2024 : mélancolie d'antan

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Améthyste-la-Vallée.

Un village qui brillait de mille feux la journée, là où habitait Hélène.

Hélène se réveilla en sursaut. Les mains sur sa gorge, ses ongles enfoncés dans sa peau, de vilaines marques rouges sur cette dernière. Un cri silencieux s’échappa de sa gorge. Elle demeura pétrifiée pendant un moment dans son lit. Finalement, le cauchemar s’évapora. Ses bras tombèrent le long de son corps. Son regard se fixa sur la lumière clignotante des LED accrochées aux murs de sa chambre. Un frisson parcourut son échine. Qu’est-ce qui l’avait réveillé ? Elle se redressa, balançant la couette sur le parquet, tendant une oreille.

Pas un son. Hélène s’allongea de nouveau dans le lit, un frisson parcourant son corps, et tira d’une main sa couverture sur son corps. Trois coups distincts résonnèrent au travers de sa maison. Elle grommela. La jeune femme décida d’ignorer leur existence. Cependant, quiconque se trouvait à sa porte voulait à tout prix qu’elle vienne lui ouvrir.

Une courte sonnerie retentit. Hélène se tourna vers son téléphone qui venait de s’allumer. Il n’était que 4 heures du matin. Elle saisit ce dernier, abandonnant la chaleur de son lit pour sortir de la pièce. Elle longea le couloir jusqu’à l’escalier en bois. La jeune femme arriva quelques minutes plus tard en bas, se faufila le long couloir qui menait à l’entrée de la maison. Hélène jeta un coup d'œil dans le judas tout en appuyant sur l’interrupteur. La lanterne sur son porche s’illumina. Personne. Était-ce une mauvaise blague des gosses de sa voisine d’enfance ? Ou était-ce un coup de la bande d’Améthyste-sur-Bois ? Elle se détourna, s’apprêtant à aller dans la cuisine quand trois coups heurtèrent le bois de la porte.

Son sang ne fit qu’un tour.

Hélène déposa son téléphone sur le meuble de l’entrée. Elle se saisit d’un bâton de marche que lui avait laissé sa sœur. La jeune femme déverouilla la porte. Hélène prit une profonde respiration avant d’affronter quiconque venait l’emmerder à 4 heures du matin.

Personne.

Hélène soupira : il lui fallait un petit remontant. Peut-être un verre de whiskey-coca ? Ou alors une bière 8.6 saveur fruit rouge ? La jeune femme remarqua un carton sur son porche. Il n’y avait pas de nom d’expéditeur. Hélène saisit le coli le ramenant rapidement chez elle. Elle avait le sentiment que sa vie monotone allait prendre une autre tournure. Elle ferma et verrouilla la porte. La lumière du porche éteinte, Hélène ramena ce mystérieux paquet sur la table de la cuisine.

Finalement, elle se servit d’un thé vert-whiskey-miel. Que personne n’appréciait à sa juste valeur. Avec un couteau, Hélène ouvrit le carton. À l’intérieur, il y avait une étrange boîte enrobée de papier bulle.

— Est-ce encore une pré-commande dont j’ai oublié l’existence ? songea-t-elle à haute voix.

L’objet était rectangulaire. Il ressemblait à un coffret. D’étranges motifs runiques décoraient ses surfaces, gravés dans le bois, et lui semblaient presque familiers. Diverses pierres étaient incrustées sur la tête de la boîte. Hélène voulut satisfaire sa curiosité par l’ouverture de cette dernière, cependant, rien n’y faisait. Il fallait une clef. La jeune femme jeta un oeil au carton mais ne vit rien qui servirait. Elle remarqua, toutefois, la présence d’une enveloppe bleue.

— Curieux, dit-elle, attrapant son thé vert mélangé au whiskey et au miel.

Un coup de couteau pour ouvrir l’enveloppe drôlement lourde, la voilà qui sortait une lettre délicatement pliée. Une odeur florale atteignit ses narines.

Ma chère inconnue,

Te voilà l’élue chanceuse, ou malchanceuse, d’un monde perdu. De moultes péripéties t’attendent aux travers d’épreuves et de rencontres mortelles. Des récompenses te seront généreusement données si tu parviens au sommet du Temple Sacré, là où tes ancêtres ont donné du leur pour permettre aux mondes liés de perdurer. Tu possèdes dorénavant la clef qui te libérera de la malédiction qui tombera sur toi dans six semaines.

Rendez-vous sur la place de Simmetiaire dans 6 semaines à 4 heures 30.

Hélène prit son verre, le terminant rapidement. Elle lâcha des mains la lettre qui vint se poser sur le carrelage de sa cuisine. Elle versa son cocktail chaotique de nouveau dans son verre. Cul sec. Une fois. Deux fois. La jeune femme se saisit de la lettre à nouveau. Non. Toujours la même chose. Elle avait bien lu. Hélène n’était pas folle. Qui lui avait fait cette blague ? Thomas-le-Balèze ? Probablement pas, celui-ci se trouvait en étude à la capitale avec sa bande de potes.

Elle jeta un œil au cadran de la cuisine. Une grimace se dessina sur son visage. Il était 5 heures du matin. Impossible de se rendormir à une telle heure. Heureusement, que le rendez-vous avec ses collègues était à 17 heures.

Et si elle testait une nouvelle variante ? Thé vert-whiskey-rhum-miel. Étonnant ! Un peu fort. Au moins, cela la fera dormir un bout de temps. Hélène se réveilla en catastrophe à 16 h 55. Un brin de toilettage, des nouveaux habits, la voilà à temps pour sa visio avec son équipe.

Hélène reprit son train-train de vie monotone durant les prochaines semaines, oubliant complètement l’existence de la boîte.

*

Des vers coulaient des orbites vides. Hélène recula, ses jambes lourdes la forçant à demeurer immobile devant l’immondice qui serpentait le mal dans tous ses cauchemars. Elle jeta un regard autour d’elle, cherchant un moyen de se défendre. Mais aucun objet dans la pièce ne pouvait l’aider. Elle saisit tout de même une casserole qu’elle balança à la tronche du monstre. Cela ne lui fit ni chaud ni froid. Hélène choisit alors l’étendoir sur sa gauche. Il heurta la bête. Elle en profita pour s’enfuir, au ralenti certes, mais au moins elle fuyait.

Soudainement, Rire-Rire jaillit dans son champ de vision avec une paire de ciseaux ensanglantée dans ses mains. Rire-Rire riait.

Heureusement, Hélène fut tirée de son cauchemar. La première chose qui lui vint était que son matelas était devenu dur pendant la nuit. Elle ouvrit les yeux avant de les refermer abruptement à cause d’un rayon de soleil. La jeune femme roula sur son ventre, se frottant à de l’herbe et de la terre. Hélène se figea.

Mais qu’est-ce que j’ai foutu hier soir ? songea-t-elle en ouvrant les paupières. Non, je n'ai pas bu. Faut dire que j’ai plus d’alcool depuis que ma famille d'alcoolique est passée à la maison.

Elle se frotta les yeux. Hélène contempla son environnement. Elle se trouvait au sommet d’une colline verte, entourée par d’immenses montagnes, forêts et un océan de champs à perte de vue. Hélène aperçut un village de pierre au pied de la chaîne de montagnes. Il faisait beau, assez chaud pour qu’elle puisse se balader en pyjama. Un grand soleil décorait un ciel bleuté.

Adrien, m’a-t-il traîné quelque part au beau milieu de la nuit pour faire une randonnée ? Et ensuite, on a bu et on s’est perdu de vue ? pensa la jeune femme. Ah, non, impossible. Adrien est parti monter le Mont Fuji.

À côté d’elle se trouvait la mystérieuse boîte qu’elle avait reçue. Cette fois-ci, Hélène pouvait voir son contenu.

— Une dague ? Des pissenlits ? Une trousse de soin ? Je suis quoi moi ? Une nouvelle aventurière qui commence un rpg ? Ah, une autre enveloppe.

Cette fois-ci, elle était jaune pipi de chat.

Ma chère inconnue,

Nous sommes contents que tu t’aies joins à cette aventure.

— C’est faux, commenta Hélène avant de reprendre sa lecture.

Nous comprenons que tu aies pensé que tout ceci est une blague alors nous nous sommes occupés de te transporter dans le monde perdu afin que tu vois par toi-même. Nous t’avons même laissé des cadeaux qui te seront bien utiles durant ton périple au Temple Sacré.

Pas facile d’être actif à notre âge. Fais gaffe aux lutins pilleurs sur le chemin de Pierrotoboiduvin.

Donne cette lettre à Whismin. Il te donnera ta première quête.

Hélène resta sans voix.

*

Les lutins pilleurs ; des hommes et femmes de différentes tailles qui ne dépassaient jamais les 1 mètre 60, cependant leurs muscles bien bâtis impressionnaient la voyageuse. En échange des pissenlits, la troupe la guidait jusqu’au village situé au pied de la chaîne de montagnes.

— T’es donc l’élue ! Enfin, nous allons être libérés ! s’exclama le chef dont la barbe ressemblait à celle de Dumbledore.

— Libérés ? questionna Hélène confuse.

— Nos âmes ne peuvent pas rejoindre Letoupuissant.

— Qui ça ?

— L’univers, répondit la matriarche de la troupe, hissée sur les épaules du chef. Letoupuissant a plusieurs noms. Univers. Chaos. Cacao.

— Vous êtes… morts ? bafouilla la jeune aventurière, sidérée.

N’avait-elle donc pas fait une poignée de main avec le couple ?

— Depuis 333 siècles, oui.

Hélène resta sans voix à cette information. La matriache rit, révélant qu’elle se moquait de la jeune femme avant de dévoiler que cela faisait uniquement 30 siècles qu’ils servaient de guides aux élus qui foulaient ces terres.

— Je ne suis pas.. la première ?

— Eh, non ! s’écria une femme derrière elle, s’aggripant à ses vêtements pour se hisser sur ses épaules.

— Ah, soupira Hélène. De l’alcool, vous en avez ?

— Aux pissenlits, oui. Attention, vous risquez de manquer notre spectacle. Marchons jusqu’à Pierrotoboiduvin, jouons et buvons ensuite ! dit le chef.

— Ma chère, qu’allez-vous faire quand vous aurez atteint le Temple Sacré ? questionna la matriarche. Vous deviendrez reine.

— Euh… non ?

C’est quoi cette histoire encore ? pensa Hélène en se concentrant sur la route, ratant le sourire carnassier de la matriarche.

Elle ajusta sa charge sur ses épaules avant de prendre la tête du groupe. Les portes du village se révélaient peu à peu dans son champ de vision. Un dénommé Bonvin avait demandé à porter son étrange boîte, s’amusant à jouer avec comme des maracas.

Pierrotoboiduvin ne pouvait pas être appelé un village. De grandes maisons colorées s’assemblaient comme des remparts. Des centaines de milliers d'esprits parcouraient les rues pavées. Dès que la troupe et Hélène franchirent les portes de la ville, tous les morts cessèrent tout mouvement et se tournèrent vers eux. Hélène faillit détourner le regard à cause de la vision d’horreur qui s’offrait à elle : des visages décomposés ornaient les cadavres dont parfois des bras et des jambes manquaient, certains avaient un oeil explosé, d’autres présentaient diverses armes plantées dans leurs corps.

— Poussez-vous ! Poussez-vous, je pa— bordel, dégagez bande de merdeux ! hurlait une voix agacée.

— C’est elle ! s’exclama quelqu’un, brisant le silence instauré d’un coup de tonnerre.

— Enfin, ils ont choisi quelqu’un pour porter nos besognes au temple !

— Une élue moderne !

— Dégagez bande de sans cerveaux ! Ou je vous envoie directement chez Azazel faire un petit stage ! grommela la voix agacée.

Les lutins pilleurs s’écartèrent rapidement de la jeune femme. Hélène recula alors qu’une créature s’extirpait hors de la foule. Des vers coulaient d’une paire d’orbites vides. L’immondice serpentait dans sa direction, dévoilant une belle dentition acérée.

— Bienvenue dans le royaume d’Hyrumia ! Je m'appelle Whismin. Il me semble que vous deviez m’apporter quelque chose, n’est-ce pas ?

— Ma main dans ta gueule, enfoiré !

Whismin pencha la tête sur le côté de manière confuse. Hélène se précipita vers la créature, la fureur brillant dans ses iris émeraudes. Elle s’arrêta, se mit en position en face de Whismin et lui donna un violent coup de poing dans sa joue droite. Whismin fusa au travers de la foule et s’écrasa contre un mur.

— Vous avez vu ?

— Incroyable, c’est l’élue !

— Quelle force !

— Elle fait peur…

Hélène s’immobilisa. Je me sens comme Tsunade dans Naruto… pensa-t-elle, ses yeux s’écarquillant de surprise.

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