"Tout ce que nous avons à décider, c'est quoi faire du temps qui nous est imparti"

Quelques jours, à peine, ou si ce ne sont que quelques heures, leur ont été accordés. Une lettre déposée par un messager trace une ligne fine entre deux mondes, qui peu à peu s’efface pour laisser place au néant. Elisa demeure dans un profond silence, perdue dans les méandres de ses plus beaux souvenirs, se délecte une dernière fois de la présence de son aimée. Ambre dessine. Coups de crayon incessant ; elle esquisse l’amour qu’elle porte envers Elisa, contourne les frontières de la haine, et l’aigreur qui la harcèle s’agite au gré des coups de gomme. Le silence est beau et à la fois, il est si délicat. Il témoigne des fissures dont les conséquences sont inévitables. La loyauté est parfois plus puissante qu’un simple amour, ou n’est-ce donc une amourette dont les deux jeunes femmes garderont de joyeux souvenirs? Elles partent en guerre, dans le même camp, peut-être, mais jamais elles ne se reverront.

L’horloge sonne, subitement. Le messager surgit telle la mort au tournant ou l’ivre au volant. Ambre se lève. Elle se penche sans tarder et dérobe son aimée de ses lèvres, l’emmenant dans un dernier voyage vers l’extasie. Un dessin en guise d’adieu, une lettre en guise de souvenir, et voilà que deux âmes se quittent à jamais.