• Hey, qu'est-ce qu'il s'est passé avec Alex ? Vous êtes sortis pour une bon quart d'heure et tu rentres seule ... Attends, tu pleures ?
• Oui.
• Non ! Qu'est-ce qu'il y a ? Vous vous êtes disputés ?
• C'est un peu plus compliqué.

Mon amie m'attrape par le bras et m'entraîne dans un coin tranquille.

• Assieds-toi, je reviens.

J'acquiesce sans mot dire. Elle revient vite, une bouteille d'eau à la main.

• Bois un peu.

J'avale une gorgée sans enthousiasme.

• Tu veux m'en parler ou tu préfères juste un calîn et on passe à autre chose ?
• Il n'y a rien de secret. Je vais tout te dire.
• Je t'écoute.

Sérieuse, elle croise les jambes et me fixe avec attention.

• C'est simple. Alex m'a demandé de sortir avec lui.
• Merde ... C'était prévisible, mais ce n'est pas ce que tu veux. Je sais que tu ne te sens pas prête.
• Oui. Je ne veux pas m'amuser avec lui et je ne peux pas encore m'engager. Il y a encore tant de choses qui je n'ai pas stabilisées.
• Je vois.
• Si tu savais à quel point c'est dur ! Il m'a écoutée lui expliquer mes raisons en silence, les yeux pleins de larmes. Je n'avais qu'une envie, c'était de le serrer dans mes bras et ... snif ...
• Tu ne pouvais pas, c'est cela ?
• Oui ... snif ... Je crois que c'est la pire douleur. Faire du mal à quelqu'un qu'on aime alors qu'on ne le veut pas. Le voir en détresse par sa faute.
• Je comprends.
• Je ne voulais pas lui faire ça ! Je ne lui veux que du bien !
• Je sais, ma chérie.
• Ca me fait mal ... snif ...

Je m'effondre en larmes dans ses bras. Elle me tapote gentiment le dos, presque maternellement. Les larmes qui devraient me soulager sont amères et tombent goutte à goutte, en perles de souffrance.

• Ca va aller. Là. Doucement. Je suis là pour toi.

Sa présence me réconforte sans vraiment me consoler. Je parviens tout de même à me calmer. Je ravale ma peine avec rage.

• Je pense qu'il vaut mieux que tu rentres chez toi. J'expliquerai aux autres que tu ne vas bien et que tu as dû rentrer te reposer.
• Oui ... Merci, snif ...
• Eh, respire un bon coup, d'accord ? Maintenant tu attrapes tes affaires et tu vas te mettre devant une série avec ton plat préféré. Tu t'arrêtes à l'église si tu veux. Il ne faut pas s'arrêter. Il faut avancer.
• Tu as raison.

J'essuie mes yeux rougis et tente un pauvre sourire qui tourne en grimace. Je prends une grande inpiration. Déterminée à reprendre le contrôle de moi-même, j'enfile mes écouteurs et lance ma playlist favorite.

Une dernière accolade à Theresia et je prends la route. Il pleut toujours mais je m'en fiche. C'est l'orage dans mon coeur, peu m'importe la météo.

Je décide de faire un détour pour passer devant Saint Martin. Je jette un regard sur la vue qu'on a d'ici. Je l'aime beaucoup.

Je sursaute. Il est là. Appuyé contre le mur du bâtiment, les yeux perdus dans les nuages, la pluie dégouline sur son visage. Son T-shirt est déjà complètement trempé. Ses cheveux lui collent au front.

Je me retiens de courir vers lui. Je me mords la lèvre. Je ne peux pas le laisser ainsi, mais je ne peux pas non plus aller le voir. Je ne peux pas refuser de sortir avec lui et revenir vers lui même pas deux heures après.

Je serre les poings, impuissante.