marchand, qui lui offrit sa chance de rester. Elle se souviendrait toujours de ce jour merveilleux et étrange quand son corps de louve se transforma en celui d’une jeune femme.
- Pas tout les elfes sont des êtres arrogants et narcissique. Lança Cyndas, coupant les pensées de Lysa. Regarde Diruil.
- Tu n’as pas tort pour lui… Marmonna-t-elle, avant de s’arrêter.
Ils étaient arrivés devant la maison du meunier. Les deux jeunes gens se regardèrent dans le blanc des yeux, avant qu’un bruit sourd retentisse dans la maison au toit de chaume. Lyssa soupira tandis que Cyndas ricana.
- Je te dis à demain. Je vais aller relever mes pièges. Déclara le chasseur après un instant de flottement.
- Fais attention à … Qu’est-ce qu’elle fait là, celle là ?
La voix acide de Lysa fit tourner la tête du chasseur pour croiser la silhouette d’une jeune femme encapuchonnée. C’était l’assistante de Diruil. Elle les salua d’un geste discret de tête comme tout elfe. Lysa remarqua le regard appuyé sur Cyndas, et grinça des dents en suivant du regard la silhouette de l’elfique qui se dirigea vers les bois.
L’ombre du chasseur, un loup immense au regard rougeoyant grogna en fixant la disparition de la silhouette entre les arbres.
- Je l’ai vu aussi … Marmonna-t-il à lui-même, avant de se retourner vers Lysa. Passe une bonne nuit.
- Fais attention à toi, et passe une bonne nuit. Salua Lysa, prête à rentrer chez elle, mais elle se figea.
Cyndas se pencha vers elle, et comme deux ailes de papillons, ses lèvres touchèrent la commissure des lèvres de la jeune meunière qui eut les yeux brillants de bonheur.
- Garde moi une danse pour la fête. Dit-il d’un ton charmeur, avant de reculer vers la forêt.
Lysa fixa la silhouette de Cyndas, avec le cœur palpitant de bonheur et d’amour pour le chasseur, avant de rentrer dans la maison en chantonnant.
Tandis que Cyndas perdit son visage charmant pour l’un sombre, car il avait bien vu un de ces fameux rats qui polluaient la ville suivre l’assistante de Diruil dans les bois.
Le lendemain matin, Lysa s’éveilla heureuse et un peu plus amoureuse qu’hier, suite au léger baiser de Cyndas. Pourtant, après sa toilette et sa préparation pour aller faucher les blés, elle ne pensait pas que c’était la dernière fois qu’elle avait vu le jeune homme. Surtout quand elle vit au loin Eve sortir entre les arbres.
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