Dernière heure [2023]
Quelqu’un sifflote.
Un sifflement mélodique, presque nostalgique, qui ne cesse jamais. Difficile d’ouvrir les yeux; les paupières sont si lourdes. Le sommeil s’efface pour laisser place à l’incompréhension. Je me redresse lentement. Mon corps hurle à cause de la position inconfortable dans laquelle je me trouve. Pas de vêtements chauds : juste un vieux pantalon gris et un tee-shirt rouge. Il fait si froid. Pas de ceinture non plus. À croire que la sécurité ne sert à rien.
Quelqu’un conduit.
Sifflote.
Il fait noir. Pas la moindre lumière là où nous sommes. Où ? Je ne sais pas. Comment ? Je ne sais pas. En fait, je ne sais rien, et c’est très perturbant ou peut-être pas. J’ai beau essayer de me creuser la tête ; rien ne sort.
Quelqu’un sifflote chaleureusement.
Un sifflement réconfortant, presque nostalgique, qui ne cesse jamais. Difficile de bouger, je suis comme clouée à l’arrière. Toutefois, je n’ai qu’une seule certitude. Mes mains se mouvent lentement, glissent le long de mon torse, s’abaissent au niveau du ventre et se retirent brusquement. C’est si évident que j’en ris.
Quelqu’un conduit.
Sifflote.
Du sang coule de là où un trou s’est formé. Ne dit-on pas que ressentir la douleur, c’est d’être vivant ? Je ris à gorge déployée.
Au moins, je ne mourrai pas misérablement.
Quelqu’un sifflote.
C’est Madame la Mort.
Un sifflement si joyeux. Glaçant et brûlant, quelle étrangeté.
Quelqu’un conduit… Quelqu’un ne conduit plus.
La voiture roule jusqu’à qu’elle dérive et se fracasse avec aucun passager à son bord.
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